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  • Trafic de drogues. Pour Rudy Manna, certains parents sont complices

    Voici le contenu de l'entretien accordé à France Info le 22 août par Rudy Manna, Secrétaire département des Bouches du Rhône du syndicat Alliance Police nationale.

    Il est tellement rare que la vérité vraie soit dite, que cela mérite amplement d'être relayé. Extrait : “Si aujourd'hui vous tapez dans le portefeuille, croyez bien qu'il y a beaucoup de parents qui vont obliger les enfants à y aller. Et là, vous allez voir qu'on va dire les parents qui sont complètement débordés, hé bien vous verrez qu'il n'y a pas tant de parents que ça qui sont débordés. Bien sûr, qu'il y en a des mères isolées qui ne s'en sortent pas. Mais souvent, il y a les deux parents qui laissent faire ça parce que ça peut les intéresser aussi parfois, parce que ça ramène 150 euros par jour, le gamin.

    Ma transcription ci-dessous est complète. Celle de France Info comportait quelques légères modifications et omissions, qui n‘altéraient au demeurant pas le message de Rudy Manna.


    Franceinfo : On parle souvent de manque de moyens, pour enrayer la violence et les règlements de comptes à Marseille. Mais le malaise n'est pas qu'une affaire de moyens ?

    Rudy Manna : Bien sûr, ce n'est pas qu'une affaire de moyens. Depuis le début de l'année, on a accueilli cent policiers supplémentaires. C'était une promesse du gouvernement, il l'a tenue. On a beaucoup de policiers qui luttent au quotidien contre le trafic de stupéfiants. Et croyez bien qu'ils y mettent tout leur cœur et toutes leurs forces et que tous les jours, ils ramènent des affaires, des trafiquants de drogue, des dealers qui sont présentés à la justice. Donc ce n'est pas qu'une affaire de moyens. En fait, aujourd'hui, on laisse la police lutter seule contre ces trafics de stupéfiants. Et c'est là qu'il y a une erreur stratégique puisque la police seule ne peut pas y arriver. Et il y a vraiment plusieurs institutions qui doivent venir avec nous pour nous aider, l'Éducation nationale, les travailleurs sociaux et la Justice derrière. Et puis il faut aussi une force politique d'ensemble. C'est-à-dire qu'il faut que la mairie de Marseille commence à se réveiller un petit peu pour nous aider également.

    Il faut que toutes les instances politiques se mettent ensemble, oublient tous les egos qu'ils peuvent avoir de chaque côté, et montent un plan pour qu'on puisse lutter efficacement, enfin, contre ces trafics de stupéfiants."
       

    France info : D'autant que ce n'est pas qu'une affaire marseillaise. Comment faire pour couper les filières, y compris dans les pays où l'on cultive la drogue ?

    Vous savez, déjà, j'entends beaucoup cette idée depuis 3 - 4 jours. On a déjà du mal à trouver des solutions pour notre propre pays, alors imaginez comment on va faire pour dire à des pays, qui vivent quand même en partie de ça, "arrêtez de fabriquer cette merde." Je crois que ce n'est pas possible. Concentrons-nous d'abord, sur ce que nous, on peut mettre en place ici. Concentrons-nous d'abord sur les solutions qu'on peut apporter à nos jeunes et ensuite, on verra si, dans un second temps, une fois qu'on aura réduit un petit peu le trafic, est-ce ce qu'on pourra avoir d'autres solutions ou si on pourra avoir des accords avec les pays qui cultivent cette merde.

    France info : Vous parliez des travailleurs sociaux tout à l'heure. Ils essaient de lutter contre le trafic de drogue. L'Éducation nationale aussi, à son niveau. Mais finalement, est-ce qu'il ne faut pas une décision de l'Etat avec des peines beaucoup plus sévères ?

    Rudy Manna : Bien sûr. Vous savez, je ne suis pas tout à fait d'accord avec vous parce que quand l'Éducation nationale, quand elle laisse hors des écoles de la République des milliers, voire des dizaines de milliers de jeunes de 13-14 ans qui sont déscolarisés, moi, à mes yeux, ils ne font pas leur boulot, ça c'est une première chose. Les travailleurs sociaux, bien sûr qu'ils essayent de faire leur boulot. Mais c'est hyper compliqué aujourd'hui de rentrer dans les cités. Il y a quinze ans, ils pouvaient rentrer et essayer de prêcher la bonne parole et porter la bonne parole. Et certains jeunes réussissaient à s'en sortir. Aujourd'hui, ce n'est plus possible de le faire puisqu'ils n'ont plus la possibilité de rentrer dans ces cités puisqu'elles sont tellement cadenassées par les dealers qu'ils ne peuvent plus y accéder. Et le dernier étage de la fusée, puisque j'appelle ça la fusée à quatre étages, c'est effectivement la justice. La justice aujourd'hui ne condamne pas assez lourdement. Alors bien sûr, elle va nous dire qu'elle manque de moyens et elle a raison. Elle va nous dire qu'elle manque d'effectifs et elle a raison. Et elle va nous dire aussi qu'il manque des places de prison, et elle a raison. Mais alors les places de prison, cette soupe qu'on nous sert depuis 30 ans, où on nous dit qu'il manque des places de prison. Mais qu'est-ce qu'on fait alors ? Ils ont tous été mauvais, tous ceux qui sont passés depuis 30 ans. Ça fait 30 ans  Il n'y a pas de places de prison et personne depuis 30 ans, tous gouvernements confondus, n'a été capable de créer des places de prison ou en tout cas, en nombre suffisamment important pour palier l'insécurité qui montait en France, et la délinquance qui montait en France.

    Vous voyez, Il y a plein de solutions. Il faut tous s'y mettre tous ensemble. Et croyez bien que la police va apporter sa pierre à l'édifice. D'ailleurs, on le fait déjà. La seule chose qu'on ne veut plus aujourd'hui, c'est être tout seul, tout seul face à cette délinquance, tout seul face à ces jeunes et tout seul à lutter contre le trafic de stupéfiants.
       
    France info : Vous parliez d'éducation nationale. Évidemment que c'est une strate importante au niveau de l'éducation mais le premier étage de la fusée éducative, c'est la famille. Or là, il y a une carence complète dans beaucoup de familles aujourd'hui.

    Rudy Manna : Vous avez tout à fait raison mais la famille peut entrer, avec les lois qu'on peut faire avec l'Éducation nationale. Pourquoi ? Parce vous avez raison. Aujourd'hui, comment peut-on accepter qu'un père ou une mère de famille déscolarise son enfant à 13 ou 14 ans ? Mais c'est complètement incroyable. C'est complètement fou qu'on voit ça en France. Et pas avec dix gamins, avec des dizaines de milliers de gamins. Ça, c'est complètement fou. Alors là aussi, ça fait 15 ans qu'on nous dit "on va supprimer les allocations familiales ou je ne sais quoi." Et en fait, on ne le fait jamais. On ne le fait jamais parce qu'on manque de courage politique. On ne le fait jamais, parce que la plupart de nos élus politiques veulent être réélus derrière. Et ils se disent que s'ils mettent en place une stratégie comme ça, ça peut être mauvais pour leur future réélection. Alors à ce moment-là, on ne fait plus rien, et on laisse ces gamins de 13, 14 ans, 15 ans hors du système scolaire, c'est-à-dire qui ne savent ni lire ni écrire. Ça veut dire qu'ils n'auront aucune possibilité de travailler plus tard parce que c'est à ça aussi, qu'il faut penser.

    Si un jour on veut les réinsérer, il va bien falloir qu'on leur apprenne un minimum de bases. Et aujourd'hui, les bases, on ne leur apprend pas parce qu'ils sont exclus du système. Et c'est là que j'en veux à l'Éducation nationale, de sortir ces enfants, de ne pas les récupérer et de ne pas trouver des moyens de les récupérer. Parce que je peux vous dire, et ça je vous le dis très clairement : si aujourd'hui vous tapez dans le portefeuille, croyez bien qu'il y a beaucoup de parents qui vont obliger les enfants à y aller. Et là, vous allez voir qu'on va dire les parents qui sont complètement débordés, hé bien vous verrez qu'il n'y a pas tant de parents que ça qui sont débordés. Bien sûr, qu'il y en a des mères isolées qui ne s'en sortent pas. Mais souvent, il y a les deux parents qui laissent faire ça parce que ça peut les intéresser aussi parfois parce que ça ramène 150 euros par jour, le gamin. Ça peut aussi les intéresser. Mais vous verrez que si on leur tape dans le portefeuille, hé bien peut-être que les enfants iront un peu plus à l'école et ils apprendront à lire et à écrire. Et un jour, peut-être, ils pourront s'insérer normalement dans la vie.

    *** MON AVIS ***

    ---> Tout ce que dit Rudy Manna, je l'avais écrit, dès 2011, dans mon "Langage de vérité". J'ai, à de nombreuses reprises, évoqué dans mes écrits la responsabilité des parents, le rôle qui était le leur ainsi que les actions qu'il convenait d'entreprendre vis-à-vis d'eux.

    Voici un passage de mon ouvrage "Le langage de vérité" :

    - "La très lucrative économie parallèle rend aujourd’hui quasi impossible pour les enseignants la mission de susciter un intérêt pour le savoir, au sein de nombreux quartiers dits sensibles. Tant que les élèves, et leurs parents, auront sous les yeux des exemples de «réussite» facile, jamais ils ne feront d’effort; jamais ils ne s’astreindront aux sacrifices que commandent toute éducation et toute instruction. Pire, devenus grands, ces enfants s’engageront à leur tour dans une lutte contre toute présence des forces de l’ordre, afin de pouvoir garder le contrôle des territoires qu’ils ont annexés. Sans engagement ferme de tout l’appareil d’État pour éradiquer ce cancer des trafics en tous genres, les efforts consentis sur le dossier «école» resteront vains (...) .

    - L’incarcération d’un mineur est une arme lourde et très onéreuse, mais elle ne dissuade pas de récidiver. Les délinquants mineurs se révèlent insensibles au sort qui leur est fait, qui constitue, comme je l’ai dit plus haut, un élément de valorisation au sein de leur groupe. Ils sont en revanche extrêmement sensibles à tout ce qui touche leurs ascendants. C’est leur véritable talon d’Achille. C’est sur leurs parents, et non sur eux mêmes, que doit s’appliquer le principe de «tolérance zéro». Cibler les ascendants contribuera à ramener bien plus facilement dans le rang les délinquants mineurs.

    Leur sensibilité provient du fait qu’ils sont éduqués dans le strict respect qu’ils doivent à leurs parents. La mère occupe d’ailleurs une position sacrée. En cas de mauvais agissements de leurs enfants, il est donc indispensable que les parents soient placés face à leurs responsabilités. S’il y a dégradations d’ordre matériel, ils doivent être astreints à réparer ou à financer les réparations, sur leur argent propre ou par le biais de retenues sur les aides sociales qui leur sont versées. Eu égard au très grand attrait qu’exerce l’argent au sein de ces populations, cela inciterait les parents et leurs enfants à ne plus récidiver, et enclencherait à terme un cercle vertueux.

    La sécurité à l’école comme à la ville ne pourra s’obtenir qu’en agissant sur les familles. Les sanctions appliquées directement aux mineurs doivent, quant à elles, toujours avoir une visée réparatrice et éducative. Elles doivent systématiquement prévoir un accompagnement en vue de réussir une insertion dans la société."