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pécresse

  • La démocratie confisquée

    Lundi 14 juin, un débat était organisé par LCI avec l'ensemble des têtes de listes de la région Île-de-France. C'était La grande confrontation.

    Chacun des candidats a pu s'exprimer de sorte que les électeurs puissent prendre connaissance des propositions portés par les uns et les autres sur les sujets les plus importants. Certains moments, le débat était vif et cela est tout à fait naturel. À la fin du débat, chaque Francilien aura ainsi pu se faire son opinion pour l'éclairer dans son vote de dimanche. Mais quelle n'a pas été ma surprise - je devrais dire ma colère-, de voir qu'une fois le débat terminé, au lieu de laisser chaque électeur cogiter librement, voilà qu'une phase proprement surréaliste s'ouvre et qu'un journaliste (Yves Thréard du Figaro) prend le relais pour dicter aux électeurs ce qu'il convenait de penser du débat et ainsi, de fait, orienter leurs choix de vote.

    Du matin au soir, ce sont les journalistes qui écrivent et disent aux citoyens - à longueur de plateaux radio et télé-, ce qu'il convient de penser. Vous avez dit libre arbitre ? Et l'on feint ensuite de s'étonner que l'abstention soit devenu le premier parti de France !

    Voici donc la conclusion d'Yves Thréard, dans la foulée immédiate de "la grande confrontation". Et cela a été le mot de la fin du débat des régionales en Ile-de-France. Vous pourrez ainsi vous forger votre propre opinion.

    David Pujadas: Yves, le moment difficile est venu pour vous. Il y a beaucoup de choses qui ont été dites sur pas mal de sujets. Votre conclusion ?

    Yves Thréard : Camarade David, beaucoup de choses. Alors évidemment, il y avait une tentation facile pour les uns et les autres, parce qu'ils ont tous des profils connus avec des ambitions très importantes, et on se disait : ça va devenir un débat national, ça va pas être un débat local, régional. Et on les connaît, ils maîtrisent bien leurs sujets. Et finalement, eh bien non, on a beaucoup parlé de la région, et Valérie Pécresse a raison, il va falloir faire du contrôle de chiffres, du contrôle d'affirmations, du contrôle d'allégations, parce que là, je pense qu'il y a un panier à salades qui est bien garni avec beaucoup de choses à vérifier.

    Et là, David Pujadas interrompt Yves Thréard. On se dit qu'il va tenter de ramener Yves Thréard sur une voie un peu plus objective, un peu moins partisane, mais il n'en sera rien. Il veut simplement préciser que Total ne fermera pas sa raffinerie, qu'il n'y aura pas de licenciements mais des reconversions.

    Yves Thréard poursuit: Trois mots. Le premier mot est un prénom, c'est "Valérie". Évidemment, Valérie. Valérie au pays des bobards. Parce qu'évidemment, c'était la personnalité au cœur, au centre du débat. C'est elle qui devait prendre tous les coups. Elle a joué, pas toujours en fond de court d'ailleurs, elle est monté au filet. Elle a quand même réussi à se sortir de pas mal d'attaques qui, d'entrée, ont été assez violentes. Donc évidemment, en plus avec les ambitions qu'on lui prête, des ambitions présidentielles, eh bien elle n'était pas dans une position très confortable.

    Le deuxième mot, c'est pas un prénom, c'est "opposition". En fait, on vit depuis quatre ans, et Monsieur Saint-Martin est là pour évidemment enfoncer le clou au rythme du "en même temps", c'est à dire qu'il n'y a plus ni droite ni gauche, on est et de droite et de gauche, avec un président de la République qui fait un coup de barre à droite, un coup de barre à gauche. Eh bien ce débat est absolument, je dirais, en contradiction avec ça, car ces deux projets de société - je suis tout à fait d'accord avec ce qu'a dit Valérie Pécresse tout à l'heure, c'est-à-dire que les quatre prétendants qui sont à côté de vous, David, défendaient un projet clairement de gauche qui tirait même vers une lutte révolutionnaire avec Madame Artaud, évidemment, qui nous promet toujours, eh bien, des lendemains qui chantent pour elle. Et en fond de court, trois candidats qui symbolisaient trois droites, trois droites pas si différentes que ça. Deux droites très proches l'une de l'autre, et une extrême droite qui parfois, eh bien, généralement sort du court pour nous faire de grandes digressions générales, comme Madame Artaud, où on sent qu'ils ont besoin, eh bien, l'un et l'autre, pour s'affirmer, de donner des grandes lignes idéologiques plutôt que de s'attacher aux faits régionaux, en tous les cas.

    Le troisième mot que j'emploierai, c'est "nationalisation". Évidemment, parce que ce débat, compte tenu des participants et des partis politiques qui sont présents, tout de suite on se projette. Et c'est d'ailleurs le début de la conclusion de Monsieur Bardella : on se projette dans dix à onze mois vers la présidentielle. Et ce qui était intéressant, c'est de voir les regards, les piques, les attaques entre les uns et les autres. Et on a vu que finalement, la gauche, entre eux tout va bien, mais ils sont divisés. Je ne sais pas s'ils sont irréconciliables, mais en tout les cas, ce soir ils n'ont pas montré de fracture qui paraît insurmontable. Et pourtant, et pourtant, et les études d'opinion le montrent: ils sont faibles dans le pays. Et la droite, on a remarqué la difficulté entre Madame Pécresse et Monsieur Saint-Martin de se distinguer l'un de l'autre, parce que finalement, ils disent et ils proposent souvent les mêmes choses. En revanche, Monsieur Bardella, lui, il est dans son couloir. Et on a senti d'ailleurs que Monsieur Saint-Martin était assez énervé à un moment, je crois que c'était vers 22h15, il y a eu un échange je dirais assez musclé entre l'un et l'autre, comme une préfiguration de ce qui pourrait peut-être se passer d'ici à dix mois.

    Catégories : Politique
  • Gérer la France à temps partiel, est-ce vraiment sérieux ?

    La France peut-elle continuer à s’offrir le luxe d’être gérée à temps partiel ? C’est sa situation économique et sociale qui nous en donne la réponse.

    Extrait du Puzzle de l’intégration : « L’accumulation de fonctions et d’honneurs ne laisse plus à nos élus le temps de réfléchir à ce pourquoi nous les avons élus. C’est la raison pour laquelle ils vont chercher dans d’autres pays des recettes ou du “prêt à poser”, souvent sans même se demander si elles sont compatibles avec l’héritage culturel et social des Français. Rares sont les citoyens qui croient qu’il puisse être possible, vu la complexité des sujets à traiter, à une seule et même personne d’assumer de manière satisfaisante plusieurs responsabilités simultanément. De plus, une trop grande concentration des pouvoirs entre les mains de trop peu de gens les rend superpuissants, de cette superpuissance qui fait peur, lie les langues et fait grossir les rangs des courtisans. »

    Lors d’un récent déplacement à Périgueux dans le cadre de sa campagne municipale, le ministre de l’Éducation nationale Xavier Darcos s’est laissé aller à la confidence. Il a assuré les Pétrocoriens de sa présence régulière à leurs côtés, puisqu’il n’était, selon ses dires, à son ministère que « 2 à 3 jours par semaine ». Peut-il être réellement efficace en exerçant un temps si partiel à la tête d’un ministère qui a en charge l’avenir de la France, puisqu’il prépare les générations futures ? Depuis sa nomination, Xavier Darcos s’est surtout illustré en reprenant à son compte des mesures déjà annoncées et programmées par son prédécesseur Gilles de Robien…

    Près des deux tiers des membres du gouvernement sont candidats aux élections municipales. Même le Premier d’entre eux s’y présente. À croire que Matignon lui laisserait encore des ressources cérébrales et de l’énergie physique disponibles. Il est vrai que la situation économique et sociale de la France est si belle et si paisible, et qu’un avenir radieux est déjà assuré…

    Rien ne saurait donc détourner nos dirigeants de la recherche de la gloire du mandat électif, pas même les résultats de leur gestion, pourtant sans appel. Seule Valérie Pécresse a renoncé à se présenter à Versailles, arguant que son ministère exigeait de sa part concentration et investissement. Merci Madame Pécresse, de venir nous rappeler la nécessité d’un minimum de sérieux dans l’engagement.

    Les Français se sont laissés piéger par la règle d’un suffrage qui serait devenu une onction, règle colportée précisément par ceux qui se pensent surnaturellement si efficaces qu’ils osent encore et toujours cumuler. La confrontation au suffrage universel est-elle une condition nécessaire pour rendre l’homme ou la femme politique pertinent, sérieux et efficace ? Si tel était le cas, alors la France se porterait à merveille.

    Peut-on espérer que ceux qui cumulent des charges importantes s’assagiront un jour d’eux-mêmes, et se résoudront à exercer leur fonction à temps complet avec le niveau d’investissement que devrait spontanément leur commander le service de la France et des Français ? Je ne le crois pas une seule seconde. Ce sont véritablement les électeurs qui détiennent la solution. Ces derniers ont compris depuis fort longtemps que le cumul était à l’origine de beaucoup de leurs misères. Tant qu’ils ne se résoudront pas à émettre un signal fort et sans équivoque à leur classe politique, en sanctionnant très sévèrement les candidats au cumul déjà en charge d’une mission exigeante au service de la France, le cumul continuera d’opérer ses ravages, pour le plus grand malheur des électeurs eux-mêmes.

    Catégories : Politique
  • Le monde de l’absurde aide-t-il nos enfants ?

    Pour avoir giflé un élève, un professeur se retrouve en correctionnelle. Chaque jour, des élèves renversent des tables en classe, bousculent leurs enseignants, les frappent, leur crachent à la figure, les couvrent de bordées d’injures ; cela stimule les zygomatiques de tous leurs camarades, érige dans le même temps l’auteur de ces actes inqualifiables en héros des temps « modernes », et laisse notre société s’assoupir dans une quasi-indifférence généralisée, qui est à mes yeux une non-assistance à société en grand danger.

    Les adultes que nous sommes doivent-ils se sentir fiers d’avoir contribué à ce que nos enfants aient perdu le sens du respect de ceux qui ont pour mission de préparer l’avenir ? Qu’advient-il lorsque les enseignants ne sont plus respectés ? Le cerveau de leurs élèves, de manière tout à fait inconsciente, cesse d’engranger les savoirs que l’école tente de leur transmettre. Qui en est la principale victime ? La France, bien entendu !

    Voici les propos du secrétaire général du Syndicat National des Collèges et des Lycées, Bernard Kuntz, diffusés au journal de 13h de France Inter, le 31 janvier dernier : « Ce que je peux vous dire, c’est que partout en France, dans les établissements scolaires et pas seulement dans les établissements sensibles, les professeurs en ont assez. Ils ne supportent plus cette indiscipline constante, ces insultes, ces mauvais coups, cette impossibilité qui nous est faite actuellement de faire travailler nos élèves. Alors, à une époque où le Président de la République nous parle d’école du respect, on aimerait bien un peu que la société, dans son ensemble, et que le Gouvernement, en particulier, prenne de véritables mesures pour faire en sorte que nous puissions recommencer à accomplir la mission pour laquelle nous avons été recrutés, c’est-à-dire instruire nos élèves. »

    La semaine dernière, Valérie Pécresse a osé avancer qu’elle était favorable à l’évaluation des professeurs par les étudiants. Quel ministère dirige-t-elle donc ? S’est-elle plongée, avec un tant soit peu de sérieux, dans la réalité des difficultés auxquelles se trouve confronté notre système d’enseignement, et donc notre pays ?

    Même dans le sacro-saint univers des grandes écoles d’ingénieurs, le niveau ne cesse de se détériorer. Et ce n’est pas le déversement arbitraire dans les classes préparatoires de 5% de chacun des lycées de France, que vient d’annoncer le gouvernement, qui en relèvera le niveau. Prudente et anticipant la déconfiture, le ministre de l’enseignement supérieur annonce que tous ceux qui échoueront à intégrer une grande école se verront accorder une équivalence universitaire. Pourquoi donc envoyer dans des cursus réputés non complaisants (en termes de connaissances), des élèves qui ne détiendraient pas les capacités à en relever les exigences ? Augmenter dans une classe le nombre d’élèves qui peinent et sont à la remorque, aura une incidence sérieuse sur le programme que l’enseignant pourra, en fin de compte, transmettre à l’ensemble de sa classe dans le temps imparti. C’est donc la totalité de la classe qui en paiera le prix, et la France par voie de conséquence.

    Il faut savoir qu’aujourd’hui en France, en deuxième année de certaines écoles d’ingénieurs (soit au stade bac+4), un nombre croissant d’élèves ne maîtrisent plus certaines notions fondamentales de mathématiques, qui leur sont indispensables et qui étaient, il y a encore dix ans, couramment maîtrisées par les élèves de terminale S ! Des notions sans lesquelles aucun ingénieur, dans les domaines technologiques en question, ne peut espérer remplir les missions qui lui seront confiées, et auxquelles sa formation aurait dû le préparer. La désillusion sera dure à encaisser, non seulement pour ces ingénieurs, mais aussi pour les industriels qui les auront recrutés.

    Où sont les courageux hommes politiques qui oseront s’attaquer sérieusement à la réalité des défis qui se posent aujourd’hui à l’enseignement en France ? Le premier de ces défis sera de faire en sorte que les élèves redeviennent des élèves. Voici à ce sujet un extrait du Puzzle de l’intégration : « Bien entendu, le service public de l’orientation n’est pas la maison des miracles ; il ne pourra venir en aide qu’à ceux qui auront respecté leur mission d’élèves au long de leur scolarité. »

    Catégories : Discrimination positive, Éducation - instruction, Insertion - intégration
  • Du rôle central de l’école maternelle dans l’Égalité des chances

    La « mission Bentolila » sur l’école maternelle a rendu son rapport au Ministre de l’Éducation nationale Xavier Darcos. Ce rapport a le mérite de placer l’école maternelle au centre de la discussion sur la réussite scolaire. Enfin, on reconnaît que l’égalité des chances se prépare dès la maternelle. On comprendra donc peut-être un jour que le chèque de 730 millions d’euros alloué à Valérie Pécresse pour diviser par deux, à l’horizon 2012, le taux d’échec des 52% d’étudiants dont le trop faible niveau les empêche de réussir d’emblée l’épreuve de vérité que constitue la première année universitaire, n’a guère de chance d’atteindre son objectif. Le « Plan réussite en licence » de Valérie Pécresse prévoit que « la licence sera également rénovée avec l’instauration d’une première année fondamentale davantage pluridisciplinaire et recentrée sur les fondamentaux ». Ce qui signifie en bon français que la première année universitaire servira désormais à dispenser les fondamentaux qui auraient dû être acquis auparavant par les étudiants ! À ce stade, ce qui est entrepris là n’est plus une tentative de sauvetage, mais un tour de magie digne de la bonne marraine de Cendrillon, capable de changer une citrouille en carrosse et des souris en splendides chevaux… Je considère pour ma part que pour la réussite scolaire, l’égalité des chances se construit pas à pas depuis la maternelle jusqu’à la fin du CE2.

    La mission Bentolila met en lumière l’importance, dans le cursus scolaire, du temps consacré aux comptines, ainsi que la nécessité d’un apprentissage basé sur des écrits de bonne qualité littéraire, et non pas sur des textes « fort médiocres » (je cite). Il est affligeant d’avoir mis si longtemps à prendre conscience de cette triste réalité. En vérité, seuls les enfants qui auront eu le privilège d’évoluer dans un milieu familial dont l’usage de la langue française n’est pas atrophié, disposeront d’une chance d’aborder les apprentissages de l’école primaire sur les deux jambes. Les autres trébucheront dès les premières semaines. Parmi eux, certains se relèveront, mais d’autres seront traînés de classe en classe en attendant l’âge légal de fin de la scolarité obligatoire…

    Voici quelques extaits du rapport remis au Ministre de l’Éducation nationale : « Les temps consacrés aux comptines et aux chants doivent devenir des temps d’apprentissage où l’on privilégiera la qualité d’articulation, de mémorisation, d’explication du lexique, plutôt que la quantité de comptines marmonnées. […] Disons enfin que tous les textes ne se valent pas et qu’il en est de superbes et de fort médiocres. En la matière, la “modernité” n’est pas toujours une garantie ; certains textes et poésies classiques charmeront les oreilles et les esprits de jeunes enfants plus sûrement que certains albums de littérature jeunesse. En bref, l’école maternelle doit commencer à créer les fondements d’un patrimoine littéraire de qualité. Le nécessaire labeur qu’ils entreprendront au CP, sera ainsi éclairé par la claire conscience qu’il leur promet des découvertes magnifiques des images merveilleuses qui n’appartiendront qu’à eux mais qui devront tout au texte et à son auteur. »

    Un très long passage est consacré aux « enfants venus d’ailleurs ». La mission évoque l’existence d’« un risque transculturel pour tout enfant de migrant ». Elle soulève également la question de la compatibilité culturelle entre l’école et la maison pour ces « enfants venus d’ailleurs » : « Il est temps que parents et enseignants s’accordent ensemble, au sein de chaque établissement, sur les termes d’une compatibilité culturelle entre l’école et la maison. » Comme la sociologue Nicole Mosconi[1], la mission affirme que « Le rapport au savoir des familles est lié à la représentation de l’enfant, de sa nature, de ses besoins, de ses compétences. Mais le rapport au savoir que l’enfant doit habiter pour pouvoir apprendre est celui de l’école française. »

    Le rapport recommande alors, et c’est en effet très sage, de réduire le conflit lié au risque transculturel entre l’école et la maison : « […] pour penser la prévention du risque transculturel auquel est soumis tout enfant de migrants. Tout d’abord, diminuer le conflit entre l’école et la maison, les deux lieux d’appartenance de l’enfant. Il s’agit parfois de logiques qui se posent comme antinomiques et qui cherchent à s’exclure ou du moins qui entrent dans un rapport de force stérile. Pour permettre à l’enfant d’acquérir le savoir nécessaire, il ne s’agit pas de changer sa nature, de le rendre pareil à ses enseignants ou à des normes qui seraient celles de la société d’accueil. »

    Malheureusement, la voie que préconise d’emprunter la mission Bentolila démontre qu’elle n’a pas encore bien saisi les véritables difficultés que rencontrent les enfants issus de l’immigration dans leurs parcours personnels, et qui entraînent l’exclusion du plus grand nombre d’entre eux d’une réelle « égalité des chances ». Ainsi, la mission recommande de « créer aussi des espaces de pensée de l’altérité à travers l’ouverture de l’école sur les réalités sociales et culturelles de la France, pays de métissages. Ceci peut se faire à travers le soutien d’activités parascolaires en relation avec les multiples origines culturelles des enfants de la seconde génération : ateliers de langues, d’écriture, de calligraphie, d’histoire… »

    Savez-vous qu’en France, des formulaires de renseignements remis en début d’année aux élèves des écoles primaires demandent aux parents s’ils souhaitent que leur enfant reçoive un enseignement de sa langue et sa culture d’origine ? Quand prendra-t-on conscience du fait que le seul référentiel culturel qui est aujourd’hui, contrairement à naguère, transmis aux enfants issus de l’immigration par leurs propres familles, est celui de leur pays d’origine, et que pour aider ces enfants à s’insérer dans la société française, l’école a donc une toute autre mission à accomplir auprès d’eux que d’abonder dans le sens des familles ? Le plus souvent, pour toutes les raisons que j’ai abordées dans « Le puzzle de l’intégration », ces dernières n’ont elles-mêmes aucune possibilité d’accompagner leurs enfants sur ce chemin de leur insertion. Vous aurez remarqué que j’évoque ici l’insertion, et non pas l’intégration. Quand notre personnel politique réalisera-t-il que c’est bel et bien la carence de transmission de la culture du pays d’accueil qui creuse le tombeau des enfants issus de l’immigration, et de la France par voie de conséquence ?

    Je terminerai en citant le sociologue Alex Mucchielli : « La notion de mentalité (système culturel) recoupe d’ailleurs entièrement le concept de culture intériorisée. Une mentalité c’est un ensemble d’acquis communs aux membres du groupe. Ces acquis, comme dans le cas de la culture intériorisée, servent de références permanentes et inconscientes pour la perception des choses, pour les évaluations faites et interviennent dans l’orientation des conduites. Une mentalité porte en elle une vision du monde et génère des attitudes (c’est-à-dire des manières d’être envers les choses) concernant les éléments de l’environnement. Ces éléments de l’environnement ne sont pas n’importe lesquels. Ce sont les éléments clés de la vision du monde : les référents essentiels de l’identité. Ces éléments importants par rapport auxquels le groupe a pris position sont les éléments dits nodaux, points d’ancrage de son identité. »[2]

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    [1] Nicole Mosconi, Jacky Beillerot, Claudine Blanchard-Laville, « Formes et formations du rapport au savoir », Savoir et formation - L’Harmattan, juin 2000.

    [2] Alex Mucchielli, « L’identité », Que sais-je? - PUF, 1986.

    Catégories : Éducation - instruction, Insertion - intégration