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renan

  • 1940 : un autre 11 novembre…

    À la veille de la célébration de l’armistice qui a mis fin à la première guerre mondiale, je vous propose aujourd’hui de repenser très fort à l’une des recommandations les plus importantes qu’Ernest Renan ait pu nous faire, et surtout de la mettre en pratique : « Le culte des ancêtres est de tous le plus légitime ; les ancêtres nous ont faits ce que nous sommes. Un passé héroïque, des grands hommes, de la gloire (j’entends de la véritable), voilà le capital social sur lequel on assied une idée nationale. »

    En ces temps où notre pays se trouve maltraité, les Français doivent replonger dans leur histoire, non pour la contempler passivement, mais bien au contraire pour y puiser le courage d’agir enfin et de porter secours à la France, comme d’autres ont su le faire avant eux. Car la nation, comme nous l’a si bien enseigné Renan, c’est un héritage qu’il convient d’honorer, mais c’est aussi la volonté de s’engager à le perpétuer.

    Dans le livre qu’il vient de publier, 1940 : un autre 11 novembre, Maxime Tandonnet, haut fonctionnaire, amoureux de la France et actuellement conseiller Immigration et Intégration du Président de la République, nous rappelle un fait de gloire accompli par de jeunes Français. Ils étaient étudiants ou lycéens et surent, un certain 11 novembre 1940, surmonter la frayeur et l’épouvante qu’inspirait le bruit des bottes pour aller crier « vive la France » dans les rues de Paris, et s’insurger contre l’interdiction de célébrer le 11 novembre 1918.

    La lecture de ce remarquable ouvrage remplit d’espérance, et nous fait comprendre à quel point ce qu’exige aujourd’hui de nous le devoir de la France, est en vérité bien peu de chose. Bien d’autres ont su, avant nous, relever des défis qui semblaient à leur époque autrement redoutables. C’est grâce à leur engagement, grâce à leur dévouement, que la France continue d’exister. « Ce n’est pas parce que les choses sont difficiles que nous n’osons pas, c’est parce que nous n’osons pas qu’elles sont difficiles. » (Sénèque)

    Il faut lire 1940 : un autre 11 novembre, sans oublier surtout de le faire lire aux jeunes générations, car les Français, tous les Français, doivent se réapproprier la conviction selon laquelle rien ne peut résister longtemps à la volonté d’un peuple.

    1940.jpg« Automne 1940 : la France est au fond de l’abîme. Elle vient de subir l’un des plus effroyables désastres militaires de son histoire. Le 14 juin, la Wehrmacht a pénétré dans Paris et le vainqueur a fait parader ses troupes sur les Champs-Élysées. La ville, assiégée, prend le visage de la défaite.

    Pourtant, un vent de fronde souffle au Quartier Latin et dans les lycées. Depuis la réouverture de la Sorbonne, les lancers d’œufs pourris et la distribution de tracts répondent à la présence allemande jusque dans l’université. Puis, subitement, c’est la mobilisation spontanée des étudiants et lycéens de Paris, qui s’insurgent contre l’interdiction de célébrer le 11 novembre. »

    « Le 11 novembre 1940, trois mille jeunes filles et garçons remontent les Champs-Élysées, se rassemblent devant l’Arc de triomphe pour commémorer la Victoire de 1918 et entonnent La Marseillaise, défiant ainsi l’armée d’occupation d’Hitler. L’intervention de la Wehrmacht et la répression qui s’ensuit sont impitoyables : quinze blessés, un millier d’interpellations, cent vingt-trois arrestations, surtout de jeunes lycéens emprisonnés et martyrisés. Cet acte de résistance constitue, au dire même du général de Gaulle, la première réponse de la France à l’appel du 18 juin. De fait, les conséquences furent considérables, marquant la rupture entre le régime de Vichy et une partie de l’opinion publique, qui tourna désormais ses espoirs vers la France libre. Cet événement, qui aurait dû entrer dans la légende nationale, a quasiment sombré dans l’oubli. Il est temps de le redécouvrir. »

  • La dissonance identitaire

    Aux États-Unis, la tragédie provoquée par un officier qui vient d’assassiner treize de ses collègues montre à quel point il est dangereux de placer des être humains en des positions de conflits intérieurs qui peuvent se révéler d’une très grande intensité. Les conflits identitaires sont de ceux-là.

    Nidal Malik Hassan, 39 ans, psychiatre, donc d’un niveau d’études supérieur (pas de problèmes sociaux à l’horizon), ne supportait pas l’idée de devoir rejoindre les troupes américaines déployées en Irak. Était-ce une raison pour en arriver au meurtre ? Barack Obama a décrit un « horrible déchaînement de violence ». Nidal Malik Hassan était d’ascendance palestinienne, mais il était né aux États-Unis et y avait grandi. Bien qu’ayant toujours vécu aux États-Unis, il aurait, d’après les premiers éléments de l’enquête, assassiné ses collègues soldats Américains en jetant à la ronde des « Allah est le plus grand ».

    Ce drame, c’est certain, va poser à l’armée américaine ainsi qu’aux Américains la question de l’intégration de musulmans dans l’armée US. Voilà comment l’acte d’une seule personne fera naître la suspicion et la méfiance envers tous les musulmans pratiquants, comme c’est le cas de Nidal Malik Hassan.

    Quelle éducation cet homme a-t-il bien pu recevoir de la part de ses parents pour en arriver là ? Car oui, comme le dit un célèbre psychologue, « tout se joue avant 6 ans », et je peux vous confirmer que, dans le sujet qui nous concerne, presque tout se jouera avant 6 ans. Le comportement des enfants, devenus adultes, dépendra éminemment de ce qu’ils auront ingéré au cours de leur toute petite enfance. Le défi que doit relever la France est donc d’envergure, et c’est de surcroît montre en main qu’il lui faudra réussir à le relever. D’où l’importance de ne rien brader des valeurs et des principes à transmettre. Seul un passage par ce que j’appelle « le moule républicain » peut en effet minimiser les risques de déviance par rapport au comportement attendu par la société française. Il me semble que la clé se situe au niveau de la hiérarchie entre deux mondes : les lois qui régissent notre société sont-elles placées, par le pratiquant, au-dessus ou en dessous de sa religion ?

    En janvier dernier, l’armée française avait fini par reconnaître que plusieurs soldats de confession musulmane avaient refusé de se soumettre aux ordres et de rejoindre les troupes françaises en Afghanistan.

    Pardonnez-moi de citer de nouveau des extraits du Puzzle de l’intégration mais, sur ce point aussi, j’avais déjà dit beaucoup de choses : « Seules 30% des recrues d’origine maghrébine rejoindraient l’armée par vocation[1] ! En période de fort chômage, il est vrai que beaucoup de ces jeunes non diplômés s’y orientent pour trouver un emploi, sans aucunement peser les réels enjeux d’une appartenance à la Défense Nationale. Qu’adviendra-t-il si l’évolution des relations internationales à laquelle nous assistons depuis plusieurs années nous conduit à une situation de conflit ? Nul doute que servir sous le drapeau français représentera pour certains détenteurs de la nationalité française, une lourde épreuve. […] Il est imprudent d’imaginer que l’idée de « pluri-appartenance culturelle » ou « pluri-nationalité » saura résister dans de telles situations de tension. Cette idée de pluri-appartenance à des sociétés profondément dissemblables, est une chimère et ne correspond à aucune réalité. Elle cache, dans la majorité des cas, des difficultés intellectuelles et affectives à se sentir partie intégrante de la communauté nationale du peuple d’accueil.
    […]
    Quelle position adopteront ceux qui se trouvent être administrativement Français, mais moralement et affectivement étrangers ? Comment gèreront-ils cette situation ? Comment ceux qui possèdent une identité brouillée réagiront-ils ? Utiliser l’armée comme moyen d’intégration des jeunes des quartiers sensibles, qui rencontrent souvent ce problème de l’identité, est une voie des plus hasardeuses.
    »

    La professionnalisation des armées a fait disparaître le service militaire et, de ce fait, fermé le robinet en moyens humains issus de la société civile. Pour faire face à ses besoins, l’armée s’est donc tournée vers les banlieues. Elle y a même été plus qu’« encouragée » par nos hommes politiques. L’armée s’est vu attribuer une mission sociale. On me dira que cela a toujours été ; oui, mais cette mission sociale ne doit jamais prendre le pas sur ce qui est la raison d’être d’une armée. L’armée n’est pas un métier comme les autres.

    Au débat sur l’identité nationale, je voudrais verser cette phrase du discours d’Ernest Renan sur la nation : « Une nation est donc une grande solidarité, constituée par le sentiment des sacrifices qu’on a faits et de ceux qu’on est disposé à faire encore. »

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    [1] Élodie Bernard, « L’armée mobilise la banlieue », l’Express du 2 mai 2005

    Catégories : Insertion - intégration