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  • Une étude sur la délinquance des jeunes

    Une étude fort intéressante, publiée sous le titre « La mise en danger de soi et d’autrui », a été conduite par les sociologues Hugues Lagrange, Suzanne Cagliero et Franck Sina du CNRS/Sciences Po.

    L’étude s’appuie sur un échantillon de 4500 jeunes âgés de 15 à 17 ans, résidant dans les zones géographiques des Mureaux, de Mantes, de Paris 18ème et de la banlieue de Nantes, cette dernière ayant été utilisée pour inclure, dans le champ de l’étude, des jeunes Français de souche appartenant aux classes moyennes et populaires.

    Les chercheurs ont travaillé sur l’analyse des actes de délinquance répertoriés dans la liste suivante : vols ; dégradations ; bagarres ; altercations avec outrages, rébellion ou violences contre des personnes dépositaires de l’autorité.

    Voici notamment ce qu’il ressort de cette étude (selon les auteurs) :

    • Un adolescent élevé dans une famille originaire du Sahel est 7 fois plus impliqué dans les actes de délinquance, et un jeune issu de l’immigration maghrébine l’est 3 fois plus, qu’un jeune issu d’une famille française de souche ;

    • cette implication dans la délinquance s’atténue seulement de moitié en cas de bons résultats scolaires des jeunes issus de l’immigration du Maghreb ou du Sahel ;

    • cette statistique reste vraie dans tous les milieux sociaux, même quand les parents des jeunes issus de l’immigration travaillent et disposent d’une bonne situation, par exemple professeurs de lycée ou leaders d’associations.

    À la lumière des résultats obtenus dans le cadre de leur étude, les sociologues concluent, entre autres :

    • que la thèse selon laquelle les jeunes seraient d’autant plus impliqués dans la délinquance qu’ils viendraient de milieux pauvres, de parents à faible bagage scolaire, ou de structures familiales altérées, ne tient pas !

    • que, contrairement à ce qu’affirme la théorie régulièrement avancée des « orphelins de 16h », la présence de la mère au foyer n’a aucune incidence positive pour prévenir le basculement des jeunes dans la violence ou la délinquance. Au contraire, le fait que la mère travaille, même dans un emploi subalterne, aurait plutôt un effet bénéfique.

    Or, quelle explication les auteurs donnent-ils à leurs observations ? Ils avancent comme hypothèse probable la frustration engendrée par l’occupation de positions subalternes par les époux, qui se vengeraient sur leurs femmes en les humiliant, et même en les battant ; ce qui dévaloriserait ces mères et les placerait en position d’infériorité par rapport à leurs enfants, et en particulier par rapport à leurs fils. Dans ces conditions, les mères perdraient leur autorité sur leurs enfants et ne pourraient, de ce fait, en assumer convenablement l’éducation. Les auteurs de l’étude formulent l’hypothèse que lorsque les femmes immigrées résidaient dans leur pays d’origine, elles pouvaient bénéficier de la protection de leurs frères et de leurs pères, et que leurs époux ne pouvaient donc pas les frapper, comme ce serait apparemment le cas, de nos jours, en France.

    Par ailleurs, les auteurs ne croient pas que ces jeunes puissent être écartelés entre deux cultures (la culture française et celle de leur pays d’origine), et évacuent donc ce facteur des causes de glissement vers la délinquance.

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    Ce n’est pas la première fois que je constate que des chercheurs réalisent des observations fort instructives, mais que leurs tentatives d’interprétation peuvent s’avérer pour le moins hasardeuses. J’ai donc deux remarques :

    • Au Maghreb et en Afrique aussi, alors qu’elles sont entourées de leurs frères et de leurs pères, nombre de femmes sont battues, humiliées ; cela n’a donc strictement rien à voir avec la frustration que ressentiraient leurs époux occupant en France des positions subalternes dans le monde du travail. Cessons donc de toujours remettre sur le tapis la responsabilité de la société française ; cette attitude nous empêche de réfléchir, avec sérieux, à la réalité des difficultés et comment les pallier.

    • Les enfants issus de l’immigration affrontent bel et bien de dramatiques difficultés d’articulation entre la culture française et celle de leur pays d’origine, qui est, il faut le dire, celle qui leur est transmise au sein de leurs familles. Les chercheurs relèvent, et cela aurait dû leur mettre la puce à l’oreille, que dès l’âge de 7 ans, ces enfants ne se sentent pas très bien et construisent déjà un rapport négatif à l’école et à l’institution. Comme je le développe dans « Le puzzle de l’intégration », c’est pourtant là que réside une des clés de compréhension de la marginalisation de nombreux enfants de l’immigration : comment croire qu’un enfant pourra se frayer un chemin dans la société française, s’il développe dès le plus jeune âge une attitude négative vis-à-vis de l’école de la République et de son projet ? Contrairement aux enfants français de souche, cette école est le seul lieu qui pourra lui transmettre, outre le savoir académique, les règles du « bien vivre ensemble » de la société française.

    Catégories : Éducation - instruction, Insertion - intégration
  • Les effets pervers de la discrimination positive : le cas Dati

    Non seulement la discrimination positive fera subir des dégâts collatéraux aux Français de souche, qu’elle discriminera négativement, mais elle produira également des effets pervers sur les membres des minorités ethniques ou raciales qu’elle avantage. Les déboires actuels de Rachida Dati l’illustrent à la perfection.

    Le Président de la République ayant souhaité exploiter l’image de Rachida Dati dans le cadre de sa stratégie de communication, il apparaît aujourd’hui au grand jour que cette dernière ne doit sa nomination qu’à ses origines arabes. Si un doute pouvait encore subsister dans l’esprit de nos concitoyens, le Président de la République vient lui-même de le dissiper : « Il faut qu’elle réussisse, car c’est un message à la France diverse, à la France multiple : le signe que chacun a sa chance ». Dans ces circonstances, comment s’étonner de voir, à la première difficulté, poindre la suspicion sur ses compétences ? Le doute sur les aptitudes des membres des minorités est l’un des effets pervers les plus courants dans tous les pays qui pratiquent le traitement inégalitaire des citoyens.

    Rachida Dati n’a jamais été connue ni reconnue comme une pointure dans le domaine juridique. Au sein de l’UMP, ce sont d’autres personnalités qui détiennent ces compétences et ont, à ce titre, assumé la tâche de l’élaboration du projet juridique. Comme je l’évoque dans « Le puzzle de l’intégration » (dont l’écriture était achevée dès septembre 2006), Rachida Dati fut pendant quatre ans chargée de la prévention de la délinquance auprès du Ministre de l’intérieur Nicolas Sarkozy, avec les résultats pitoyables qu’elle a elle-même, dans une touchante naïveté, tenu à détailler à l’occasion de son discours au TGI de Bobigny le 22 juin dernier : « Le nombre de condamnations en récidive pour les crimes et délits a augmenté de 68 % en cinq ans. Pour les délits les plus graves, cette augmentation a été de 145% […] La délinquance des mineurs augmente. Elle est de plus en plus violente. Elle concerne des tranches d’âge de plus en plus jeunes. En 5 ans, le nombre de mineurs condamnés pour des délits de violence a augmenté de près de 40%. En 2006, la part des mineurs dans le total des personnes mises en cause pour l’ensemble des crimes et des délits est de 18%. Elle s’élève à 45% pour les vols avec violence. »

    Si Rachida Dati était dotée de compétences et d’une expérience largement reconnues, elle aurait bénéficié d’une confiance en ses capacités qui lui aurait permis de démontrer aux Français qu’elle est à la hauteur de la mission qui lui échoit. Elle se serait probablement reposée sur le monde de la magistrature pour attester de son expérience. Au lieu de cela, les médias nous apprennent que Rachida Dati aurait elle-même demandé à des associations de lutte contre le racisme de monter au créneau pour prendre sa défense. Une mise au point de sa part s’impose sur ce sujet qui, contrairement aux apparences, est tout sauf anodin. Comme j’ai eu l’occasion de l’évoquer sur France Inter, il n’est en effet pas sans conséquence de diviser la société française en « victimes » et « bourreaux ».

    Aujourd’hui, face aux portes qui claquent au sein de son ministère et à la levée de boucliers que suscite (à juste titre) son projet de loi sur la récidive, l’argument le plus souvent invoqué par ses défenseurs pour mettre fin à la critique est que Rachida Dati subirait une mise en cause de sa légitimité en raison de son origine ethnique. Or, lorsqu’Édith Cresson avait essuyé le vif mécontentement de la classe politique (jusque dans ses propres rangs), sa nomination apparaissait elle aussi illégitime, car elle était assise sur le seul bon vouloir du prince. Nous sommes en réalité dans la même situation aujourd’hui.

    L’exemple du cas Dati laisse par ailleurs augurer des terribles difficultés qui attendent nos entreprises, dès qu’elles se verront imposer la mise en oeuvre de la discrimination positive : elles se trouveront alors confrontées à la nécessité de tenir compte de paramètres autres que la seule adéquation des salariés aux postes proposés, et devront s’attendre aux pires attaques lors des décisions de recrutement, promotions ou licenciements.

    La tentative, de la part d’associations et même de personnalités politiques comme Simone Veil, de transformer de manière éhontée un procès en incompétence en campagne de lutte contre le prétendu racisme des Français, est dangereux pour notre paix civile. Depuis trente ans, on diffuse aux populations issues de l’immigration le disque du racisme des Français de souche ; cela a largement contribué à développer, puis à entretenir, la haine que nourrissent à présent une partie des jeunes issus de l’immigration envers les Français de souche et leur société, avec les conséquences que l’on observe déjà.

    Catégories : Discrimination positive
  • Le téléphone sonne

    J’étais sur le plateau de l’émission « le téléphone sonne » d’Alain Bédouet sur France Inter, le jeudi 12 juillet. Vous pouvez retrouver ci-dessous l’enregistrement de l’émission.

    Partie 1 (durée: 12 min.)

    Partie 2 (durée: 13 min.)

    Partie 3 (durée: 11 min.)

    Catégories : Revue de presse
  • On en parle dans la Tribune du commissaire...

    « La Tribune du commissaire », magazine des hauts fonctionnaires de police, a consacré dans son n°105 du mois de juin 2007 un article au Puzzle de l’intégration. En voici le contenu :

    « On prétend parfois que les grands-parents des jeunes de l’immigration se sentaient davantage français que leurs descendants. C’est totalement inexact. »
    Et l’auteur de battre en brèche cette idée communément admise, comme elle prend de front un certain nombre de forteresses intellectuelles érigées depuis des décennies, jusqu’à donner l’assaut à des citadelles apparemment imprenables, le droit du sol en tête.
    Cible et sujet d’inquiétude de l’auteur, elle-même issue de l’immigration maghrébine, les ravages, prévisibles en France et constatés aux États-Unis, de la discrimination positive. Poudre aux yeux, alibi, facteur d’exacerbation des tensions, coup de grâce porté à la possibilité et aux vélléités d’intégration des migrants, elle livre un réquisitoire sans concession contre l’« affirmative action » dans laquelle elle diagnostique un risque de « libanisation » de la France.
    Ayant elle-même choisi sa nationalité à l’âge de 30 ans, elle voit en l’intégration un long parcours jalonné par les étapes de l’insertion, c’est à dire la volonté d’apprendre et de se conformer aux règles du « bien vivre ensemble » du pays d’accueil. Une insertion dont l’espoir est ruiné par la faiblesse de l’État et son corollaire, le sentiment d’impunité et de toute-puissance des jeunes délinquants issus de l’immigration.

    Sans anathèmes comme sans misérabilisme, un essai nourri et intelligent.
    À lire pour ne pas se contenter des slogans et retrouver les pièces manquantes du Puzzle de l’intégration.

    Catégories : Revue de presse