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Que faut-il penser de l’affaire Soumaré ?

Je souhaite le dire en préalable, je soutiens la cause de la réinsertion, au sein de la société, de tous ceux qui se sont un jour égarés dans la voie de la délinquance. Je pense que le monde politique ne s’investit pas assez dans cette question de la réinsertion sociale. Comment accepter qu’une personne puisse être une seconde fois sanctionnée, et condamnée à vivre en marge de notre société, lorsqu’elle montre sa volonté de tourner le dos à la délinquance ?

Ce préalable étant fait, je dois dire qu’après avoir découvert des éléments de son passé dans la presse, je suis profondément choquée par le choix d’Ali Soumaré comme tête de liste du PS en Île-de-France. Il aurait de plus été « condamné en 2009 à deux mois ferme pour rébellion à agents de la force publique. Lemonde.fr a pu consulter ce jugement. »

Il existe en France un nombre incalculable de personnes issues de l’immigration qui ne possèdent aucun casier judiciaire, et qui de plus sont compétentes ; et voilà qu’un parti de gouvernement va chercher, en le présentant de surcroît comme « issu de la diversité », un jeune homme qui a été condamné pour des actes de délinquance et, qui plus est, pour rébellion à agent de la force publique. À quoi les partis politiques jouent-ils ? Ont-ils seulement conscience qu’ils participent ainsi à rendre plus difficile encore l’intégration des enfants issus de l’immigration ? Les politiques ne semblent pas comprendre – et c’est là que c’est grave – que présenter à l’opinion publique comme l’élite issue de l’immigration, des personnes à casier judiciaire, ou d’autres sur lesquelles pèsent des soupçons quant à la réalité de leurs diplômes… ne peut qu’appeler la conclusion suivante : « eh bien ça alors, si c’est ça leur élite… » Ces choix sont catastrophiques pour l’image des populations issues de l’immigration. Même si je me situe à l’opposé des prises de position communautaristes que prend parfois Rama Yade, elle a, à mes yeux, le mérite de présenter un parcours éducatif qui a valeur d’exemple.

Le PS n’a probablement pas vérifié le parcours d’Ali Soumaré. Pendant plusieurs semaines, la presse a surveillé les partis politiques : combien de personnes issues de la diversité le PS et l’UMP inscriraient-ils sur leurs listes ? Cela relevait de l’obsession, et a vraisemblablement mis une forte pression sur les partis politiques. Dans ces conditions, peu importait le parcours ; seule comptait la couleur de la peau. Voilà à quoi conduit le choix d’individus à raison de leur origine ethnique ou raciale. Considérer l’autre sur la base de sa couleur de peau, et adapter son comportement en conséquence, n’est-ce pas là que commence le racisme ?

Les politiques n’ont malheureusement pas encore compris à quel point l’image des populations issues de l’immigration est dégradée dans l’opinion publique. Ce sera une œuvre de longue haleine, de la part de tous les acteurs concernés, que d’en construire une image positive. Cela nécessitera la plus grande rigueur et une certaine hauteur d’exigence.

Espérons que cette invraisemblable erreur de recrutement du PS pousse l’ensemble des politiques à réfléchir davantage, à l’avenir, à leurs responsabilités.

J’aimerais connaître votre point de vue : doit-on considérer que le recrutement d’un ancien délinquant à un poste d’élu peut envoyer le signal que notre société sait pardonner et réhabiliter, ou est-ce une lamentable erreur qui pourrait, dans le cas présent, affecter encore un peu plus l’image de l’immigration ?

Catégories : Politique

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