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  • Hommage à Charles de Gaulle, héros national

    De Gaulle appartient à toutes et à tous

    par Pierre Mazeaud, président de la Fondation Charles de Gaulle
    Publié dans le journal le Monde.

    Soixante-dix ans déjà. Seuls les plus anciens se souviennent de cet instant où une voix s’adressait à la France. Les manifestations de cette année doivent appeler l’attention des jeunes générations sur cette date qui doit rester dans l’histoire.

    Parlant à la BBC ce 18 juin 1940, de Gaulle accomplit là un geste exceptionnel, affirmant que la France vaincue ne doit pas perdre l’honneur et appelant les Français à le suivre.

    Certes depuis les victoires sur la Somme, le Général avait pris la décision de poursuivre le combat dans un réduit breton, dans l’Empire si nécessaire. Mais qu’est-il cet ancien sous-secrétaire d’État à la défense apprenant le 16 juin au soir à Bordeaux la démission du gouvernement Reynaud, l’arrivée de Pétain, défaitiste et déjà collaborateur ? Il n’est rien, il est seul.

    Pourtant, doté d’une volonté d’autant plus surhumaine que les circonstances sont dramatiques, servi par une intuition qui ne lui fera jamais défaut, il décide de continuer la lutte, regrettant en lui-même que les états-majors l’aient toujours rejeté alors qu’il avait raison. La percée dans les Ardennes des chars de Guderian venait d’en apporter la preuve.

    Ce geste de refus, dire “non”, c’est affirmer que l’honneur doit être le seul mobile, que l’homme ne doit s’appuyer que sur ses convictions, même avec intransigeance.

    Ce premier discours, cet appel du 18 juin avec le seul soutien de Churchill, va conduire à la France libre, à la Résistance, finalement au 8 mai 1945, la victoire, donc le maintien de notre pays dans l’honneur.

    Cette victoire, de Gaulle y croyait. Il le savait. Déjà, fin juin 1940, préconisait-il l’entrée des États-Unis dans le conflit, l’inévitable fin de l’alliance entre Staline et Hitler. Cette force de conviction, ce rejet de toute résignation est la marque fondamentale de l’Appel.

    C’est un geste révolutionnaire, c’est la certitude de ne voir qu’espérance dans l’avenir, c’est le sursaut de Valmy, quel que soit le lourd tribut, même en vies humaines, comme ce fut hélas le cas en France, en Libye, en Tunisie, en Italie et ce jusqu’en Allemagne.

    IL ÉTAIT PROFONDÉMENT RÉPUBLICAIN

    Il est sans doute encore des nostalgiques de Vichy, même quelques historiens pour nous dire qu’en 1940 de Gaulle n’avait aucune légitimité, ou encore quelques enseignants pour refuser l’étude des Mémoires de Guerre. Mais cette légitimité, ne l’a-t-il pas gagnée avec le refus de la défaite, de l’armistice, de la trahison et par cette épopée que conduiront aussi bien Leclerc, de Lattre que Moulin, jusqu’à être reconnu par l’ensemble des nations opposées au nazisme ?

    Seul, en effet, il ne l’était plus au lendemain du 18 juin ; il avait su rassembler sous la croix de Lorraine tous les volontaires épris de liberté. Cohorte au début, ses tous premiers compagnons qui surent comme lui dire “non” et le rejoignirent à Londres, bientôt véritable armée dont l’héroïsme, de Koufra à Strasbourg, conduira notre pays à la signature de la fin du conflit à Berlin aux côtés des Alliés.

    Laissons ceux qui, tout en reconnaissant l’intervention de Londres comme élément essentiel de l’Histoire, rejettent cependant l’écrivain des Mémoires de Guerre alors qu’il est en réalité l’un des grands auteurs classiques, un mémorialiste soucieux avant tout de la langue, de la phrase la plus élaborée pour ne dire que l’essentiel.

    Ce que je retiens de cet appel c’est avant tout l’espérance, dans la volonté de ne jamais renoncer quelles que soient les difficultés présentes. Et l’exemple du Général est bien de ne jamais perdre espoir dans la fidélité à ses seules convictions, même si l’on est seul.

    Puissent les jeunes générations retenir cet exemple.

    Puissent ceux qui ont des responsabilités et particulièrement les hommes politiques ne voir dans leurs décisions que l’intérêt général, celui des valeurs de la République, puissent-ils toujours faire preuve d’indépendance, et savoir eux aussi dire “non”.

    De Gaulle appartient à toutes et à tous ; entré dans l’histoire, il a démontré combien l’honneur était le seul idéal, combien la liberté devait être défendue envers et contre tout. Il était profondément républicain.

    Pierre Mazeaud, président de la Fondation Charles de Gaulle

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    Il est 18 heures, le Général de Gaulle arrive dans les locaux de la BBC pour enregistrer l’appel du 18 juin. Un technicien de la radio lui demande de dire quelques mots pour procéder à un essai de voix. De Gaulle répond : “la France”.

    En ce jour anniversaire de l’appel du 18 juin, ayons également une pensée pour Sir Winston Leonard Spencer-Churchill, qui a joué un très grand rôle en reconnaissant le Général de Gaulle : “Vous êtes seul ? Eh bien, je vous reconnais tout seul !”, lui lança-t-il le 27 juin 1940.

    Catégories : Politique
  • Faut il oublier le passé pour se donner un avenir ?

    C’est l’un des sujets du bac philo de cette année. Je ne résiste pas à la tentation de faire appel à Claude Lévi-Strauss :

    « Les sociétés se maintiennent parce qu’elles sont capables de transmettre d’une génération à une autre leurs principes et leurs valeurs. À partir du moment où elles se sentent incapables de rien transmettre, ou ne savent plus quoi transmettre et se reposent sur les générations qui suivent, elles sont malades. »

    C’est un extrait du livre-entretien avec Didier Éribon De près et de loin, (éd. Odile Jacob, 1988). Je vous en recommande la lecture, et particulièrement la troisième partie qui s’intitule « Les cultures, la culture ». Le plus important y était dit, et pourtant aucun sursaut ni prise de conscience ne s’en est suivi. Or, « il ne peut y avoir de révolution que là où il y a conscience » (Jean Jaurès) ; le terme de révolution est ici à interpréter au sens de progrès majeur, et non d’affrontements. Pour ne pas se décourager, pensons très fort à Victor Hugo : « Rien n’est plus fort qu’une idée dont l’heure est venue ».

    Catégories : Politique
  • Outrage au drapeau

    Le Monde : « Le drapeau français accroché sur la façade de la mairie de Villeneuve-Saint-Georges (Val-de-Marne) a été brûlé dans la nuit de dimanche à lundi, et remplacé par un drapeau algérien »

    L’Express : « Le drapeau allemand, érigé à côté de l’emblème national pour fêter les 50 années de jumelage avec Kornwestheim, n’a lui pas été dégradé. »

    Le Figaro : « Une quinzaine de drapeaux tricolores accrochés sur le bâtiment municipal dans le cadre d’un jumelage ont par ailleurs été décrochés et dispersés »

    Après avoir tenté, dans un premier temps, de minimiser la portée de l’outrage, madame le Maire de Villeneuve-Saint-Georges a indiqué que c’était le drapeau de la ville qui avait été brûlé, et non le drapeau français. Cette tentative de minimisation, qui prend les Français pour des c…, est d’autant plus consternante que le décrochage concomitant de 15 drapeaux tricolores indique clairement que c’est bien l’emblème national qui était visé. Les voyous auront vu rouge à la seule vision des trois couleurs bleu-blanc-rouge du drapeau de la ville.

    C’est parce que certains se sont plu à toujours tout minimiser et tout justifier, même l’injustifiable, que nous en sommes arrivés à ce que le peuple français soit régulièrement agressé. Car au travers des outrages faits à son drapeau et à son hymne, c’est bien entendu le peuple français qui est visé. Et ce peuple se retrouve enchaîné, non pas par les migrants et leurs descendants, mais bien par ceux qui avaient pour mission de veiller sur lui. Je reprendrai à mon compte le jugement de l’historien Pierre Nora : « S’il y a bien deux choses qui ont caractérisé les intellectuels, c’est la lâcheté et l’aveuglement », et je l’étendrai bien au-delà des intellectuels en évoquant les « élites ».

    Certes, les résultats de l’enquête ne sont pas encore connus ; mais que ce soient des Algériens qui aient perpétré cet acte, ou bien des Français exaspérés qui aient eu envie de créer une émotion ou une réaction dans le but de sortir les esprits de la léthargie dans laquelle les ont plongés trente ans de pensée unique, dans les deux cas, cela révèle la même chose : nous sommes désormais assis sur une véritable poudrière. La volonté d’en découdre se répand en effet comme une traînée de poudre à travers le pays, et ce n’est pas l’interdiction de l’apéro de la Goutte d’Or qui calmera les esprits, bien au contraire. Cette interdiction contribue à mettre en exergue le fait que le comportement de notre classe politique est bel et bien dicté par la peur de ceux qui lui font… peur. Si cet apéro s’était avéré de pure provocation, ses organisateurs se seraient finalement discrédités d’eux-mêmes ; alors que ne subsiste désormais que le doute instillé quant aux réelles motivations de la décision politique (deux poids, deux mesures ?), laquelle ne fait que renforcer finalement les intérêts des extrémistes de tous bords. Aussi cette interdiction constitue-t-elle, à bien des égards, une erreur politique.

    Dans des conditions de tension de plus en plus palpable dans l’espace public, je qualifie de profondément irresponsable, et donc inacceptable, le fait de continuer d’« accueillir » 200 000 immigrés chaque année et d’accorder la nationalité française à près de 100 000 étrangers par an. Cerise sur le gâteau, j’entends régulièrement qu’il nous faut expliquer aux nouveaux Français quelles sont les valeurs qui caractérisent le peuple français. On reconnaît donc que l’on distribue la nationalité française à des personnes qui ne sont pas encore porteuses de l’identité française. Qui pouvait encore en douter ?

    De quels qualificatifs affublerait-on des parents qui continueraient d’adopter alors qu’ils se seraient révélés incapables, pour quelque raison que ce soit, d’assurer un développement normal à leurs enfants ? Le manque d’esprit de responsabilité : voilà où se situe la véritable cause de la descente aux enfers de notre société. Depuis trente ans, le peuple français, mais c’est la même situation qui prévaut partout en Europe, assiste impuissant à l’installation progressive du chaos.

    Monsieur le Président de la République, je vous en conjure, réformez le code de la nationalité tant que subsiste encore un mince espoir de garder le contrôle de la situation. Ayez le courage de le faire maintenant, et de ne pas repousser à demain le service de l’intérêt général. Nous fêterons très bientôt les 70 ans de l’appel du Général de Gaulle, j’espère de tout cœur que ces commémorations seront pour vous l’occasion de vous inspirer de sa pensée politique : l’intérêt de la France avant toute autre considération.

    Catégories : Identité