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Les Orientales de Victor Hugo

Jeudi, à Sciences Po, la candidate des Verts s’est livrée à une attaque en règle contre notre laïcité, au travers de la question du voile :

« Éva Joly, candidate d’Europe Écologie-Les Verts à la présidentielle, a estimé jeudi au cours d’un forum organisé par le magazine “Elle” à Sciences Po qu’“on ne doit pas mettre la laïcité partout”. “On peut mettre (la laïcité) dans tout ce qui est services publics, à l’école, on vient de la mettre pour les sorties en car, mais personnellement j’ai le souci de l’intégration de ces femmes, je trouve que c’est une double peine”, a affirmé Mme Joly, interrogée sur une proposition de loi controversée déposée au Sénat, qui prétend appliquer le principe de laïcité aux assistantes maternelles accueillant des enfants à domicile, et sur l’affaire de la crèche Baby Loup.  »

Ça ne fera de mal à personne, et notamment pas aux verts ni à leurs camarades du Parti Socialiste avec lesquels ils pourraient bientôt gouverner, que de lire ou relire Les Orientales de notre Victor Hugo national. C’était en 1828, et ça n’a malheureusement pas pris une ride. Il suffit de voir la vitesse avec laquelle ce voile prolifère sous nos latitudes pour comprendre que c’est la pression, et parfois la terreur, exercées sur des femmes incapables de s’émanciper qui sont ici à l’œuvre.

La capitulation de certains de nos politiques et de nombre de nos “intellectuels” doit être combattue comme l’a été autrefois la capitulation du Maréchal Pétain. Nous le voyons, l’Histoire n’est qu’un éternel et parfois pitoyable recommencement. Certes, les acteurs ont changé, les pièces ne sont plus les mêmes sur l’échiquier, mais les raisons profondes qui rendent possible l'avènement du chaos restent les mêmes. L’avertissement lancé par Benjamin Franklin le 11 novembre 1755 n’a jamais perdu de sa pertinence, et n’en perdra jamais. Il s’appliquait parfaitement à l’esprit munichois, et s’applique parfaitement à notre époque qui s’apparente à bien des égards à cette funeste période : « Qui préfère la sécurité à la liberté aura tôt fait de perdre les deux ».

Le Voile
Victor Hugo, Les Orientales
1er septembre 1828
La sœur :
Qu’avez-vous, qu’avez-vous, mes frères ?
Vous baissez des fronts soucieux.
Comme des lampes funéraires,
Vos regards brillent dans vos yeux.
Vos ceintures sont déchirées.
Déjà trois fois, hors de l’étui,
Sous vos doigts, à demi tirées,
Les lames des poignards ont lui.
Le frère aîné :
N’avez-vous pas levé votre voile aujourd’hui ?
La sœur :
Je revenais du bain, mes frères,
Seigneurs, du bain je revenais,
Cachée aux regards téméraires
Des giaours et des albanais.
En passant près de la mosquée
Dans mon palanquin recouvert,
L’air de midi m’a suffoquée :
Mon voile un instant s’est ouvert.
Le second frère :
Un homme alors passait ? Un homme en caftan vert ?
La sœur :
Oui… peut-être… mais son audace
N’a point vu mes traits dévoilés…
Mais vous vous parlez à voix basse,
À voix basse vous vous parlez.
Vous faut-il du sang ? Sur votre âme,
Mes frères, il n’a pu me voir.
Grâce ! Tuerez-vous une femme,
Faible et nue en votre pouvoir ?
Le troisième frère :
Le soleil était rouge à son coucher ce soir.
La sœur :
Grâce ! Qu’ai-je fait ? Grâce ! Grâce !
Dieu ! Quatre poignards dans mon flanc !
Ah ! par vos genoux que j’embrasse…
Ô mon voile ! Ô mon voile blanc !
Ne fuyez pas mes mains qui saignent,
Mes frères, soutenez mes pas !
Car sur mes regards qui s’éteignent
S’étend un voile de trépas.
le quatrième frère :
C’en est un que du moins tu ne lèveras pas !
Catégories : Politique

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