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  • S’élever au-dessus des intérêts partisans

    Mes chers lecteurs, à une poignée d’heures de la supension de ce blog, je souhaiterais vous rappeler ce que j’ai déjà écrit à plusieurs reprises, à savoir qu’il est nécessaire, à chaque élection qui se présente, de réfléchir non pas en termes de partis politiques mais en terme d’élus potentiels, de leurs projets et aussi des équipes qui les entourent et les soutiennent. C’est pourquoi « la cuisine partisane doit être délaissée au plus vite au profit d’une élévation au-dessus des intérêts partisans et des clivages traditionnels [1] ». Pour les sujets qui nous ont rassemblés ici, y compris celui de l’école ô combien décisif pour l’avenir de la nation, la ligne de démarcation ne passe plus entre les partis politiques, mais à l’intérieur de chaque parti.

    Cela signifie qu’il faut s’évertuer à soutenir chaque idée ou proposition bénéfique pour la France, même si l’élu qui la présente n’appartient pas au parti politique dont vous pouvez vous sentir le plus proche. Cela signifie aussi qu’il faut combattre, ne serait-ce qu’au travers des courriers que vous adresserez aux députés prochainement élus, toute proposition de loi qui pourrait se révéler nocive pour la cohésion nationale. Dans une époque de grandes incertitudes, la composition de la future Assemblée Nationale sera cruciale. Malgré les apparences et les discours, le nouveau Président n’a pas nécessairement intérêt à voir s’installer à l’Assemblée une majorité absolue de gauche dont il pourrait rapidement devenir l’otage. Nombre des sujets qu’il faudra aborder et traiter engageront directement la cohésion sociale et nationale de notre pays. Sur des thèmes qui engagent le destin de la France, mieux vaut pour les Français une Assemblée Nationale astreinte au débat démocratique sur chaque texte de loi, plutôt qu’une Assemblée moutonnière à l’unisson de laquelle bêlerait de surcroît le Sénat.

    Gardez-vous également de devenir otages d’appareils politiques qui exploitent le sentiment légitime d’indignation des citoyens. Ces partis finissent toujours par se rejoindre dans un rejet partagé de la liberté de pensée et de jugement sans laquelle nulle démocratie et nulle coexistence sereine ne peuvent perdurer. Le mode opératoire de ces partis est facile à identifier. Il est toujours le même, et s’appuie sur le culte d’un chef unique qui épouse, pour la foule des adeptes, les traits du gourou dont toute critique devient rapidement intolérable aux yeux de ses propres fidèles. Or, sans esprit critique, il ne peut y avoir de démocratie. Cela me fait penser aux travaux de Sigmund Freud, et en particulier à sa Psychologie des masses et analyse du moi, qui éclairent aussi bien le fonctionnement interne des groupes issus de l’immigration extra-européenne qui ignorent la liberté individuelle, que celui de mouvements politiques qui se caractérisent par la glorification d’un guide suprême. J’ai pu le mesurer au travers de l’avalanche de commentaires que j’ai pu recevoir et que je ne posterai pas, tant leurs contenus témoignent de la mise sous tutelle de l’esprit de raison de leurs auteurs et de leur embrigadement.

    Pour le Général de Gaulle, « La France, c’est tout à la fois, c’est tous les Français. C’est pas la gauche, la France ! C’est pas la droite, la France ! (…) Prétendre faire la France avec une fraction, c’est une erreur grave, et prétendre représenter la France au nom d’une fraction, cela c’est une erreur nationale impardonnable.[2] » Les Français refusent de plus en plus un clivage inscrit dans le marbre selon les contours des partis politiques, et c’est tant mieux, avec un bémol toutefois pour ceux qui sont encartés – ce qui n’est pas mon cas –, qui peuvent se sentir parfois tenus à une ligne de conduite et de pensée établie par un appareil politique, même s’ils n’y adhèrent pas totalement. « Alexis de Tocqueville aurait sans doute refusé de placer sur un pied d’égalité Rembrandt et Baselitz ou Mozart et le rappeur Eminem. Car, toujours fidèle à son inspiration critique, Tocqueville refuse l’idée d’approuver sans juger. Il n’accepte pas que l’être et le devoir-être doivent nécessairement se recouvrir ; que ce qui est soit tenu comme forcément acceptable, voire admirable du seul fait qu’il est ; que le monde des faits et le monde des valeurs coïncident. Le non-conformisme lui paraît au contraire comme une posture indispensable pour l’observateur qui entend contribuer à la compréhension du monde. [3] »

    Pour finir, je voudrais remercier chaleureusement tous ceux de mes lecteurs qui ont su faire l’effort de la réflexion chaque fois que mon analyse divergeait de leur opinion pré-établie, et qui ont refusé la facilité de l’invective et de l’anathème. Internet a tendance à devenir le lieu de prédilection des réactions épidermiques. Cela ne correspond pas à mon mode de fonctionnement, loin s’en faut. Ma décision de suspendre mon blog a été prise bien avant l’élection présidentielle. J’ai besoin de faire une coupure. Reviendrai-je un jour ? Pour l’heure je ne le sais pas, et je ne souhaite pas tirer des plans sur la comète.

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    [1] Malika Sorel, Intégration : le devoir de vérité, entretien avec Marcel Gauchet, Le débat n°166, septembre-octobre 2011. ↩

    [2] Général de Gaulle, interview radiotélévisée du 15 décembre 1965. ↩

    [3] Raymond Boudon, « Tocqueville aujourd’hui », Odile Jacob, mai 2005. ↩

    Catégories : Politique
  • Les Misérables

    Victor Hugo, dans Les Misérables : « Les peuples comme les astres ont le droit d’éclipse. Et tout est bien, pourvu que la lumière revienne et que l’éclipse ne dégénère pas en nuit ». L’avenir répondra à cette question qui se pose désormais pour le peuple français.

    Il y a dans le choix du peuple – ou des peuples ? – français la marque d’une insoutenable légèreté de l’être. Pourquoi écrire peuples au pluriel ? Les drapeaux étrangers que l’on a vu fleurir et se disséminer dans de nombreuses villes de France donnent le ton, ou la couleur, à tous les sourds et les aveugles. Mais la palme de la légèreté et de l’irresponsabilité revient à ceux qui se disent attachés à la patrie et qui choisissent dans le même temps, en toute connaissance de cause, par un vote blanc ou nul dont l’usage en l’état actuel de la législation laisse pantois, de participer à pousser la France dans la gueule du loup : « (...) les électeurs qui ont voté sans exprimer de choix sont au moins 2,13 millions, un record de votes blancs ou nuls. » Je ne leur trouverai jamais aucune circonstance atténuante. Il n’y en a pas à mes yeux. Je connais trop bien la situation pour savoir que nous étions à un point de non retour et qu’aucun risque ne devait être pris.

    Tout espoir de voir la mère des réformes conduite tant qu’il était encore temps est aujourd’hui anéanti. Cette réforme mère, c’est celle du code de la nationalité. C’est d’elle que le destin de la nation dépend. Tout le reste n’est qu’accessoire pour la nation, y compris la question économique et celle de la solidarité, qui sont d’ailleurs étroitement corrélées à celle de la survivance ou de la destruction de la nation. Aucune citoyenneté réelle ne pourra perdurer en l’absence d’une communauté de principes et de valeurs.

    Je voudrais partager avec vous cette réflexion avisée sur le syndrôme de la grenouille de l’écrivain Olivier Clerc :

    « Imaginez une marmite remplie d’eau froide dans laquelle nage tranquillement une grenouille. Le feu est allumé sous la marmite, l’eau chauffe doucement. Elle est bientôt tiède. La grenouille trouve cela plutôt agréable et continu de nager. La température continue de grimper. L’eau est maintenant chaude. C’est un peu plus que n’apprécie la grenouille, ça la fatigue un peu, mais elle ne s’affole pas pour autant.

    L’eau est cette fois vraiment chaude ; la grenouille commence à trouver cela désagréable, mais elle s’est affaiblie, alors elle supporte et ne fait rien. La température continue de monter, jusqu’au moment où la grenouille va tout simplement finir par cuire et mourir.

    Si la même grenouille avait été plongée directement dans l’eau à 50 degrés, elle aurait immédiatement donné le coup de patte adéquat qui l’aurait éjectée aussitôt de la marmite.

    Cette expérience montre que, lorsqu’un changement s’effectue d’une manière suffisamment lente, il échappe à la conscience et ne suscite la plupart de temps aucune réaction, aucune opposition, aucune révolte. »

    J’ai beaucoup de cordes à mon arc, mais j’avoue n’en posséder aucune en ce qui concerne les batraciens.

    Ce blog avait pris son envol avec L’étrange défaite de Marc Bloch. Avec mes écrits, mes ouvrages, j’aurai tenté, malgré les innombrables obstacles, et avec si peu de succès, d’aider mes concitoyens à penser notre époque et ses terribles enjeux.

    Mon blog suspend aujourd’hui son vol. Je ne sais pas moi-même s’il reprendra un jour. Son contenu devrait demeurer accessible. Les commentaires resteront ouverts jusqu’à la fin de cette semaine, puis ils seront fermés. Mes livres resteront à la disposition de tous ceux qui éprouvent le besoin d’entamer une réflexion de fond.

    Bonne chance à mes lecteurs et surtout à la France, pour laquelle j’éprouve une grande peine et une infinie inquiétude !

    Catégories : Politique
  • Le regard de Jacques Marseille

    En 2006, l’historien Jacques Marseille publiait Du bon usage de la guerre civile en France, dans lequel il évoquait plusieurs guerres civiles qui ont émaillé l’histoire de France. Il y critiquait par ailleurs la société française qui cherche selon lui « à être charmée plus qu’à être convaincue ».

    En voici un extrait :

    « (…) À cet égard, l’allocution prononcée par Jacques Chirac le 8 janvier 1996, le jour même de la mort de François Mitterrand, aurait solennellement sonné le glas des guerres civiles et annoncé l’avènement d’une société pacifiée dans un pays humaniste. Un “modèle” que le monde nous envierait et qu’il faudrait protéger contre toutes les tentatives de “rupture”.

    La fidélité à la France rurale, une jeunesse de droite, une conversion au socialisme qu’il a appris tardivement à parler, la passion de sa vie, la longévité politique, cinquante années de carrière et deux septennats, la culture classique, autant de “vertus” qui, magnifiées par Jacques Chirac, opposent la France de l’alternance à celle du mouvement. La récente “panthéonisation” de François Mitterrand par l’“opinion” qui, dans un sondage CSA pour Libération du 21 décembre 2005, le consacre président le plus populaire de la Ve République est bien le reflet d’une société qui aime les choses de la vie et cherche à être charmée plus qu’à être convaincue. “Slalomer sans heurts, se répéter au besoin ; ne fermer aucune porte, trois petits points, que sais-je encore ; louvoyer, survoler, suggérer ; thèmes et variations, volutes, esquives. Ne rien asséner, ne rien assumer. Et que toute formule en page 1 puisse être balancée en page 2 par une autre de sens inverse.” Cet autre “compliment” à François Mitterrand écrit le 12 janvier 1986 par Régis Debray, qui fut à la fois son “ami” et son conseiller, en dit long sur la différence entre ceux qui forcent le destin et ceux qui ne pensent qu’à forger le leur. Le principal mérite de François Mitterrand, comme celui de Jacques Chirac qui l’admire tant, est bien d’avoir su créer et maintenir les conditions de l’alternance, non seulement dans la vie politique mais aussi dans les propos. (…) »

    La société française cherche-t-elle a être charmée plus qu’à être convaincue ? Dimanche, les Français choisiront-ils d’élire un François Mitterrand ? Réponse dans 48 heures.

    Catégories : Politique
  • La politique de la terre brûlée

    Qui peut croire qu’une personnalité aussi au fait de la vie politique française que Marine Le Pen puisse ignorer que le vote blanc auquel elle appelle implicitement ceux qui ont voté pour elle est en réalité un vote en faveur du Parti Socialiste ?

    « Sur la place de l’Opéra, on veut avant tout savoir ce que Marine Le Pen va dire sur le vote du 6 mai. Ce n’est pas que l’assistance, plutôt militante, n’ait pas fait son choix qui oscille entre l’abstention et “un vote tactique” pour François Hollande. (…) »

    Voilà qui chagrinera ceux qui ont voté pour Marine Le Pen dans l’espoir que l’identité française échappe à l’échafaud qu’une partie des « élites blanches » tente de lui dresser pour la faire passer de vie à trépas, mais c’est un fait indéniable : depuis trente ans, Le Front National a une concordance d’intérêts avec la gauche. Cela s’est vérifié dans les triangulaires, mais aussi et surtout dans les sorties outrancières de Jean-Marie Le Pen, qui ont immédiatement provoqué des levées de boucliers rendant de fait impossible le traitement du dossier immigration-intégration, pour le plus grand bonheur de la gauche. Cette question a déjà été abordée sur ce blog, et elle se lit aisément au travers des conseils en stratégie électorale prodigués par Terra Nova. Pour les sceptiques, voici l’analyse de Lorrain de Sainte-Affrique, qui a longtemps accompagné Jean-Marie Le Pen : « C’est comme un sortilège, il y a toujours de bonnes fées socialistes sur la route des Le Pen, hier François Mitterrand et Bernard Tapie pour Jean-Marie, aujourd’hui François Hollande et Jean-Luc Mélenchon pour Marine. »

    Les Français auront été privés d’élection présidentielle, cette dernière ayant été transformée en référendum « anti-Sarko ». Le slogan « Sarko dégage » a fleuri ici et là, tentant de surfer sur la vague des « révolutions » arabes avec un clin d’œil plus qu’appuyé à une part non négligeable des populations de l’immigration.

    Dans cette élection, la question décisive qui se pose à l’insu des Français, c’est celle de la disparition de la citoyenneté nationale au profit d’une citoyenneté-résidence par l’octroi du droit de vote aux immigrés. La dissociation de l’identité et des papiers d’identité n’était qu’un premier round. Ce qui se joue à présent en filigrane, c’est la disparition à terme de l’identité française, qui se retrouvera submergée par les flots. Le candidat socialiste l’a dit et redit, ce sera l’une des premières mesures qu’il mettra en œuvre : « Il y aura une réforme sur le droit de vote des étrangers en 2013, avant les élections de 2014, puisqu’il y a des élections locales qui sont prévues en 2014 ». Dans ces conditions, le vote blanc de Marine Le Pen n’est rien d’autre qu’un acte de collaboration à l’œuvre de destruction de la citoyenneté française.

    Toujours selon Sainte-Affrique, « Marine Le Pen est victime d’une bouffée d’orgueil ». C’est ce qui l’amène manifestement à placer son destin personnel au-dessus de celui de la France. Elle le scénarise de manière pathétique en remplaçant le Bleu-Blanc-Rouge par le Bleu Marine. Emportée par l’orgueil, elle ne semble plus en capacité de réaliser qu’elle se met à trahir non seulement ses électeurs mais aussi, bien plus grave, la France. Elle se révèle semblable à tant d’hommes et de femmes politiques, qui ont alimenté le divorce des citoyens avec leurs élites.

    La tactique de Marine Le Pen, c’est de contribuer au triomphe de la gauche en espérant dans la foulée une implosion de la droite, qu’elle espère ensuite pouvoir dominer. Son projet personnel mérite-t-il de placer la citoyenneté française dans la gueule du loup ? Voilà une bien étrange conception du patriotisme. Il n’y a qu’un nom pour qualifier la politique qu'elle a choisi d’adopter : c’est la politique de la terre brûlée.

    Son pari personnel est par ailleurs ubuesque. Il suffit en effet d’analyser les résultats des votes dans la ville de Paris où la gauche domine, pour comprendre qu'en dehors des partis qui peuvent s’appuyer sur des bastions pré-établis, seuls les alliés du Parti Socialiste peuvent espérer échapper à l’étouffement : « Selon les résultats définitifs à l’issue du premier tour, François Hollande a obtenu 34,83 % devant Nicolas Sarkozy à 32,19 %. Derrière le président-candidat, Jean-Luc Mélenchon obtient la 3e place avec 11,09 % devant François Bayrou à 9,34 %, Marine Le Pen à 6,20 % (…) »

    La gauche au pouvoir facilitera l’implantation, sur tous les territoires, de populations qui votent en masse pour elle et pour ses alliés. À ce sujet, la droite s’est laissé prendre au piège de la loi SRU qui, peu à peu, repeint toute la France en rose. L’intitulé de cette loi est pourtant éloquent quant au projet qu’elle porte : Loi relative à la solidarité et au renouvellement urbains.

    Le pari insensé de Marine Le Pen ressemble à s'y méprendre à celui de La Grenouille qui se veut faire aussi grosse que le Bœuf de Jean de la Fontaine :


    Une Grenouille vit un Bœuf
    Qui lui sembla de belle taille.
    Elle qui n’était pas grosse en tout comme un œuf,
    Envieuse s’étend, et s’enfle, et se travaille
    Pour égaler l’animal en grosseur,
    Disant : “Regardez bien, ma sœur ;
    Est-ce assez ? dites-moi ; n’y suis-je point encore ?
    - Nenni. - M’y voici donc ? - Point du tout. - M’y voilà ?
    Vous n’en approchez point.” La chétive pécore
    S’enfla si bien qu’elle creva.
    Le monde est plein de gens qui ne sont pas plus sages :
    Tout bourgeois veut bâtir comme les grands seigneurs,
    Tout petit prince a des ambassadeurs,
    Tout marquis veut avoir des pages.

    Ni le destin personnel de François Hollande, ni celui de Nicolas Sarkozy, ni celui de Marine Le Pen ne devraient importer aux citoyens. Seul le sort de la France, donc celui des Français, devrait compter.

    Dans un contexte où les lignes sont brouillées et les concepts fondamentaux vidés de leur sens, il convient de gagner du temps, celui de la réinformation des citoyens, seul moyen de permettre une prise de conscience quant aux véritables enjeux. Qui eût cru en effet que la France, terre des Lumières, verrait un jour son joyau, l’humanisme, brandi comme un étendard pour venir affaiblir les défenses immunitaires de ses héritiers ?

    Catégories : Politique