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  • Comment la classe politique alimente son divorce avec le peuple français

    Les discussions au sujet des tests ADN, qui mobilisent depuis plus de deux semaines une grande partie de la classe politique, auront une nouvelle fois montré aux Français combien nos représentants et nos dirigeants, loin de se pencher avec sérieux sur les problèmes de fond, s’égarent en réalité à se donner la réplique dans ce qui s’apparente à une pièce de théâtre. N’étaient ses conséquences, cette pièce pourrait être rangée au registre de la comédie. À la décharge de nos « élites » politiques, les observateurs extérieurs sont souvent mieux placés pour saisir tout le pathétique, et même le grotesque, de la scène. Les comédiens vivent au rythme de leurs répliques, ce qui les empêche très souvent de prendre un recul pourtant salutaire.

    Je ne reviendrai pas sur le fait que ces tests ADN rompent avec un principe fondamental, ni qu’ils ravivent une blessure encore vive de l’Histoire de France. Ces deux points ont été amplement commentés. Je souhaite que nous nous penchions sur la pertinence de leur objectif, qui était de disposer d’un moyen de dépister, parmi les nouveaux entrants, les éventuels fraudeurs aux liens de filiation. Première question : existe-t-il vraiment de tels fraudeurs ? Réponse : oui ! Deuxième question : ces fraudeurs sont-ils très nombreux ? C’est-à-dire, sont-ils si nombreux qu’il faille légiférer, et aller pour cela jusqu’à rompre avec des principes moraux extrêmement forts qui honorent la France mais aussi le peuple français ; des principes qui sont partie intégrante de l’identité du peuple de France ? Lorsque je pose la question de leur nombre, cela sous-entend qu’il nous faut le comparer au nombre de migrants qui alimentent les autres sources de l’important flux qui converge vers la France. Réponse : d’après l’administration, le flux de « l’arnaque au lien biologique » serait constitué de 300 à 800 personnes par an. Suite à la levée de boucliers, que je comprends et que j’approuve, contre l’instauration de tests ADN, la restriction au lien maternel ferait tomber ce chiffre à environ 40 personnes susceptibles d’être contrôlées chaque année. La France remboursera ces tests ADN, et la Justice n’étant pas suffisamment engorgée dans notre pays, un juge sera saisi à chaque mise en œuvre de cette disposition.

    Comparons à présent ces 40, ou même ces 800 cas, au flux d’immigration annuel total. Plusieurs chiffres circulent au sujet du solde migratoire global. Selon les sources, l’estimation va du simple au double. Mon propos n’est pas de chipoter sur les chiffres avancés, mais de relever que dans tous les cas, ils sont extrêmement élevés, et autrement plus conséquents que 800. L’Insee estime que le nombre d’étrangers en situation légale s’accroît de 100 000 par an. Certains chercheurs précisent, à juste titre, qu’il serait plus conforme à la réalité d’évoquer, dans le même temps, les 150 000 papiers d’identité française octroyés chaque année. À ces chiffres, il nous faut ajouter celui de l’immigration dite clandestine. Cette immigration n’a en réalité de clandestin que le nom, puisqu’il est manifestement possible de la décompter. Ainsi, en avril 2006, le Ministre de l’Intérieur Nicolas Sarkozy affirmait-il que résidaient en France entre 200 000 et 400 000 clandestins, et que 80 000 à 100 000 clandestins supplémentaires entraient chaque année sur le territoire français.

    Doit-on alors se féliciter du fait que le gouvernement, l’Assemblée Nationale, le Sénat, la commission paritaire qui va bientôt se réunir, le Conseil Constitutionnel qui va très vraisemblablement être saisi, se penchent sur la question de 800 fraudeurs biologiques potentiels ?

    Pour toutes les raisons que j’invoque dans « Le puzzle de l’intégration », le flux considérable d’immigration auquel se trouve confrontée la France n’a aucune chance de pouvoir être absorbé. Nous le savons, cette immigration rencontre de sérieuses difficultés d’insertion dans la société française. Cela signifie qu’un accompagnement vigilant s’impose, ce qui implique une concentration, et certainement pas une dispersion, de l’attention. Les conséquences de cette incapacité d’absorption sont payées, chaque jour, au prix fort par les enfants de l’immigration déjà présents sur le territoire français, par ceux qui y pénètrent chaque année, et bien entendu par les Français de souche qui ont d’ailleurs, contrairement aux « élites », déjà compris qu’un afflux migratoire si conséquent ne représentait pas « une chance » pour leur pays, mais bien une sérieuse source de perturbations, les inconvénients en étant depuis longtemps bien supérieurs aux avantages.

    Lors du congrès national de l’UMP qui s’est tenu samedi 6 octobre, le Premier ministre François Fillon a affirmé que l’amendement ADN du texte sur l’immigration était en réalité un « détail ». Nous sommes donc d’accord sur un point, c’est que la fraction de l’immigration visée par un amendement qui floue l’un de nos principes républicains représente bien un élément négligeable. À un peuple français de plus en plus inquiet sur le sujet de l’immigration-insertion-intégration, on a donc une fois de plus présenté un miroir aux alouettes. Alors, que penser d’une classe politique qui se permet, aujourd’hui, dans une société tendue à l’extrême et au bord de la rupture, de mobiliser autant d’énergie sur un « détail » et de provoquer, par la même occasion, l’émoi d’une partie non négligeable de la population ?

    Catégories : Immigration, Insertion - intégration, Politique
  • Prévention de la délinquance : quitte à copier, ne copions pas sur les cancres !

    Il est dans la nature humaine de copier sur ses voisins lorsque l’on ne dispose pas soi-même de l’imagination ou de la compétence suffisantes. Cette attitude, qui n’est au demeurant pas nécessairement dévalorisante en soi, se retrouve dans tous les domaines, et pas seulement dans le champ de la politique. En témoigne l’exemple de pays qui ont fait leur « place au soleil » en copiant les technologies très innovantes imaginées par d’autres qu’eux.

    Lorsque l’on copie dans le domaine de la politique, plusieurs précautions élémentaires doivent être prises. Il faut tout d’abord s’assurer que la politique que l’on envisage de copier a véritablement produit de bons résultats, et non pas de mauvais. Je vous prie de m’excuser de rappeler une telle évidence. Il y faut donc une analyse, un tant soit peu sérieuse, des mesures déployées par la politique que l’on envisage de copier. Bien entendu, il est également essentiel de se préoccuper, au préalable, de la pertinence de la fenêtre d’observation du déploiement de cette politique : est-elle suffisante pour permettre d’en tirer quelque interprétation que ce soit ? Si cette fenêtre est limitée dans le temps, les niveaux de vigilance et d’exigence doivent être de ce fait considérablement accrus ; c’est presque une lapalissade, me direz-vous, et j’en conviens de bonne grâce. Ensuite, lorsqu’on s’est vraiment assuré que la politique qu’on veut copier a bien fonctionné, il ne faut pas pour autant se croire arrivé à « bon port », car vient alors le temps de réfléchir à la transposition de cette politique dans le pays destinataire. Nul ne peut, en effet, jamais garantir que ce qui a marché dans une société marchera dans une autre. Je n’apprendrai à personne que chaque société a sa propre Histoire, et donc son propre fonctionnement, et surtout son propre mode de réaction. C’est pourquoi il est essentiel de s’assurer notamment que rien, dans l’inconscient collectif, ne viendra altérer les chances de réussite de la greffe, ou pire, ne viendra créer des problèmes nouveaux, sans même résoudre ceux pour lesquels on avait tenté la greffe. Mais nous n’avons, nous Français, rien à craindre sur ce point, puisque statistiquement, nos dirigeants ont toujours été fins connaisseurs de l’Histoire de la France, de cette Histoire qui a nourri l’inconscient collectif du peuple français et a sculpté sa belle, fière et émouvante identité…

    Sur un cas très concret, voyons à présent si le plus élémentaire des critères d’analyse a été respecté par nos dirigeants.

    La police fédérale américaine vient de publier son rapport annuel. Elle a annoncé que la criminalité aux États-Unis connaissait, pour la deuxième année consécutive, une augmentation non négligeable. Cette criminalité intègre les homicides, viols, vols avec violence et agressions. L’augmentation des crimes et délits violents a été de 2,3% en 2005, et de 1,9% en 2006. Ce ne sont là que des moyennes, et dans certaines grandes agglomérations, les chiffres s’affolent jusqu’à connaître des accroissements de plus de 30%. La police fédérale américaine manifeste également son inquiétude face à la forte augmentation des crimes commis par des jeunes.

    Alors, comment se fait-il qu’au pays de la « tolérance zéro », de l’éducation par le tout-répressif, au pays où le taux d’incarcération est 7 fois supérieur à celui de la France, on puisse enregistrer des résultats aussi inquiétants ? Ces politiques répressives ne seraient-elles donc pas si dissuasives, pas si préventives ? Interrogeons-nous donc, dans notre cher pays de la « liberté de pensée et de jugement », comme aimait à l’écrire Marc Bloch : la répression est-elle vraiment une méthode efficace pour soigner une société malade de la violence ? Devait-on importer dans notre pays ce qui n’a même pas fonctionné ailleurs ? N’allez surtout pas en déduire que je réclame l’impunité pour les délinquants ! Je réaffirme seulement aujourd’hui ce que j’exposais déjà dans Le puzzle de l’intégration, à savoir que la politique répressive américaine, que l’on a déjà commencé à déployer dans notre pays, est dangereuse, et qu’il existe bien d’autres voies. La France ne pourrait-elle faire appel à son esprit de finesse pour mener une réflexion plus approfondie au sujet de la violence dans notre société ; une réflexion qui conduirait à l’élaboration d’une politique plus efficace que la politique américaine ? Préservons, pour nos descendants, cet esprit de finesse qui fait également partie de l’identité française !

    Catégories : Insertion - intégration