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banlieues - Page 3

  • Tangue navire, tangue…

    Extrait du Puzzle de l’intégration : « Parmi ceux qui votent, beaucoup estiment n’avoir pas d’autre choix que de faire tanguer le navire France à chaque élection, éjectant ainsi par le jeu de l’alternance ceux qui détiennent le pouvoir. Ce “jeu” est dangereux, et il ne faudrait pas qu’il fasse un jour chavirer le navire ! »

    Malgré les apparences, la gauche n’a pas gagné les dernières élections ; c’est la droite qui a reçu un avertissement, plus que sévère. Une droite boudée par son électorat : le taux d’abstention a atteint un niveau inégalé depuis 1959. Aux optimistes béats, convaincus, vu le taux de participation à la dernière présidentielle, que les Français avaient renoué avec la confiance en leur personnel politique, les présentes élections viennent d’apporter un démenti cinglant.

    La situation de la France devient de plus en plus dangereuse car, sans espoir d’une alternative politique crédible à laquelle confier la conduite de son destin, l’étape suivante pourrait bien voir le peuple français, très au fait de la réalité des défis qui se posent à lui, en venir à la moindre étincelle à mettre le feu aux poudres. La nette dégradation des conditions économiques pourrait constituer le détonateur. D’autant que la classe politique, appliquée depuis vingt-cinq ans à niveler par le bas le niveau d’enseignement et obnubilée par la question des banlieues, a magistralement négligé la création de nouvelles perspectives de développement économiques. Or, la capacité d’innovation qui permet de garder une longueur d’avance se prépare très en amont.

    L’électorat n’aura pas été abusé bien longtemps. Appâté par l’odeur alléchante d’un discours déterminé aux accents populistes sur l’identité nationale, il avait accouru, nourri du fol espoir que son profond malaise avait été entendu, et surtout convenablement décrypté. Il s’est rapidement aperçu que la droite, pas plus que la gauche, ne semblait vouloir s’atteler à traiter de manière responsable ces problèmes essentiels pour l’avenir de la société française. L’élection présidentielle s’est jouée sur le thème de l’identité nationale, et je ne doute pas un seul instant que les historiens l’écriront un jour. Ce sujet est central, car il participe à engendrer malaise, peur et perte de confiance ; cela empêche les Français de regarder vers l’avenir avec courage.

    Au travers de la réflexion sur l’identité nationale se pose la question du choix du projet de société pour la France de demain. C’est la raison pour laquelle un des chapitres du Puzzle de l’intégration s’intitule « Deux identités, deux projets de société ». Je tiens à préciser que je fais ici référence à des projets assis sur des valeurs philosophiques, et non pas sur des considérations de peuplement racial ou ethnique. Il n’est, d’autre part, nullement question d’opérer quelque hiérarchie que ce soit entre différentes identités. Chaque peuple a droit au respect, sur son territoire, de son identité propre ; une identité qui est, bien entendu, dynamique, mais qui ne saurait évoluer au corps défendant du peuple lui-même. Sur ce thème, l’Histoire nous fournit de sages démonstrations et d’utiles avertissements, mais les hommes retiennent-ils les leçons de l’Histoire ? Focalisés sur le passé, ils sont bien trop souvent aveugles au présent. L’éternel recommencement des tragédies en témoigne.

    Le repli des Français sur eux-mêmes, lié à l’angoisse générée par ce qui leur est donné d’observer ou de vivre au quotidien, est une réalité. Ce repli est pour l’instant silencieux, mais il ne le restera pas pendant encore des décennies, étant donné que notre classe politique s’emploie à des actions contre-productives qui enveniment de surcroît les relations sur le terrain, telles que les politiques préférentielles ou encore l’obligation pour chaque commune d’accepter un quota de logements sociaux, interprété par les Français comme la promesse de voir fleurir un jour au pas de leurs portes des émeutes de « jeunes » issus de l’immigration.

    Certains sujets sont extrêmement complexes à décrypter, et les solutions à mettre en œuvre ne peuvent produire de résultats instantanés. Dans ces conditions, notre société court le danger qu’un programme à la Jean-Marie Le Pen, fondé sur le repli sur soi et la haine d’autrui, ne soit un jour soutenu, en silence, par une majorité. Seuls ceux qui vivent à l’abri des palais dorés peuvent penser que le lepénisme est mort. Non seulement il ne l’est pas, mais tel la poussière dans « Cent ans de solitude », il s’est infiltré par tous les interstices, pour la simple raison qu’il offre le leurre d’une réponse à effet immédiat à des Français déboussolés par une grave crise de confiance ; à des Français également effarés par l’incohérence de leurs « élites » politiques, journalistiques et intellectuelles, qui dans le même temps vont s’offusquer de certains événements à travers le monde, et les taire ou les applaudir lorsqu’ils se produisent dans l’Hexagone, allant parfois jusqu’à les saluer comme autant de manifestations de l’avènement d’une société multiculturelle…

    Mon inquiétude ? Que le contexte économique se dégrade fortement. Il est alors à craindre que « l’étranger », ou celui qu’on identifie comme tel, ne devienne le bouc émissaire ou le souffre-douleur.

    Je forme un vœu : que la gifle que vient indiscutablement de recevoir le Président de la République le pousse à s’assagir, et à renonçer à tout ce qui participera à éloigner encore un peu plus les enfants issus de l’immigration de l’insertion dans la société française, pour ne pas rapprocher un peu plus la France de tensions civiles dramatiques. Nicolas Sarkozy doit donc renoncer à la mise en danger de la laïcité, à la discrimination positive, à l’inscription de la diversité dans le préambule de la Constitution, à la refonte stérile de la justice des mineurs… J’espère, pour le bien de la France, qu’il choisira d’emprunter la voie de la cohérence.

    Catégories : Discrimination positive, Insertion - intégration
  • Le Président de la République saura-t-il relever le défi des banlieues ?

    Mon intention initiale était de vous publier une revue détaillée, point par point, du discours du Président de la République lors de sa présentation du « plan banlieues », le 8 février dernier. J’y renonce finalement, et j’ai même longuement hésité avant de poster le présent billet. Cela me pèse beaucoup de venir vous informer que, sur les sujets traités dans Le puzzle de l’intégration, une trop grande partie des décisions politiques qui sont prises par le pouvoir actuel ne vont malheureusement pas dans le bon sens. Je préfèrerais pouvoir venir vous dire l’inverse, mais sur un sujet qui engage autant l’avenir de la France, je ne peux me résoudre à l’indifférence.

    Mon analyse est nourrie par ma connaissance approfondie de deux univers fort différents. Engager encore davantage la France dans une mauvaise voie, c’est lui faire prendre le risque d’être entraînée, sans espoir de retour, vers des sables mouvants. Nous sommes dans une situation où nous n’avons plus le temps de perdre du temps. Doit-on pour autant rester rivé sur le passé et nous lamenter sur toutes les erreurs stratégiques qui ont été commises ? Je ne le pense pas, mais pour nous guider vers un avenir meilleur, le passé doit cependant demeurer constamment présent à l’esprit.

    En analysant de bout en bout, et dans le détail, l’ensemble du discours du Président de la République, j’ai été frappée des contradictions qui s’exprimaient en son sein même ; de la trop grande méconnaissance des sources du problème de l’intégration des dernières vagues d’immigration ; du manque de cohérence ; de l’absence de vision d’ensemble, et même de vision tout court, sans compter les sempiternels recours à la théorie de la victimisation, qui fait de chaque personne d’origine étrangère une victime en puissance de la société française.

    Certes, le Président de la République reconnaît, dans ce discours, tout comme avant lui Lionel Jospin (au printemps 2002), que le problème des banlieues n’est pas d’ordre économique. L’ennui, c’est que d’un bout à l’autre de ce même discours, il affirme aussi exactement le contraire.

    Nicolas Sarkozy avoue également l’impuissance de l’État : « Ce dont je veux parler ne peut pas s’accomplir par la seule volonté de l’État et par la seule action de l’administration. » Or justement, hors de la volonté réelle de l’État, il n’y aura point de salut ! C’est parce que l’État a renoncé à faire vivre la République sur tous ses territoires, que nous en sommes arrivés là. l’État a donc une responsabilité centrale et un rôle déterminant à jouer en faisant vivre de manière ferme et déterminée l’existence du pacte républicain. Se délester d’une partie de sa responsabilité sur les associations ou, comble de l’irresponsabilité, sur les représentants religieux comme cela a d’ailleurs déjà été fait, nous conduira à l’abîme.

    Selon le Président de la République, les personnes issues de l’immigration ne bénéficieraient pas, actuellement dans notre pays, des mêmes droits que les Français de souche : « Il y a des quartiers dans notre pays, dans notre démocratie, dans notre République où l’on a moins de droits, moins de chances que les autres. » Non seulement cela est totalement faux, mais de plus, cela fait même 30 ans que par le biais de mesures spécifiques, l’État leur accorde davantage de moyens qu’aux autres Français, et qu’en fermant les yeux sur les outrages faits à la République, à ses représentants et à ses principes, il leur accorde implicitement le droit de déroger au Droit.

    Le Président de la République évoque comme « enjeu de civilisation », excusez du peu, la construction de quartiers « beaux » afin que les habitants s’y sentent bien. Il se félicite du travail de l’Agence Nationale de Rénovation Urbaine qui engloutit des milliards d’euros dans la rénovation des quartiers, alors que chacun a pu observer l’absence de retour sur cet investissement. Il lui assure que « cet effort ne sera ni arrêté, ni ralenti, qu’il se poursuivra aussi longtemps que nécessaire ». Je reste sans voix de constater qu’un pays surendetté tel que la France s’évertue à détruire des immeubles pour en construire d’autres, au seul motif que ces bâtiments ne seraient pas « beaux ». Connaissant les deux rives de la Méditerranée, et donc les habitudes de vie et les exigences des habitants des deux côtés, je peux vous assurer que là n’est pas la question.

    Le Président de la République s’inquiète des loisirs offerts aux jeunes des banlieues, mais aussi de la possibilité d’accéder à des banques et en tire une conclusion surprenante : « À quoi peuvent s’occuper les jeunes de Grigny qui n’ont ni cinéma, ni théâtre ? Quelle égalité des chances pour les 15 000 habitants du quartier nord de Bondy qui n’ont aucune banque à proximité ? » Je pointe dans Le puzzle de l’intégration les comportements familiaux qui conduisent nombre d’enfants issus de l’immmigration à ne pas savoir s’occuper, finissant par « tenir les murs ». Placer comme enjeu d’égalité des chances « occuper les jeunes de Grigny » et installer des guichets de banques m’amuserait presque, si j’ignorais la façon dont les familles de l’immigration traduisent ce type de propos, à savoir en se délestant sur autrui de la construction de l’avenir de leurs propres enfants. Comment espérer que ces familles puissent un jour établir une quelconque relation entre l’effort qu’exige toute réussite dans la société française, et leur très insuffisant niveau d’investissement dans le projet éducatif de leurs enfants ?

    Le Président de la République demande à l’actuel Ministre de l’intérieur, de faire en sorte que le premier devoir de l’État soit respecté : « le premier devoir de l’État, c’est d’assurer la sécurité […] À présent, avec Michèle Alliot-Marie, nous allons mettre fin à la loi des bandes, cette loi du silence et des trafics en renforçant l’efficacité des Groupes d’Intervention Régionaux qui seront recentrés sur la mise à jour de l’économie souterraine. » Laissons ici la parole au Ministre de la Justice Rachida Dati, qui s’exprimait le 22 juin 2007 au Tribunal de Grande Instance de Bobigny (Seine-Saint-Denis) : « Les difficultés en Seine-Saint-Denis sont nombreuses : un taux de criminalité élevé de 104 crimes et délits pour 1000 habitants en 2006, alors qu’il est de 61 pour la France entière […] Et pourtant, il y a ici plus de 30 000 associations, soit 20% de plus que la moyenne nationale […] Le nombre de condamnations en récidive pour les crimes et délits a augmenté de 68% en cinq ans. Pour les délits les plus graves, cette augmentation a été de 145% […] La délinquance des mineurs augmente. Elle est de plus en plus violente. Elle concerne des tranches d’âge de plus en plus jeunes. En 5 ans, le nombre de mineurs condamnés pour des délits de violence a augmenté de près de 40%. » L’actuel Ministre de l’intérieur réussira-t-il ce qui a échoué au cours des cinq dernières années simplement en recentrant l’activité des GIR ? Permettez-moi d’en douter.

    Je m’interroge par ailleurs : Le Président de la République mesure-t-il l’importance considérable des moyens alloués depuis trente ans par nos gouvernements successifs, de droite comme de gauche, afin de rompre l’alarmante spirale de l’échec scolaire dans les banlieues ? Pas si sûr : « Et l’on ne voit pas derrière toute cette population, toute cette jeunesse qui ne demande qu’une chose, c’est qu’on lui donne les moyens d’étudier, de travailler, d’entreprendre. »

    Dans son plan d’action pour les banlieues, le Président de la République inscrit la discrimination positive, qu’il maquille en « promotion de la diversité » ; discrimination positive qu’il met d’ores et déjà en place, bafouant ainsi la Constitution française. Il exprime également sa volonté d’inscrire la diversité dans le préambule de la Constitution, alors que la France est une République une et indivisible. D’autres passages de son discours confinent à l’absurde, parmi lesquels l’accession à la propriété comme l’une des réponses aux problèmes des banlieues.

    L’apothéose du discours du Président de la République se trouve dans sa conclusion : « Je pense à tous ceux qui sont venus et qui ne repartiront pas, je pense à leurs enfants qui n’ont qu’un seul pays, qu’une seule patrie, qui s’appelle la France. » Leur seul pays, leur seule patrie ? Qui l’a décidé ? Doit-on s’enorgueillir que la France, sans le vouloir, s’applique à réemprunter aux discours colonialistes ?

    Oui, décidément, je pense que malheureusement pour nous tous, Français de souche comme enfants issus de l’immigration, le Président de la République ignore encore beaucoup des solutions aux problèmes posés par l’immigration-insertion-intégration. Il lui manque pour cela bien des pièces du puzzle de l’intégration. Notre société n’a donc vraisemblablement pas fini de vivre au rythme de l’instrumentalisation de ce très sensible sujet, au gré des échéances électorales. La descente de plus de 1000 policiers accompagnés d’une noria de caméras pour l’arrestation de 33 suspects à Villiers Le Bel, est l’exemple par excellence d’actions hautement contreproductives qu’il conviendrait de ne jamais mener.

    Catégories : Discrimination positive, Insertion - intégration
  • Plan banlieues de Nicolas Sarkozy : attention, DANGER !

    Tandis que les milieux politiques, journalistiques et associatifs s’empruntent les uns aux autres la même analyse du plan « Une nouvelle politique pour les banlieues » de Nicolas Sarkozy, rares sont ceux qui auront noté qu’il souhaite toucher aux fondamentaux du peuple français. Il est terrifiant de constater, chaque jour davantage, combien ces milieux sont peuplés de clones !

    Je réagirai, dans de prochains billets, sur d’autres parties de ce discours de Nicolas Sarkozy, mais je souhaite pour l’heure attirer votre attention sur deux points extrêmement importants, puisqu’ils touchent à l’essentiel : le socle des valeurs fondamentales du peuple de France.

    Dans son discours, Nicolas Sarkozy a en effet à nouveau glissé la promesse – ou la menace, devrais-je plutôt dire, tant elle sera porteuse de malheurs – d’attenter à nouveau aux valeurs fondamentales du peuple français. Après ses attaques contre la laïcité, il récidive et s’en prend à présent à l’indivisibilité de la France et au principe d’égalité.

    1) Disparition de la France indivisible. Nicolas Sarkozy souhaite faire modifier la Constitution française afin d’y inscrire la « diversité » : « Je veux une démocratie irréprochable et en graver les principes dans le Préambule de notre Constitution. J’ai demandé à Simone Veil de conduire un débat national sur ces principes, parmi lesquels il y a la diversité. »

    2) Disparition de l’égalité républicaine, pour faire place à la discrimination positive : « Si pour des raisons éthiques, la diversité ne peut se définir sur une base ethnique, elle doit néanmoins refléter la richesse de notre société à tous les niveaux de responsabilité. La fonction publique doit nous y aider. Elle doit intégrer et promouvoir les enfants issus de l’immigration, comme elle a su promouvoir autrefois les enfants des classes populaires. Avant la fin de l’année, nous aurons pris des mesures pour qu’en cinq ans elle s’ouvre largement à la diversité. »

    Oui, je crains plus que jamais que le peuple français n’assiste à nouveau à l’écriture d’une page sombre de son histoire. Contrairement à ses « élites », le peuple est en effet très lucide, et est déjà entré dans une phase de réveil. La seule question qui se pose à présent à nous est de savoir s’il achèvera son réveil dans la sérénité ou si, comme il l’a déjà fait par le passé, tel un fleuve gonflé des eaux de la colère, il sortira de son lit pour rappeler à ceux qui auront méprisé les leçons de l’Histoire, qu’en vérité son destin lui appartenait !

    Catégories : Discrimination positive, Insertion - intégration
  • On en parle dans l’Expansion

    Dans le numéro 727 de L’Expansion actuellement en kiosque (février 2008), sous le titre « Le prix de l’intégration », Bernard Poulet, Rédacteur en chef à l’Expansion, consacre un article au Puzzle de l’intégration qu’il qualifie de « livre important sur l’immigration ». Je vous en livre quelques lignes :

    « Le puzzle de l’intégration est un livre qui dérange. Mais c’est un ouvrage essentiel, que l’on soit d’accord avec lui ou pas […] Malika Sorel explique, au rebours des discours angéliques, que le chemin vers l’entrée dans la nationalité d’un autre pays est difficile, et bien souvent douloureux. Elle démonte la plupart des idées reçues, et beaucoup d’intentions plus ou moins bonnes […] Après les émeutes des banlieues, ce livre est devenu indispensable. »

    Vous pouvez retrouver ici l’intégralité de l’article.

    Catégories : Revue de presse