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  • Quand le réflexe communautaire prime sur le service de l’intérêt général

    L’épisode de Rama Yade volant au secours de squatteurs est bien plus grave qu’il n’y paraît, et c’est la raison pour laquelle je me dois de l’évoquer. Sa prise de position illustre son comportement instinctif de défense des intérêts de sa communauté d’origine, et non de celui de l’intérêt général. Cela n’a au demeurant pas échappé au Premier ministre François Fillon, qui a déclaré à Laurence Ferrari sur Canal + : « Rama Yade s’est laissée un peu guider par son instinct et son émotion, et quand on est ministre de la République, on doit respecter les institutions. » N’est-ce pas un comble que figure au sein du gouvernement une personne à laquelle le Premier ministre doit enseigner le devoir du respect des institutions ? Ne nous étonnons plus de rien, puisqu’en vérité c’est la discrimination positive qui a été mise en œuvre pour la composition du gouvernement de la France.

    Voici à nouveau un extrait du Puzzle de l’intégration, dans lequel j’évoquais l’une des nombreuses conséquences prévisibles de l’application de la discrimination positive : « Donner aux individus plus d’intérêts à se revendiquer d’un groupe communautaire qu’à la communauté nationale, c’est consacrer la prévalence du lien d’appartenance à une communauté sur l’appartenance citoyenne à la Nation. » La prévalence de l’appartenance à une communauté, c’est exactement ce qui a conduit Rama Yade à adopter la posture qui a été la sienne à Aubervilliers. Je trouve important de préciser ici que la responsabilité de la situation n’incombe pas, à mes yeux, à Rama Yade, mais à ceux qui ont pris la liberté de mettre en œuvre la discrimination positive, violant par là-même la Constitution de la République du peuple français. Il ne fait en effet aucun doute, et les responsables politiques ne l’ont d’ailleurs nullement occulté, que c’est au seul titre de la représentation de la diversité, et donc de la prise en compte du caractère racial ou ethnique, que certains membres du gouvernement ont été choisis. Le peuple français n’aura donc même pas eu le privilège d’être consulté pour signifier son accord ou son désaccord au sacrifice de l’un de ses principes fondamentaux.

    Ce type de prise de position qui, il faut le signaler, est loin d’être l’apanage de la seule Rama Yade, a pour grave conséquence de renforcer les populations immigrées ou issues de l’immigration dans la conviction qu’elles ont bien raison de braver les lois françaises, puisqu’il se trouvera toujours des « responsables » politiques pour les soutenir en ce sens. Voici, sur le même sujet, la réaction du ministre de la ville Christine Boutin, recueillie au micro de France Info : « Rama Yade est jeune, et je ne crois pas que c’était une action qu’il fallait porter, parce que ça ne pouvait qu’exacerber les tensions. »

    Le passage des enfants issus de l’immigration par le « Creuset républicain » doit cesser d’être un luxe pour devenir enfin une exigence, car c’est véritablement la seule voie qui leur permettra de s’insérer dans la société française. Ne sous-estimons plus les dégâts que cause la caution apportée au non-respect des lois et des règles du « bien vivre ensemble » propres à la société française, car c’est ce qui a conduit de nombreuses familles issues de l’immigration à ne toujours pas réaliser qu’il est essentiel que ces règles soient transmises à leurs enfants, afin d’éviter qu’ils ne s’inscrivent au ban de la société française. Venir ensuite tenter de réparer les malheureuses conséquences qui en découlent avec un « plan Borloo » ou un « plan Marshall » ruineux pour les finances publiques, est une entreprise irrémédiablement vouée à l’échec.

    Catégories : Discrimination positive, Insertion - intégration, Politique
  • Intégration : le réalisme sera plus efficace que le miroir aux alouettes

    De tous temps et sous tous les cieux, les nouveautés ont attiré une attention particulière, le temps que l’opinion publique se forge son propre jugement. Vouloir l’ignorer au sujet de l’intégration, c’est prendre le risque de gravement nuire à ceux-là même dont on voudrait aider à la reconnaissance. Voici ce que j’écrivais dans « Le puzzle de l’intégration » à propos du processus de construction d’une image positive :

    « Lorsque les premières femmes se sont lancées dans des métiers traditionnellement identifiés comme masculins, l’attention de tous (hommes et femmes) s’est portée sur leur aptitude à relever ce qui était assimilé à un défi. Elles ont eu droit à une période d’observation critique. C’est la démonstration de leur totale compétence qui a permis aux femmes de gagner leurs lettres de noblesse dans tous les domaines qu’elles ont investis.

    Notre classe politique, pressée par l’urgence de rendre visibles dans le paysage politique des membres des minorités pour calmer l’impatience de leurs communautés d’origine, ne semble pas avoir pris la mesure de sa responsabilité.
    »

    Or, quel est le spectacle auquel nous convie le gouvernement ?

    La tension est telle dans le monde de la magistrature, que deux de ses syndicats ont refusé d’accompagner le Ministre de la Justice Rachida Dati dans son déplacement aux Pays-Bas. De plus, l’hémorragie se poursuit dans son cabinet ministériel, qu’une 5ème personne vient de quitter (et pas des moindres, puisqu’il s’agit de son chef de cabinet). On pourra toujours raconter des balivernes aux Français ou inventer des sornettes ; qui connaît un tant soit peu le fonctionnement d’un cabinet ministériel sait parfaitement que les nominations sont acceptées par les intéressés en connaissance de cause, et que ce qui se produit actuellement à la Chancellerie est pour le moins inhabituel.

    Fadela Amara a été nommée au titre de sa très, très longue expérience de terrain sur les questions liées aux banlieues réputées difficiles. Elle n’a pourtant pas craint le ridicule en annonçant, à grands roulements de tambours, avoir ouvert un blog pour solliciter, des jeunes de banlieues, des idées de solutions à leurs problèmes. Pourquoi, au juste, a-t-elle donc été nommée ? Cependant, aucun journaliste ne semble avoir relevé cette étrangeté. Pour quelle raison ? Est-ce parce qu’avec les personnes issues de l’immigration, il faut prendre des gants, faire preuve d’une plus grande indulgence ? Cette attitude teintée de misérabilisme est un réel poison pour le fonctionnement de notre société. Le jour où l’on osera critiquer de la même manière, sur ses compétences, tout Français, quelle que soit son ascendance, ce jour-là nous aurons gagné une belle manche dans le match de l’intégration.

    Rama Yade occupe, elle, un poste dans le monde de la diplomatie qui exige une grande maturité et de sérieuses connaissances géopolitiques et culturelles. Des rares lieux où elle s’est rendue pour représenter la France, les seuls commentaires qui nous sont revenus sont qu’elle est « jeune et jolie ». C’est bien agréable et flatteur, mais encore ? Dispose-t-elle d’autres qualités dans le cadre de ses fonctions, que l’on nous cacherait soigneusement ?

    Contrairement à ce qui s’est sournoisement institué sous nos tropiques, il est pourtant essentiel d’éviter le recrutement sur le critère de la couleur de peau ou de l’origine ethnique. Bien sûr, nul n’est jamais à l’abri d’une erreur dans la composition d’une équipe, mais lorsque cette équipe a été constituée sur des bases ethniques ou raciales, l’erreur risque alors de faire rejaillir le discrédit sur toutes les personnes qui partagent le critère utilisé lors du recrutement. Pour citer un nouvel exemple et montrer que ce phénomène est très banal, je m’appuierai sur ma connaissance du monde des grandes écoles. Lorsque vous êtes diplômé d’une école, et que l’on vous a recruté à ce titre, vous portez de ce fait une grande responsabilité vis-à-vis de vos camarades d’école : si votre employeur est enthousiasmé par vos compétences, il gardera de vous et de votre école une image très positive, ce qui le poussera d’emblée à une attitude ouverte vis-à-vis des CV qui porteront la même mention. Dans le cas contraire, une méfiance instinctive s’installera, et vos camarades de formation identique courront le risque de ne pas même se voir inviter à un entretien d’embauche.

    Il en va de même pour les personnes issues de l’immigration. Puisque les trois ministres sus-citées sont supposées faire partie de l’« élite » d’origine maghrébine et africaine, leurs « performances » vont-elles contribuer à améliorer, ou au contraire à dégrader, la perception qu’a l’opinion publique des communautés dont elles se réclament ?

    Je ne reviendrai pas sur le fait que ces nominations ne sont en réalité que des « voiles cache-misère », et qu’on ne voit pas par quel miracle elles feraient pousser des ailes à ceux des enfants de l’immigration qui posent de sérieuses difficultés à notre société. Afin d’éviter la déception, les Français ne doivent en attendre aucun résultat ; il n’y en aura guère. Car quel est le rapport de cause à effet ? Le fait que ces personnes soient propulsées au sommet du pouvoir aide-t-il en quoi que ce soit les enfants de l’immigration à combler toutes leurs lacunes, que j’ai longuement décrites dans mon livre ? À ce propos, faut-il s’étonner que malgré la nomination de Rama Yade, plusieurs dizaines de voyous d’origine africaine (150 selon la police) se soient affrontés à coups de machettes, couteaux et barres de fer dans le quartier de Pigalle à Paris dans la nuit du lundi 27 août ? Autre question : ne nous avait-on pas asséné que la loi sur la récidive avait été conçue pour dissuader les « jeunes » de passer à l’acte de délinquance ? Ces derniers jours, le gérant d’un magasin en Seine-Saint-Denis a pu lui aussi constater que ni cette loi de répression, ni l’installation de 20 caméras, n’auront réussi à dissuader des bandes de s’attaquer à son outil de travail. On ne peut pourtant pas prétendre que la loi n’a pas été suffisamment médiatisée…

    Autre question : a-t-on véritablement besoin que des membres de l’immigration récente soient « iconifiés » pour que le problème de l’intégration soit enfin résolu, et avant lui, celui de l’insertion ? N’est-ce pas plutôt lorsque les enfants de l’immigration auront réussi à acquérir et respecter les règles du bien vivre ensemble de la société française, qu’ils seront enfin reconnus comme n’étant plus un problème ? S’est-on jamais préoccupé de la nomination de ministres d’origine slave, hispanique, italienne… à l’époque où la question de l’intégration des membres de ces communautés se posait à la France ? Acceptons enfin de ne plus fuir la réalité des problèmes, si nous voulons véritablement aider les enfants issus des dernières vagues d’immigration !

    Notre classe politique devra un jour admettre que l’insertion et l’intégration sont des sujets extrêmement sérieux pour l’avenir de notre pays, et qu’à ce titre ils ne souffrent ni les simples effets d’annonce, ni les miroirs aux alouettes. Il y faudra une réflexion beaucoup plus approfondie, ainsi que des mesures dignes de mériter le qualificatif d’action politique.

    Catégories : Discrimination positive, Insertion - intégration, Politique
  • Une étude sur la délinquance des jeunes

    Une étude fort intéressante, publiée sous le titre « La mise en danger de soi et d’autrui », a été conduite par les sociologues Hugues Lagrange, Suzanne Cagliero et Franck Sina du CNRS/Sciences Po.

    L’étude s’appuie sur un échantillon de 4500 jeunes âgés de 15 à 17 ans, résidant dans les zones géographiques des Mureaux, de Mantes, de Paris 18ème et de la banlieue de Nantes, cette dernière ayant été utilisée pour inclure, dans le champ de l’étude, des jeunes Français de souche appartenant aux classes moyennes et populaires.

    Les chercheurs ont travaillé sur l’analyse des actes de délinquance répertoriés dans la liste suivante : vols ; dégradations ; bagarres ; altercations avec outrages, rébellion ou violences contre des personnes dépositaires de l’autorité.

    Voici notamment ce qu’il ressort de cette étude (selon les auteurs) :

    • Un adolescent élevé dans une famille originaire du Sahel est 7 fois plus impliqué dans les actes de délinquance, et un jeune issu de l’immigration maghrébine l’est 3 fois plus, qu’un jeune issu d’une famille française de souche ;

    • cette implication dans la délinquance s’atténue seulement de moitié en cas de bons résultats scolaires des jeunes issus de l’immigration du Maghreb ou du Sahel ;

    • cette statistique reste vraie dans tous les milieux sociaux, même quand les parents des jeunes issus de l’immigration travaillent et disposent d’une bonne situation, par exemple professeurs de lycée ou leaders d’associations.

    À la lumière des résultats obtenus dans le cadre de leur étude, les sociologues concluent, entre autres :

    • que la thèse selon laquelle les jeunes seraient d’autant plus impliqués dans la délinquance qu’ils viendraient de milieux pauvres, de parents à faible bagage scolaire, ou de structures familiales altérées, ne tient pas !

    • que, contrairement à ce qu’affirme la théorie régulièrement avancée des « orphelins de 16h », la présence de la mère au foyer n’a aucune incidence positive pour prévenir le basculement des jeunes dans la violence ou la délinquance. Au contraire, le fait que la mère travaille, même dans un emploi subalterne, aurait plutôt un effet bénéfique.

    Or, quelle explication les auteurs donnent-ils à leurs observations ? Ils avancent comme hypothèse probable la frustration engendrée par l’occupation de positions subalternes par les époux, qui se vengeraient sur leurs femmes en les humiliant, et même en les battant ; ce qui dévaloriserait ces mères et les placerait en position d’infériorité par rapport à leurs enfants, et en particulier par rapport à leurs fils. Dans ces conditions, les mères perdraient leur autorité sur leurs enfants et ne pourraient, de ce fait, en assumer convenablement l’éducation. Les auteurs de l’étude formulent l’hypothèse que lorsque les femmes immigrées résidaient dans leur pays d’origine, elles pouvaient bénéficier de la protection de leurs frères et de leurs pères, et que leurs époux ne pouvaient donc pas les frapper, comme ce serait apparemment le cas, de nos jours, en France.

    Par ailleurs, les auteurs ne croient pas que ces jeunes puissent être écartelés entre deux cultures (la culture française et celle de leur pays d’origine), et évacuent donc ce facteur des causes de glissement vers la délinquance.

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    Ce n’est pas la première fois que je constate que des chercheurs réalisent des observations fort instructives, mais que leurs tentatives d’interprétation peuvent s’avérer pour le moins hasardeuses. J’ai donc deux remarques :

    • Au Maghreb et en Afrique aussi, alors qu’elles sont entourées de leurs frères et de leurs pères, nombre de femmes sont battues, humiliées ; cela n’a donc strictement rien à voir avec la frustration que ressentiraient leurs époux occupant en France des positions subalternes dans le monde du travail. Cessons donc de toujours remettre sur le tapis la responsabilité de la société française ; cette attitude nous empêche de réfléchir, avec sérieux, à la réalité des difficultés et comment les pallier.

    • Les enfants issus de l’immigration affrontent bel et bien de dramatiques difficultés d’articulation entre la culture française et celle de leur pays d’origine, qui est, il faut le dire, celle qui leur est transmise au sein de leurs familles. Les chercheurs relèvent, et cela aurait dû leur mettre la puce à l’oreille, que dès l’âge de 7 ans, ces enfants ne se sentent pas très bien et construisent déjà un rapport négatif à l’école et à l’institution. Comme je le développe dans « Le puzzle de l’intégration », c’est pourtant là que réside une des clés de compréhension de la marginalisation de nombreux enfants de l’immigration : comment croire qu’un enfant pourra se frayer un chemin dans la société française, s’il développe dès le plus jeune âge une attitude négative vis-à-vis de l’école de la République et de son projet ? Contrairement aux enfants français de souche, cette école est le seul lieu qui pourra lui transmettre, outre le savoir académique, les règles du « bien vivre ensemble » de la société française.

    Catégories : Éducation - instruction, Insertion - intégration
  • Entretien avec Julien Landfried

    J'ai accordé un entretien à Julien Landfried, de l'Observatoire du Communautarisme.

    L'Observatoire en conclut que « Sur des sujets délicats (victimisation, discrimination positive, questions identitaires, droit du sol), Malika Sorel apporte une analyse tonique et des réponses se moquant du politiquement correct. »

    J'en profite pour vous signaler que Julien Landfried vient de publier « Contre le communautarisme », aux éditions Armand Colin. Je vous encourage à le lire !

    Catégories : Revue de presse