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laïcité

  • La loi de 2004 sur les signes religieux n’est plus suffisante

    Publié dans le Figaro papier de ce matin ainsi que sur le site du Figaro.

    TRIBUNE - Si les intentions de la loi de 2004 sur le port de signes religieux à l’école étaient louables, son application a vite été bafouée, et des mesures plus fortes sont aujourd’hui nécessaires pour faire respecter le principe de laïcité, estime l’ancienne membre du Haut Conseil à l’intégration*.

     

    La loi de 2004 pouvait-elle, à elle seule, relever le défi de l’inclusion à l’école d’une immigration de masse issue de sociétés qui avaient renoué avec la religion comme principe organisateur ?

    Le 6 février 2004, à l’Assemblée nationale, le ministre de l’Éducation nationale Luc Ferry ne fait nul mystère de la gravité du moment et s’alarme « des effets pervers que peuvent receler des conceptions dogmatiques et refermées sur elles-mêmes des appartenances communautaires, susceptibles d’avoir des conséquences négatives pour la vie de notre idéal républicain, de conduire parfois jusqu’au rejet des autres ». Il s’inquiète des chiffres du ministère de l’Intérieur qui attestent de la montée des actes de racisme et d’antisémitisme liés, pour l’essentiel, à des affrontements communautaires.

    La loi portée par Luc Ferry apporte enfin une protection aux enseignants et chefs d’établissement mais très vite, et assez régulièrement, elle se retrouve testée puis bafouée en toute impunité, envoyant ainsi le signal que l’autorité de l’État et de ses représentants peut être remise en cause, et les règles du vivre-ensemble accommodées. Malheureusement, au nom d’un « pas de vague », du « pas d’amalgame » et, disons-le, d’un cruel manque de courage politique, y compris au niveau local, lié notamment à la rapide évolution de la démographie électorale, la loi de 2004 n’a pas été aussi défendue qu’elle l’eût exigé.

     

    «Belle et forte idée de neutralité religieuse»

    Cette loi s’imposait, car depuis l’affaire dite des foulards de Creil (1989), les tentatives d’introduire le voile dans le cadre scolaire étaient récurrentes. C’est pourquoi, dès septembre 1999, Ségolène Royal alors ministre déléguée chargée de l’Enseignement scolaire, avait adressé une circulaire au personnel administratif de l’ensemble des académies pour leur rappeler que les accompagnateurs des sorties scolaires sont assimilés aux membres de l’enseignement public, et que le principe de laïcité doit donc être respecté.

    Pourquoi toutes ces tentatives d’imposer le voile ? Parce que le statut de la femme sculpte l’identité d’un peuple, et par conséquent le projet de société qu’il porte. Le voilement n’est pas anodin. Pour l’islamologue Abdelwahab Meddeb, « la prescription qui impose le voile aux femmes émane de la société en laquelle est né l’islam il y a quinze siècles, une société patriarcale et endogame, phallocratique, misogyne, construite sur la séparation des sexes, sur une hiérarchie des genres » et « le hidjab est rien qu’en lui-même une atteinte au principe de l’égalité et de la dignité partagées entre les sexes ». Comment alors expliquer les décisions du Conseil d’État en la matière, ou encore l’attitude de certaines femmes qui osent se réclamer du féminisme ?

    En 2011, le Haut Conseil à l’intégration dresse le constat d’une école sous pression communautariste, où la religion s’invite, où la contestation peut aller jusqu’au rejet de la langue française. Les tensions qui s’exacerbent dans l’enseignement supérieur l’amènent à recommander d’y étendre la loi de 2004, dans le but de pacifier les relations interétudiants et étudiants-professeurs. Cela lui vaudra d’être dissous par le président Hollande, qui opte pour la stratégie de l’autruche ; ce même président qui parlera plus tard de « partition ».

    Ce n’est pas la France qui a inventé cette belle et forte idée de neutralité religieuse qui se révèle si précieuse pour assurer une bonne convivance. Le philosophe anglais John Locke l’érige, dès 1686, en principe de gouvernement des hommes. Locke combat la possibilité d’une identification au travers de signes religieux. Il estime « dangereux qu’un grand nombre d’hommes manifestent ainsi leur singularité » car « il peut s’agir d’un signe de ralliement susceptible de donner aux hommes l’occasion de se compter, de connaître leurs forces, de s’encourager les uns les autres et de s’unir promptement en toutes circonstances ». En toute sagesse, il tire les leçons de décennies de guerre de Religion dont l’Europe émerge à peine.

     

    «Garantir les conditions de transmission des savoirs»

    Contrairement à ce qui est propagé, la responsabilité de la situation n’est pas imputable aux seuls Frères musulmans et salafistes. Le problème est plus profond et résulte de causes multiples, notamment la pusillanimité de l’État à défendre la République, et le fait que l’islam est « la religion qui a le plus complètement confondu et entremêlé les deux puissances, le politique et le religieux » (Tocqueville). C’est à l’intérieur des familles que, souvent, les difficultés d’articulation avec le projet de l’école prennent racine.

    L’intégration culturelle nécessitait de créer les conditions d’une émancipation apte à faire éclore le libre arbitre et la liberté de pensée. Pour ce faire, il convenait de restreindre les flux migratoires d’une même origine culturelle, et de renoncer à délivrer la nationalité en cas de doute quant à l’assimilation, pour éviter de nourrir un sentiment d’impunité. Persister à vouloir organiser une communauté autour d’un culte est par ailleurs une erreur politique lourde de conséquences. La loi de 2004 était donc nécessaire, indispensable, mais pas suffisante.

    Garantir les conditions de transmission des savoirs exige une union sacrée autour de la laïcité, principe républicain pilier de la liberté, de l’égalité et de la fraternité. Il existe en effet un continuum entre le rejet de la laïcité, puis de certains enseignements et pour finir, les pressions exercées sur les enseignants dont la moitié s’autocensurent par peur de leurs élèves, ce que l’on peut comprendre au regard des 100.000 qui, chaque année, sont victimes de menaces, voire d’agressions (rapport du Sénat, mars 2024).

    Il serait vain de se voiler la face ; le redressement sera ardu. Pour préserver la concorde civile, nous n’avons d’autre choix que de réussir. Comme l’exprime Charles de Gaulle en 1920 devant de jeunes officiers, un coup de chance et d’audace peut détourner le cours des événements. Il y a des heures où la volonté de quelques hommes brise le déterminisme et ouvre de nouvelles voies.

  • Public Sénat : l'école cible du terrorisme

    À l'invitation de la journaliste Oriane Mancini, j'ai participé à un débat dans le cadre de la matinale d'hier matin. En voici le thème tel que publié sur le site de Public Sénat :

    "Quelques jours après l'attentat qui a fait un mort et plusieurs blessés dans un lycée à Arras, le ministre de l'Éducation nationale Gabriel Attal a lancé une enquête sur la sécurisation des écoles, collèges et lycées auprès des chefs d'établissements. Pour éviter ce type d'intrusion, certains établissements ont déjà commencé à installer des portiques de sécurité pour filtrer élèves et professeurs.

    Le gouvernement a mis en œuvre une série de mesures et de directives pour renforcer la sécurité des établissements scolaires et de la communauté éducative. Les professeurs sont-ils suffisamment protégés ?

    L'école peut-elle redevenir un sanctuaire ?

    La laïcité est-elle en danger ?

    La fermeté de G. Attal est-elle suffisante dans le combat contre l’islamisme ?"

    Pour moi, bunkeriser les établissements scolaires ne servira à pas grand chose, mais coûtera "un pognon de dingue" qui serait bien utile pour enrayer la chute vertigineuse de la France attestée dans les classements internationaux tels que Timms pour les maths.

    D'ailleurs, l'assassinat de Dominique Bernard s'est produit à l'extérieur de l'établissement.

    Bunkeriser, c'est réagir en aval alors même que ce sont les causes qu'il convient de traiter. Je le dis depuis fort longtemps. J'ai prêché dans le désert car comme le dit si bien le proverbe, "il n'est pire sourd que celui qui ne veut pas entendre".

    Bien sûr, comme chaque fois que j'interviens, j'ai dit ce qu'il convenait de faire et quels étaient les vrais acteurs à adresser.

    Catégories : Revue de presse
  • Abaya. Participation au plateau de l'émission BFM Story

    J'ai participé à un débat sur BFM pour évoquer la décision du nouveau Ministre de l'Éducation nationale Gabriel Attal d'interdire de nouveaux signes religieux.

    J'ai rappelé que l'abaya était apparue depuis longtemps puisque nous l'avions mentionnée dans un rapport de 2012 du Haut Conseil à l'intégration, et que les différents ministres de l'Éducation nationale n'avaient rien fait...

    J'apporte, en tant qu'ancienne membre du Haut Conseil à l'intégration, mon soutien plein et entier à Gabriel Attal. Il démontre que si le politique veut, le politique peut.

    Voici des éléments que j'ai évoqués à l'antenne, et d'autres dont j'ai dit que je les posterai en ligne car étant coupée, interrompue sur le plateau :

    ---> Extrait de notre rapport du Haut Conseil à l'intégration daté de 2012 où l'abaya était déjà évoquée :

    "Dans le second degré, confrontés à l'apparition de longues robes, référencées sur certains sites à caractère religieux sous le nom d'abayas, certains établissements acceptent le port de cette tenue en leur sein, d'autres non, beaucoup s'interrogent. Il ne fait pourtant aucun doute que celle-ci manifeste ostensiblement une appartenance religieuse et qu'elle entre donc, pour les établissements du second degré, dans le champ d'application de la loi de 2004 "

    ---> Gilles Kepel   : «Durant les années 1990, les dirigeants des organisations islamiques politiques issues des Frères musulman se sont focalisés sur la controverse du hijab à l'école qui leur paraissait la plus propice à faire émerger en France une communauté militante sous leur houlette »

    ---> Tahar Ben Jelloun (France culture. sept 2016) : « L’islam ne changera jamais mais ce sont les musulmans qui devront changer leur attitude, leur comportement, leur façon de vivre leur religion. (...) Être Français ce n’est pas uniquement avoir un passeport, c’est épouser les valeurs essentielles, fondamentales de la République. (...) Le corps de la femme est le principal objet de fixation chez certains musulmans qu’ils soient chiites ou sunnites. C’est pour cela qu’on cherche à ce que le corps des femmes ne s’exprime pas, qu’il ne se dévoile pas, qu’il ne soit pas libre. Alors, on le cache »

    ---> L’islamologue Abdelwahab Meddeb (le Monde décembre 2009) : « Il n’y a pas de différence de nature ni de structure mais de degré et d’intensité entre burqa et hijâb, lequel  est rien qu’en lui-même une atteinte au principe de l’égalité et de la dignité partagées entre les sexes (...) L’atteinte à l’égalité est patente, elle est manifeste dans le verset coranique qui constitue une des références scripturaires qui sont à l’origine du commandement du voile : il s’agit
    du verset 31 de la sourate XXIV, lequel crée la dissymétrie au détriment des femmes »

    ---> Enseignants qui s’auto-censurent en classe. 40% déclarent s'autocensurer pour ne pas créer de problèmes avec les élèves. Et dans les ZEP (Zones d’Éducation Prioritaires), ils sont plus de 50 %. à s’auto censurer (l'Ifop sept 2020).

    --->  74% des musulmans de moins de 25 ans déclarent « faire passer leurs convictions religieuses avant les valeurs de la République » – alors qu'ils sont 25% pour les 35 ans et plus. (IFOP août 2020)

    Ces simples chiffres sur l'évolution entre les moins de 25 ans et les 35 ans et plus démontrent l'échec patent des politiques qui ont été conduites ces dernières décennies. Comment aurait-il pu en aller autrement dans la mesure où elles étaient basées sur un diagnostic faux, sur des analyses fausses !!! 

    Catégories : Revue de presse
  • Émission “Parlons Vrai chez Bourdin”

    J’étais l’invitée de Jean-Jacques Bourdin sur Sud Radio pour débattre avec Samuel Grzybowski, fondateur du mouvement Coexister, du sujet “Atteinte à la laïcité à l’école : comment freiner le phénomène ?”

     

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