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  • Combien l’État consacre-t-il à la politique d’immigration ?

    Aussi étrange que cela puisse paraître, il ne me semble pas que cette question pourtant cruciale, car elle concerne directement la capacité d’accueil, d’insertion et d’intégration de la France, ait jamais été abordée de manière totalement transparente. Pourtant, depuis trente ans, l’État français (qu’il soit incarné par la droite ou par la gauche) est accusé de ne rien faire, ou au mieux de ne pas faire suffisamment. Puisque l’État ne réagit pas aux attaques, son silence tend à accréditer cette thèse aux yeux des citoyens. Mais pour se permettre de porter une telle attaque, ses accusateurs disposent forcément de données chiffrées : il est maintenant nécessaire qu’ils les communiquent à l’opinion publique. Leur responsabilité est en effet pleinement engagée, car la haine que nous voyons se déployer contre notre société, et surtout contre ceux qui l’incarnent (policiers, gendarmes, pompiers, enseignants, médecins…), puise une partie de sa force dans ces accusations que propagent de nombreuses associations, des intellectuels, mais malheureusement aussi des femmes et des hommes politiques.

    Des études ont déjà été menées sur cette question budgétaire, et les chiffres avancés par différents chercheurs convergent dans leurs ordres de grandeur. Quels sont-ils ?

    Lorsque l’on calcule la différence entre les dépenses consenties par l’État et les recettes qu’il a récoltées au poste « immigrés et populations issues des dernières vagues d’immigration », on obtient un déficit d’environ 24 milliards d’euros par an. À ce chiffre qui constitue un perte nette, il convient d’ajouter 12 milliards d’euros par an pour la politique d’intégration, qui inclut entre autres l’éducation, le logement, la santé, la politique de la ville. Ce dernier montant constitue un investissement dont on espère qu’il produira des résultats en termes d’intégration. Au total, l’État débourse donc en moyenne 36 milliards d’euros par an pour sa politique d’immigration-insertion-intégration. D’aucuns diront que ce n’est rien ; je considère pour ma part que ce chiffre est vertigineux !

    Je suis convaincue que l’État, quelle que soit sa couleur politique, gagnerait grandement à rendre publique la réalité de l’ampleur de sa mobilisation sur cette question. Cela contribuerait à dissiper un certain nombre de malentendus, et aiderait à la construction du fameux socle de reconnaissance que j’ai souvent évoqué, et qui marque la nette différence entre les descendants de l’immigration intra-européenne et ceux de l’immigration extra-européenne. Dire la vérité diluerait grandement le poison de la haine que les accusateurs de l’État ont injectée dans le cœur des populations issues de l’immigration maghrébine et africaine.

    À ceux qui souhaitent connaître le détail des chiffres, je recommande la lecture de l’ouvrage L’immigration, ça coûte ou ça rapporte ? de l’expert international Jean-Paul Gourévitch, aux éditions Larousse. Quant à ceux qui contesteraient la réalité de ces chiffres, c’est simple, qu’ils fournissent les leurs ! Avec bien entendu, comme le font les chercheurs dignes de confiance, leur ventilation par poste et leurs méthodes de calcul.

    Catégories : Immigration, Insertion - intégration
  • De la violence en milieu scolaire

    À écouter absolument ! Répliques d'Alain Finkielkraut du samedi 27 mars 2010.

    Pour ceux qui ont lu Le puzzle de l’intégration, vous noterez, à l’écoute de l’émission, que j’avais déjà presque tout décortiqué dans mon ouvrage. J’y avais même proposé l’ensemble des solutions qu’il était urgent de mettre en œuvre. Véronique Bouzou a signé son livre « Ces profs qu’on assassine » ; c’est en réalité la France qu’on assassine, et il est grand temps que les Français le réalisent, car l’Histoire pourrait bien les qualifier de complices de ce crime. Que cette complicité soit passive ou active, peu importe, car le résultat est le même !

     
    Véronique Bouzou
    Ces profs qu’on assassine
    J.C-Gawsewitch - avril 2009
     

    Ces profs qu’on assassine

    « Ménage-toi ou tu vas finir à la Verrière ! » Cet avertissement, c’est un professeur qui l’adresse à un collègue au bout du rouleau. La Verrière est un hôpital psychiatrique qui accueille des enseignants en dépression ou atteints de névroses en tout genre. Des murs de l’école à ceux de l’asile, il n’y a souvent qu’un pas…

    Régulièrement agressés verbalement, physiquement, abandonnés par leur hiérarchie, traînés devant les tribunaux, les enseignants sont aujourd’hui à bout de forces. Le taux élevé de suicides dans la profession témoigne de ce mal-être. Alors que les médias se font l’écho de ces événements tragiques, le désespoir des enseignants demeure un sujet tabou dans l’Éducation nationale.

    Professeur de français depuis douze ans en zone dite « sensible », Véronique Bouzou tire la sonnette d’alarme. À travers une enquête menée sur le terrain, elle cherche à expliquer les désarrois du corps enseignant plus que jamais démobilisé, en quête de repères.

    Catégories : Éducation - instruction, Insertion - intégration
  • Les yeux grands fermés

    Selon la presse, le Premier ministre souhaitait un large remaniement. Au vu du sévère avertissement que le corps électoral vient d’adresser au pouvoir politique, et l’abstention en est un témoin majeur, c’eût été en effet la moindre des choses. Mais le Président de la République, qui connaît peut-être la loi de conservation de la masse de Lavoisier, a choisi de l’appliquer à la lettre : « Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme ». Les Français ont donc eu droit à un petit jeu de chaises musicales, jolie expression qui désigne en réalité le recyclage du personnel politique, dont la France est la principale victime depuis des décennies ; jeu de chaises également assorti de la récupération de personnalités identifiées comme des opposantes, stratégie éculée qui vise à en diluer le « venin ». Pour la rupture attendue depuis 2007, le peuple français patientera encore. Selon le Figaro, « l’UMP s’est félicité du remaniement Fillon, saluant la “volonté de l’exécutif de rassembler toutes les sensibilités de la majorité présidentielle” ». Ce remaniement ne concernait donc pas du tout la France et les Français, mais bien uniquement l’UMP et ses courants internes…

    J’ai une petite pensée pour Xavier Darcos. La culture est en effet si peu répandue dans ce monde politique, que cela me fait toujours bien de la peine de voir partir un lettré !

    Je souhaite à présent mentionner la sortie du livre que vient de publier Michèle Tribalat, démographe et directrice de recherche à l’Ined : Les Yeux grands fermés, L’immigration en France.

    Voici quelque extraits d’un entretien que Michèle Tribalat a accordé à l’Express.

    Michèle Tribalat : Pouvoirs publics, médias, experts n’inventent pas des chiffres, mais ils privilégient les instruments qui relativisent l’immigration et présentent ses effets sous un jour favorable ou, lorsque ce n’est pas possible, qui mettent les immigrés ou leurs descendants en position de victimes.

    L’Express : Pourtant l’immigration est, selon de nombreux observateurs, utile à notre économie ?

    Michèle Tribalat : C’est ce que l’on nous martèle de tous côtés, mais je n’ai pas lu beaucoup d’études traitant de la question en France. Cette insistance contraste avec le silence assourdissant qui a accueilli le rapport du CAE, silence qui montre le peu d’intérêt pour la réalité, ou tout au moins pour un diagnostic éclairé. Et les études qui sont disponibles, souvent réalisées aux États-Unis ou au Royaume-Uni, ne mettent pas en avant une augmentation décisive du produit intérieur brut [PIB] par habitant due à l’immigration. Les nombreuses études étrangères s’accordent généralement pour constater un effet négatif sur les plus bas salaires lorsque l’immigration est faiblement qualifiée. […]

    Michèle Tribalat : L’immigration familiale a changé : elle n’accompagne plus à distance, comme autrefois, le flux d’entrées de travailleurs. Elle comprend désormais des unions dites mixtes entre Français et étrangers, dans lesquelles le conjoint français est bien souvent d’origine étrangère. Ces unions ouvrent ainsi un droit à immigrer à un étranger qui vient du même pays que celui des parents de son conjoint français.

    L’Express : Un débat sur l’immigration est donc impossible ?

    Michèle Tribalat : Il est difficile. C’est sans doute en partie lié au passé (colonisation, Shoah…). Je crois aussi que nous n’avons pas, comme les anglo-saxons, le culte de la libre expression. Ce n’est pas, chez nous, une question fondamentale. Au Royaume-Uni, par exemple, même si le débat est virulent, des positions divergentes peuvent s’exprimer. En France, s’interroger sur les bienfaits annoncés comme inévitables de l’immigration, c’est déjà pécher. Être en faveur d’une politique migratoire plus restrictive est forcément répréhensible. On fait alors immédiatement partie des “méchants” qui ne veulent pas accueillir des malheureux, et l’accusation de racisme n’est jamais bien loin. Nous n’avons pas le goût de la vérité.

    Vous pouvez lire l’intégralité de l’entretien sur le site de l’Express. Michèle Tribalat fait partie des personnes à lire, et dont les analyses méritent d'être largement relayées.

    Catégories : Immigration, Insertion - intégration, Politique
  • Identité nationale : levons les tabous !

    Merci au Figaro, qui m’a autorisée à reproduire mon article publié dans ses colonnes en date du 13/03/2010, dans sa rubrique « Débats et Opinions ».

    Identité nationale : levons les tabous !

    La France s’est construite en intégrant l’apport de ses migrants et de leurs descendants. Ces derniers ont contribué à faire vivre les principes fondamentaux du peuple français. Aujourd’hui, défiant tout bon sens, on voudrait persuader les Français que nul lien n’existerait entre identité française et immigration, alors même que le niveau des flux migratoires est sans précédent ? Qu’est-ce qui pousse alors notre classe politique à vouloir contourner nos principes fondamentaux si ce n’est la conviction, fausse au demeurant, que l’intégration des flux migratoires extra-européens ne pourra réussir sans le renoncement à des marqueurs essentiels de l’identité française ?

    L’identité possède une vérité charnelle qui se décline au quotidien en une myriade d’attitudes, et surtout en un regard porté sur les autres et sur le monde. Les principes qu’un peuple érige en fondamentaux sculptent son identité. Ce sont eux qui lui confèrent sa singularité et en font le peuple qu’il est, et pas un autre. Ce sont autant de marqueurs que les parents transmettent à leurs enfants, au travers de la vie familiale, le plus souvent de manière tout à fait inconsciente. Ces marqueurs entrent systématiquement en jeu dans l’élaboration du projet collectif, celui qui dessine le modèle de société. Ils interviennent également lorsqu’il s’agit ensuite d’appliquer et de respecter ce projet. Aussi est-il légitime que les Français s’interrogent sur le contenu de leur identité, à un moment où chacun de ses éléments constitutifs est remis en cause. Quels principes et quelles valeurs pour bâtir le socle de notre société de demain ? Cette question n’est pas secondaire ; elle est majeure.

    Est-il rationnel d’espérer faciliter l’intégration de descendants d’immigrés en envoyant dans le même temps, à l’opinion publique, une multitude de signes qui suggèrent que cette immigration, même à la troisième ou quatrième génération, ne serait pas intégrable à la communauté nationale ? C’est pour elle que l’ensemble de l’échiquier politique tente en effet, depuis de nombreuses années, de retourner la maison France de la cave au grenier : affaiblissement continu des programmes et des exigences scolaires ; tentatives d’élimination de l’excellence dans notre système éducatif ; assauts répétés contre le principe d’Égalité ; suppression des épreuves de culture générale dans les concours administratifs ; abandon des classes moyennes au profit quasi-exclusif des classes défavorisées…

    C’est dans la difficulté d’articulation entre l’univers familial et celui de l’école que prennent racine la plupart des obstacles que rencontrent les enfants de l’immigration. Au lieu de s’employer à dégrader le contenu des savoirs et le niveau d’exigence en compétences comportementales, les pouvoirs publics serviraient l’intérêt général en aidant ces enfants à acquérir les éléments de culture française qui leur permettront de surmonter ces obstacles. En effet, lorsque ces derniers deviennent infranchissables, ils placent systématiquement l’enfant dans l’incapacité d’assumer son rôle d’élève, et le poussent même parfois à empêcher ceux qui l’entourent d’assumer le leur. C’est en maternelle-CP-CE1 que les moyens doivent être intensifiés, car c’est là que l’effet de levier est le plus important. Les graines de l’ouverture à d’autres possibles doivent être semées au plus tôt afin d’en maximiser les chances de germination. La transmission culturelle remplit deux missions : elle permet aux enfants d’intérioriser les principes de notre société en vue de réussir leur insertion, et elle leur permet également de se construire, jour après jour, des points d’accroche affectifs avec la France. C’est ce lien affectif qui les aidera à surmonter les douloureuses tensions identitaires dont ils seront inévitablement le siège, s’ils décident un jour de s’intégrer à la communauté française. Se préoccuper du sort de ces enfants à l’entrée au collège est voué à l’échec, car la grande majorité ne sera déjà plus réceptive au pacte proposé. Il faut être bien ignorant de la réalité de leur détresse, ou bien vouloir en tirer un profit personnel, pour véhiculer l’idée que la fabrication d’une élite originaire du Maghreb ou d’Afrique pourrait faire pousser à ces enfants les ailes de la réussite.

    Mais qu’attend au juste notre société des migrants et de leurs descendants ? Qu’ils s’insèrent dans notre société en respectant les règles de vie et d’organisation, ou bien qu’ils s’intègrent à la communauté nationale en participant à faire valoir l’héritage que les Français ont reçu indivis ? Si la première option est décrétable, la seconde, qui se joue entièrement sur le registre affectif et moral, ne l’est pas et ne pourra jamais l’être. La France devrait le savoir, elle qui s’est longtemps hasardée à vouloir apporter la preuve du contraire en Algérie, avec les drames que l’on sait. Mais une chose est certaine : ce n’est ni en prônant le culte de la différence, ni en encourageant les individus à se rattacher à des communautés particulières, ni en présentant le peuple français comme un peuple qui rejette et discrimine, que l’on cultivera la volonté d’insertion, et encore moins le désir d’intégration. Notre société récolte désormais les fruits de la haine que ces approches ont semée dans le cœur des enfants de l’immigration.

    Un certain nombre de conditions doivent être respectées pour qu’un ensemble d’individus puissent continuer de former un peuple capable de construire et porter un projet politique commun. Ernest Renan les avait recensées ; parmi elles : la fusion des populations ; le désir de vivre ensemble ; la volonté de continuer à faire valoir l’héritage qu’on a reçu indivis ; le partage d’un long passé d’efforts, de sacrifices et de dévouements ; le culte des ancêtres…, résumées en une phrase restée célèbre : « l’existence d’une nation est un plébiscite de tous les jours ». Ce plébiscite, les enfants de l’immigration peuvent à leur tour y participer et se fondre dans la France de demain, une France réconciliée autour de ses valeurs de liberté, d’égalité, de fraternité et de laïcité.

    Catégories : Identité, Revue de presse