Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Le blog de Malika Sorel - Page 28

  • "Ces deux angles morts majeurs de la loi sur le séparatisme"

    logo_marianne.png

    Malika Sorel-Sutter, prix « Honneur et Patrie » de la Société des membres de la Légion d’Honneur pour « Décomposition française » (Fayard) et ancien membre du Haut Conseil à l’Intégration, analyse les faiblesses du projet de loi sur le « séparatisme ».

    Le projet de loi confortant le respect des principes de la République comporte quelques mesures intéressantes, notamment celles qui ont pour objet un meilleur contrôle des associations. En vérité, la question à l’aune de laquelle doit être jugé le projet de loi confortant les principes de la République est de savoir si son application aurait pu éviter « les tensions observées dans la société française et susceptibles de menacer l’unité de la Nation », selon les termes de l’avis rendu par le Conseil d’État.

    DES ANGLES MORTS

    Or ce projet de loi laisse de côté deux points majeurs qui participent à sculpter les contours du séparatisme. Le premier a trait à la hiérarchie entre la loi des hommes et les commandements religieux dans la gestion des affaires de la cité. C’est là que réside la véritable scission entre les sociétés laïques et celles qui ne le sont pas, et c’est pourquoi le président égyptien Al-Sissi, lors de sa venue en France, a déclaré que « les valeurs religieuses doivent avoir la suprématie sur les valeurs humaines. » L’Égypte, parce qu’elle abrite l’institution Al-Azhar qui rappelle ce qui doit être, occupe un rang particulier aux yeux de la rue musulmane. En France, 57 % des jeunes musulmans pensent que la charia est plus importante que la République (Ifop, nov. 2020). Pourtant, dans ce projet de loi, aucune mention du rôle que les parents doivent jouer. Or nous savons à quel point la période de la toute petite enfance, au travers des liens précoces, joue un rôle déterminant dans le processus d’apprentissage des normes et connaissances.

    Le deuxième point, c’est la perception du corps de la femme dont découle, en bonne part, son statut. Comme l’avait identifié Emmanuel Todd dans Le destin des immigrés, « le statut de la femme, bas ou élevé, est essentiel car il définit en lui-même un aspect de l’existence sur lequel les peuples ne sont guère prêts à transiger ». Nous sommes là au cœur de la problématique de l’identité. Comme le précise le chef de l’État aux Mureaux, où il expose sa stratégie qui « tourne autour de cinq piliers principaux » – allusion manifeste aux cinq piliers de l’Islam –, une série de « dérives se sont produites » de la part d’« agents qui exercent des services délégués par la commune, par le département, par l'État ; et donc qui portent ces signes dans le cadre de leurs missions. » Le projet de loi s’ouvre sur l’extension de l’obligation de neutralité à toute entité chargée de l’exécution d’un service public. L’accompagnement des sorties scolaires par les parents n’étant pas mentionné, il est légitime d’en déduire que ces sorties sortent désormais du cadre du service public de l’Éducation nationale. Il convient donc de les retirer de la scolarité.

    "Dans ce projet de loi, pas un traître mot sur l’immigration, hormis une mention relative aux polygames"

    Dans son discours aux Mureaux, le Président a parlé de la « concentration de populations souvent en fonction de leurs origines, de leurs milieux sociaux. » Aussi, le projet de loi comporte des « dispositions relatives à la mixité sociale dans les logements » pour retirer aux maires certaines prérogatives au profit du gouvernement, habilité à intervenir par ordonnances. C’est le durcissement de la loi SRU de décembre 2000. Comment une telle situation, devenue insoluble, a-t-elle bien pu advenir alors même que les conséquences des flux migratoires sont parfaitement connues depuis 40 ans ? En témoignent les propos de 1981 de Georges Marchais, secrétaire général du Parti communiste. Il évoquait « les charges d’aide sociale nécessaires qui deviennent insupportables pour les budgets des communes », et des « familles aux traditions, aux langues, aux façons de vivre différentes », rendant « difficiles leurs relations avec les Français. » Sa proposition ? « Stopper l’immigration officielle et clandestine. » Or, dans ce projet de loi, pas un traître mot sur l’immigration, hormis une mention relative aux polygames.

    ABANDON DE L'ASSIMILATION

    Reprenant à son compte l’antienne selon laquelle la provenance des fonds qui financent les cultes constitue l’alpha et l’omega, le Président expose son stratagème : renforcer le contrôle des associations à activités cultuelles ayant fait le choix du régime prévu par la loi 1901, afin de les faire « basculer vers le régime prévu par la loi de 1905, à la fois plus avantageuse fiscalement et davantage contrôlée sur les plans des financements venant de l'étranger ». Lorsque les financements seront devenus entièrement locaux, et même en partie publics grâce à d’avantageuses exemptions fiscales, les Français constateront que le problème demeure entier. Le vœu du Président trouve sa traduction dans le titre II du projet de loi. Les dits avantages sont nombreux : pas de droits de mutation sur les donations et legs, exonération de la taxe foncière pour les édifices de culte, forte réduction d’impôt sur les dons des particuliers, possibilité pour l’État et les communes de garantir des emprunts et d’octroyer des baux emphytéotiques au loyer symbolique. À noter qu’un certain nombre de ces libéralités ont été introduites par la loi du 23 juillet 1987 sur le mécénat. Peut-on, en toute honnêteté, persister à parler de « neutralité de l’État » ?

    "Le Président n’en serait pas à parler « séparatisme », si l’État avait respecté le Code civil qui posait l’assimilation comme prérequis à toute attribution de la citoyenneté"

    Comment en est-on arrivé là ? Au fil du temps, les principes fondamentaux de la République sont devenus des variables d’ajustement, l’évolution de la démographie électorale dictant aux politiques leurs actions et décisions. Le Président n’en serait pas à parler « séparatisme » ni, avant lui, François Hollande de « partition », si l’État – hauts fonctionnaires et élites politiques nationales indubitablement associés dans cette affaire – avait respecté le Code civil qui posait l’assimilation comme prérequis à toute attribution de la citoyenneté. Ce projet de loi laissant soigneusement de côté cette clé de voûte de la nation prépare, sans l’ombre d’un doute, une loi stérile.

    En s’amputant de sa capacité à agir dans le respect du seul intérêt général, qui plus est lorsqu’il s’agit de cohésion nationale, les élites se sont dépossédées de l’indispensable légitimité sans laquelle gouverner en démocratie devient impossible. Ernest Renan, dont j’ai souvent cité le brillant discours sur la nation, aura oublié un élément de taille. Pour que le culte des ancêtres soit « de tous le plus légitime », il y faut des conditions : quel « passé héroïque », et quelle « gloire » ?

    Lorsque Marc Bloch proclame « la France, la patrie dont je ne saurais déraciner mon cœur… j’ai bu aux sources de sa culture. J’ai fait mien son passé… », et mieux encore : « je me suis efforcé, à mon tour, de la défendre de mon mieux », il définit ce qu’être Français signifie, et trace assurément les lignes du véritable séparatisme, lequel transcende l’ethnie et la race. Dans ce portrait esquissé par Marc Bloch, on serait bien en peine de reconnaître les traits de ceux qui, à l’instar de certaines élites, font le procès de la France, accablent son passé, exigent qu’elle fasse repentance et nourrissent ainsi contre elle, jour après jour, le ressentiment d'une part des enfants de l’immigration.

    Catégories : Éducation - instruction, Identité, Immigration, Insertion - intégration, Politique, Revue de presse
  • Joyeux Noël aux Chrétiens d'Occident

    Une fois l'an, il est devenu usuel de lire ou entendre d'aucuns avoir une pensée pour les Chrétiens d'Orient frappés par la tragédie que nous savons, et verser une larme avant de s'en aller, pour certains, faire ripaille. Moi, c'est aux Chrétiens d'Occident que je pense. Je vis dans le regret de n'avoir pu faire davantage. Ce sont les Français qui, par leur choix, en ont décidé ainsi...

    Je suis née à Marseille et ai grandi dans ses faubourgs. J'en ai conservé un petit accent qui s'entend sitôt que mon débit de parole s'accélère. Aussi, en cette veillée de Noël, j'ai choisi de vous offrir le Santa Maria de Mireille Mathieu, enfant de la Provence, un chant que nous écoutions lorsque j'étais enfant. Un chant d'une infinie beauté et majesté, tout comme Miss Provence April Benayoum.

     

    Santa Maria de la mer

    La statue regarde la mer qui vagabonde
    Sous le bleu d'un ciel sans hiver au bout du monde
    Et la mère qui porte l'enfant a le cœur tendre
    Aux prières des paysans qui lui demandent

    Plein de pluie sur nos plaines
    Santa Maria
    Plein de blé sur nos terres
    Dans nos maisons plein de fleurs
    Protégez ceux que j'aime
    Santa Maria
    Donnez-leur la lumière
    D'un sourire au cœur

    La statue a des amoureux pleins de promesse
    Et parfois je la prie des yeux quand tu me blesses
    Et la mère qui porte l'enfant n'a qu'une histoire
    Et c'est celle de tous ces gens venus pour croire.

    Plein de pluie sur nos plaines
    Santa Maria
    Plein de blé sur nos terres
    Dans nos maisons plein de fleurs
    Protégez ceux que j'aime
    Santa Maria
    Donnez-leur la lumière
    D'un sourire au cœur

    Plein de pluie sur nos plaines
    Santa Maria
    Plein de blé sur nos terres
    Dans nos maisons plein de fleurs
    Protégez ceux que j'aime
    Santa Maria
    Donnez-leur la lumière
    D'un sourire au cœur
    Donnez-leur la lumière
    D'un sourire au cœur

  • Emmanuel Macron commet une grave erreur dans sa stratégie face à l’islamisme

    Entretien publié sur Atlantico le 30 octobre 2020.

    Alors que les tensions sont vives entre la France et la Turquie, Emmanuel Macron poursuit la lutte contre le séparatisme et a défendu le droit à la caricature. Le président de la République devrait-il faire évoluer sa communication et sa réaction face à l'attitude de Recep Tayyip Erdogan ? La stratégie de la tension est-elle une solution viable ?

    Atlantico : Dans un entretien sur France info au sujet des propos tenus à l'encontre du Président Macron par Recep Tayyip Erdogan, Hakim El Karoui conseille à Emmanuel Macron d'adopter une stratégie de la tension. Pour Hakim El Karoui : "Erdogan a désigné Macron comme son ennemi, il est obligé de répondre (...) Avec cette stratégie de la tension, il faut répondre par la tension." dit Hakim El Karoui. Conseilleriez-vous la même chose au Président Macron ?

    Malika Sorel : Cette stratégie de la tension laisse de côté les véritables causes de notre vulnérabilité. Comment en est-on arrivé au fait de craindre qu’un étranger puisse exercer une influence sur notre territoire, avec, à la clé, l’éventualité de répercussions directes et de proximité ? C’est là la question, et c’est sur ce registre que la stratégie de la riposte doit être conduite. Je renvoie ici le lecteur à la distinction que j’établis entre insertion, intégration et assimilation. Dans « Décomposition française », je passe aussi en revue la liste des erreurs politiques qui ont été commises depuis le début des années quatre-vingt dix. Des erreurs qui se sont perpétuées au fil du temps et qui, malheureusement, s’accentuent à présent.

    Instaurer un « duel » avec Recep Tayyip Erdogan, c'est participer à instituer le Président turc, aux yeux et dans l'esprit de la rue du monde musulman, comme un guide potentiel. Il faut savoir que depuis toujours, le monde musulman vit dans la nostalgie de l’apogée de sa puissance incarnée par un monde unifié, un empire, un califat, sur lequel ont régné une succession de califes et de sultans. Et cet âge d'or, dans l'esprit de la sphère civilisationnelle islamique, coïncide avec une époque où l'islam rayonnait aussi bien à l'intérieur qu'à l'extérieur. À l'intérieur de la cité, cela se traduisait par le respect, au quotidien, et depuis les premières lueurs de l'aube jusqu'au coucher du soleil, des commandements divins qui régissent les comportements des êtres jusqu'au moindre détail. Partout a persisté l'idée que la restauration de la grandeur et de la puissance passe par un retour aux sources de l'islam, à l'islam des racines, celui du début. Cette conviction se transmet au travers de l'éducation. La famille, et également l’école pour ce qui est des pays musulmans, assument ce rôle de transmission comme j'ai pu l'observer lors de mes quinze années passées en Algérie. Il faut comprendre que la puissance perdue a créé souffrances et frustrations qui se transmettent de génération en génération. C'est pourquoi chaque personnalité identifiée comme pouvant reprendre le flambeau de la restauration d'un empire ou d’un califat peut soulever la ferveur des foules. Le Président Erdogan coche plusieurs cases. Il prône la restauration d’une pratique du culte conforme à l’islam des origines qui est aussi l’objectif des Frères musulmans et des Salafistes. Les noms diffèrent pour un même objectif. Ils se distinguent simplement par leur stratégie d’atteinte de cet objectif. En août 2013, RFI avait noté « le soutien indéfectible d’Erdogan aux Frères musulmans égyptiens. » Recep Tayyip Erdogan appartient aussi à une région qui est le berceau de l’empire Ottoman. En raison de cela, bien que non arabe, il peut incarner le nouveau grand chef. Bien sûr, il sera toujours confronté à une compétition avec d’autres dirigeants arabes qui tenteront de lui barrer la route, mais il faut distinguer les dirigeants de leurs peuples. En Algérie et dans bien d’autres rues arabes sunnites, le retour de l’imam Khomeiny, bien que chiite, avait été vivement salué ; une espérance, l’espoir d’une grandeur passée restaurée.

    Êtes-vous favorable au fait que les caricatures soient montrées à tous les élèves pour participer à défendre la liberté d’expression ?

    Malika Sorel : J’établis une différence entre l’enseignant Samuel Paty qui, dans un geste spontané, s’est appuyé sur des caricatures pour évoquer notre liberté d’expression, et le fait que consigne soit donnée à l’Éducation nationale de les montrer dans toutes les classes. Les enfants sont des êtres en construction et selon leurs âges et leur vécu, ils ne disposent pas tous encore de la maturité nécessaire pour savoir prendre du recul. Il y a aussi « le poids des mots et le choc des photos », selon la formule consacrée. À présent que la décision a été prise de les montrer, il faudra les utiliser pour mettre en exergue la monstruosité de ce meurtre sur le mode de la Une de Charlie hebdo « Tout ça pour ça », et aussi les accompagner de caricatures d’autres religions pour faire réfléchir au fait que les croyants des autres religions, même s’ils se trouvent heurtés dans leurs croyances, l’expriment par le verbe et de manière posée, et ainsi les aider à apprendre à prendre du recul.

    Pensons aux temps à venir. Pour créer les conditions nécessaires pour transmettre savoir et connaissances, j’ai toujours dit et écrit qu’il était indispensable que l’école soit de nouveau sanctuarisée, et que les élèves y soient le plus possible protégés du tumulte du monde (j’y inclus les sorties scolaires). D’ailleurs, je suis résolument opposée à l’enseignement du fait religieux à l’école. En la matière, le contenu des programmes d’histoire est parfaitement suffisant. Enseigner le fait religieux dans un cours dédié fait aussitôt quitter, à une partie des élèves, leur statut d’élèves pour endosser celui de croyants. Se sentant juges ou avocats selon le thème abordé, ces derniers peuvent se trouver placés dans des situations affectives et morales difficiles à gérer car otages de conflits d’allégeance, avec des retombées potentielles sur le climat scolaire.

    Si l’on souhaite véritablement protéger la liberté d’expression, la mesure la plus efficace à prendre est de rendre systématiquement non recevables les dépôts de plaintes qui ont pour but d’empêcher que certains sujets ne soient versés au débat public, ce qui a conduit à ce que l’auto-censure règne en maître. En dehors d’appels à s’attaquer de manière physique aux personnes ou à des biens matériels – et dans ce cas là, l’anonymat doit pouvoir être levé –, aucune limitation de la liberté d’expression ne doit exister. Le débat aide le public à passer d’une opinion à une connaissance établie, étayée.

    Qu’avez-vous pensé du discours du Président de la République sur le séparatisme ?

    Malika Sorel : Dans son discours, Emmanuel Macron annonce qu'il va confier l'organisation de l'islam en France au CFCM et à l'AMIF. Le Président parle aussi d'organiser le financement du culte, en violation flagrante de la loi de 1905. Il annonce également l’intensification de l’enseignement de la langue arabe. Concernant la langue arabe, et puisque l’on parle, suite à l’assassinat de Samuel Paty, de la liberté d’expression et de la nécessité que l’école réussisse à cultiver l’esprit critique chez les élèves, je citerai ici les propos de Tahar Ben Jelloun qui rappelait que le ministère de l’Intérieur marocain, au début des années 1970, avait décidé « d’arabiser la philosophie dans l’esprit et le but d’empêcher que les Marocains apprennent à penser, à douter et à réfléchir. » (Empreintes, France 5, février 2010)

    Il faut noter au passage que les musulmans, en France, n’ont jamais demandé à ce qu’on les communautarise, qu’on institutionalise une communauté de croyants, c'est à dire une "Oumma". Il existe une forme de schizophrérie qui consiste à vouloir les instituer en communauté et, en même temps, leur faire un procès en communautarisme. De même, on leur demande de s’émanciper, de devenir des êtres autonomes dotés d’un esprit critique et, en même temps, aussitôt que se produit un attentat, de réagir au nom d’une communauté à laquelle il sont assignés et renvoyés dans un réflexe automatique – présupposé qui se fait dans un non-respect intégral des choix individuels.

    Plusieurs revues ont récemment publié des articles troublants, et même inquiétants, sur les associations auxquelles le Président Macron entend confier l’organisation de l’islam en France. C’est le cas de Valeurs actuelles (22 octobre 2020). Marianne avait fait de même (18 octobre 2019) ainsi que la Revue des deux Mondes (novembre 2019). Les contenus de ces dossiers doivent être versés au débat public. De même que l’analyse de Boualem Sansal (lauréat du prix Édouard Glissant) à propos du projet présenté par Hakim El Karoui sous l’égide de l’Institut Montaigne : « Quand j’ai lu ça, je suis tombé à la renverse, j’ai compris que le plan était un programme d’arabisation et d’islamisation des plus sévères, il ne laissait aucune possibilité de faire machine arrière en cas de regret. Il ressemblait comme deux gouttes d’eau au plan d’arabisation et d’islamisation que le pouvoir algérien a mise en œuvre en Algérie au début des années 80 sous la pression de l’Arabie saoudite et qui allait en peu de temps faire de nous des perroquets wahhabites salafistes. » (Fondation Varenne, 13 décembre 2016). Chacun sait la tragédie que l’Algérie a traversé. Quant à l‘imam de Nîmes Hocine Drouiche, voici ce qu’il en dit : « Le CFCM devient un obstacle à l’Islam de France (...) L’État lui a accordé trop d’importance. De plus, des forces étrangères le composent telles que les Frères musulmans d’Égypte, la diaspora turque et les Marocains en France. »

    Le président de la République a peut-être ses raisons qui le poussent à organiser l’islam en France tel qu’il l’envisage. Mais le sujet est bien trop lourd de conséquences pour la France pour qu’il puisse, en l’absence d’une opposition politique audible, s’affranchir d’une justification de ses choix devant les Français. 

    Catégories : Politique, Revue de presse
  • Pape François, qui est responsable de ce sang ?

    Aujourd’hui, de nouveau, des Français ont été sauvagement assassinés. Le terroriste qui a massacré trois personnes dans la basilique Notre-Dame de Nice est un Tunisien de 21 ans, arrivé en Europe par Lampedusa. J’ai repensé au pape, à son premier voyage, qu’il avait choisi de consacrer à Lampedusa. Et aussi à Fratelli tutti (« Tous frères »), l’encyclique signée par le pape François le 3 octobre 2020 dont il y aurait tant à redire !

    Le pape, Lampedusa ; il faut relire Décomposition française :

    “Il ne faut pas sous-estimer la responsabilité de la hiérarchie de l’Église, qui ne rate pas une occasion de culpabiliser ses ouailles et de leur faire encore plus courber l’échine.

    Les différentes prises de parole de l’ensemble de la hiérarchie de l’Église resteront pour les générations futures comme autant de témoins de la pression morale qu’elle a exercée dans ce dossier. Les générations à venir qui auront à trouver la voie pour sortir du chaos engendré pourront mesurer à quel point l’ingérence continue et orientée des responsables de l’Église dans le débat sur l’accueil des migrants a participé à créer leur malheur à eux et aux migrants eux-mêmes, car quitter sa terre pour des raisons matérielles n’est jamais sans conséquence.

    Début juillet 2013, c’est l’île de Lampedusa que le pape François choisit pour y faire sa première sortie médiatique, hors de Rome, en tant que pape. Il y va pour demander pardon pour les drames des migrants en Méditerranée. Au regard de tout ce que les Européens consentent comme efforts, j’ai trouvé son discours criant d’injustice. En voici des extraits, avec, au préalable, le rappel du contexte effectué par la Conférence des évêques de France :

    « Une cinquantaine d’immigrés l’attendait sur le quai, à Punta Favarolo, dont beaucoup de musulmans, se trouvant dans les centres d’accueil de Lampedusa. Le Pape a salué personnellement chacun d’eux avant de se rendre au centre sportif Arena où il a célébré la messe. La formule liturgique choisie était celle de la rémission des péchés prévue par le Missel Romain. Les textes de la liturgie de la Parole (le récit de Caïn et Abel, le massacre des innocents, le psaume Miserere) soulignaient l’aspect pénitentiel de la Liturgie. […] »[1]

    Extraits de l’homélie du pape :

    « L’Église vous est proche dans la recherche d’une vie plus digne pour vous et vos familles […] »

    « Tant de nous, et moi aussi, sont désorientés. Nous ne sommes plus attentifs au monde dans lequel nous vivons […] Nous ne prenons pas soin de ce que Dieu a créé pour tous et nous ne sommes plus capables non plus de prendre soin les uns des autres.

    « Ces frères et sœurs cherchaient à sortir de situations difficiles pour trouver un peu de sérénité et de paix. Ils cherchaient un endroit meilleur pour eux et leurs familles, mais ils ont trouvé la mort. Combien de fois ceux qui cherchent cela ne trouvent pas compréhension, ne trouvent pas accueil, ne trouvent pas solidarité !

    « Qui est responsable de ce sang ? […] Aujourd’hui, personne dans le monde ne se sent responsable de cela. Nous avons perdu le sens de la responsabilité fraternelle.

    « Qui de nous a pleuré pour ce fait et pour d’autres comme celui-ci ? Pour la mort de ces frères et sœurs ? Qui a pleuré pour ces personnes qui étaient sur le bateau ? Pour les jeunes mamans qui portaient leurs enfants ? Pour ces hommes qui désiraient quelque chose pour soutenir leurs familles ?

    « Nous avons perdu le sens de la responsabilité fraternelle […], la culture du bien-être nous rend insensibles aux cris d’autrui […], aboutit à une globalisation de l’indifférence.

    « Seigneur, dans cette liturgie qui est une liturgie de pénitence, nous demandons pardon pour notre indifférence envers nos frères et sœurs. »

    Le 6 septembre 2015, le pape lance un appel solennel en direction de l’Europe : « Chaque paroisse, chaque communauté religieuse, chaque monastère, chaque sanctuaire d’Europe accueille une famille [de réfugiés]. » Certains journaux iront jusqu’à écrire, pour le féliciter de son appel, que le pape lève son armée.

    La position de l’Église n’est que de courte vue et elle participe de surcroît à déstabiliser les terres d’accueil, à les mettre en danger. Accueillir, et ensuite ? Assister impuissants à la transformation de l’Europe en Liban, en Balkans ou encore en Syrie, avec les conséquences que l’on sait ? Est-ce cela que l’on appelle la charité chrétienne : donner pour se ménager une place au Paradis en se lavant les mains des conséquences ici-bas ? (...)”

    ____________________________

    [1] Site de l’Église catholique de France. Texte édité par la Conférence des évêques de France, à Lampedusa, « François demande pardon pour l’indifférence envers les migrants », 8 juillet 2013.

    Catégories : Immigration