Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Politique - Page 16

  • Au-delà des mots

    Je recherche un interprète qui serait en mesure de donner la signification du terme « humaniste » employé dans ce texte : « Afin d’équilibrer les propositions adressées à nos concitoyens, ce courant aura pour vocation à donner plus d’écho à la voix humaniste, sociale, républicaine et européenne ».

    Il faudrait également traduire les termes « sociale » et « républicaine », car je suis persuadée qu’ils n’ont pas le même sens pour tous.

    Bas les masques : écoutons Rama Yade, l’une des personnalités préférées des Français, qui nous donne sa perception de l’humanisme : « Oui, mais pourquoi pas avant ? Enfin pourquoi tout d'un coup, aujourd’hui, l’UMP découvre l’humanisme ? C’est ça le problème. C’est à dire, je veux dire, on aurait voulu, il y a plusieurs mois, que ce souci d’humanisme ait été exprimé avant. Je veux dire, il y avait quand même des faits très clairs. La déchéance de la nationalité : où était la voix humaniste de l’UMP ? Lorsque le Ministre de l’intérieur déclarait que les Français ne sont plus chez eux : où était la voix humaniste de l’UMP ? Donc tout d’un coup, soudainement à peine une semaine après le retrait de Jean-Louis Borloo on voit apparaître un pôle humaniste au sein de l’UMP. C’est assez étrange. Les humanistes de l’UMP, ils sont sortis de l’UMP. Voilà, c’est un fait ! »

    Dans la mesure où c’est entre autres la Droite populaire, qui affiche régulièrement son attachement au respect de ce qui est et fait Français, qui est visée par ce nouveau courant qui se proclame « humaniste », doit-on en déduire que ce nouvel humanisme est celui qui est guidé par la défense d’intérêts qui ne coïncident pas nécessairement avec ceux des Français ? Un humanisme qui les met au ban de l’humanité, égoïstes qu’ils sont de ne pas accepter d’être dépossédés de leur terre ? Lorsqu’on entend Rama Yade expliquer sa conception de l’humanisme, on est tenté de le penser, et on le pense.

    Catégories : Politique
  • Mon exposé à l’université d’été du Medef

    Voici transcrite pour vous mon intervention à l’université d’été du Medef. Ne manque ici, par rapport au prononcé, que le passage dans lequel j’évoquais l’intervention supposée des Américains dans l’alimentation des rumeurs contre des banques européennes, et notre échec, contre toute attente, dans l’appel d’offres sur les ravitailleurs en vol. J’avais choisi ces exemples pour illustrer le fait que le monde ne se transformera pas en village planétaire. Le comportement des Américains n’est pas surprenant. Nous pourrions trouver une multitude d’autres exemples, y compris dans les questions d’immigration, pour comprendre que le problème n’est pas que certains puissent tirer la couverture à eux, mais bien que les dirigeants européens contribuent à découvrir et mettre à nu leurs propres peuples.

    « Je vais bien modestement tenter d’évoquer devant vous quelques éléments qui me semblent centraux et qui sont trop souvent perdus de vue.

    Tout pacte social est indissociable de l’existence préalable d’un pacte moral qui constitue son socle. Le pacte moral, je souhaite le rappeler, c’est un ensemble de principes et de valeurs qui ont été sculptés par l’histoire, qui lient les individus entre eux et qui en font un corps politique. C’est l’exemple des peuples. C’est au sein des familles que les lignes de force de ce pacte moral sont transmises aux nouvelles générations.

    Les peuples, nous le savons, sont le produit de l’histoire et ils possèdent une mémoire. Chaque jour, les crises qui secouent notre planète nous en apportent la démonstration. Ne nous leurrons pas, et ce serait une erreur, le monde, malheureusement, ne se transformera pas en un village planétaire où tout le monde se fera des sourires, des bisous et partagera son bol de soupe. Je veux rappeler ici, et c’est l’Histoire qui nous l’enseigne, que l’adhésion au principe de solidarité ne peut être durablement obtenue que dans la situation où, à partir d’une multiplicité, un corps unique vient à se constituer. C’est encore une fois le cas des peuples.

    Parler de pacte social sous-entend que nous sommes en présence de plusieurs acteurs qui ont scellé un accord. Aucun pacte ne peut perdurer dans le temps si le sentiment de confiance, le sentiment de justice et l’esprit de responsabilité (qu’il soit individuel ou collectif) sont bafoués ou ne sont pas respectés.

    Nous affrontons, et c’est le cas dans la plupart de nos démocraties occidentales, une véritable crise de confiance ; crise de justice et crise de l’esprit de responsabilité. Consolider ou jeter les bases d’un nouveau pacte social est un travail qui s’impose d’urgence. Cela requiert, entre autres, de la cohérence, de l’honnêteté, une dose d’abnégation de la part des dirigeants qui doivent donner l’exemple surtout en temps de crise, et l’adoption d’un langage de vérité.

    Cela nécessite que les gouvernants possèdent une boussole, une vision à long terme, sachent eux-mêmes où ils souhaitent conduire leur peuple. S’il est difficile pour des particuliers de cultiver l’optimisme et de placer leur confiance en l’absence de vision, il devient impossible aux entreprises de se projeter dans un contexte où les règles et les termes de l’accord changent en permanence et où le politique donne le sentiment, parfois, qu’il navigue à vue. La crise de l’endettement met en lumière une incroyable légèreté qui a conduit à une fuite en avant, qui a enchaîné les êtres par le biais de la prise en charge sans condition, au lieu de les émanciper en construisant et en consolidant l’esprit de responsabilité individuelle. Qui a envie d’être condamné à subir le sort des Danaïdes, verser des jarres pour remplir un tonneau sans fond ?

    L’entreprise économique n’est pas un lieu périphérique situé hors de la Cité. Dans cette convulsion qui s’est emparée de nos démocraties, je crois pour ma part que le monde de l’entreprise doit d’urgence trouver le moyen de participer à retisser du lien social, permettre à notre cohésion sociale et nationale de continuer d’exister en attendant la renaissance du politique, politique au sens d’Hannah Arendt.

    Je voudrais dire que ce qui me frappe le plus dans nos pays développés, c’est que le rêve semble absent de notre sphère publique. On n’y fait que tancer et dénigrer ce qui se passe dans nos pays, dans nos entreprises. Comment insuffler du courage, de l’espérance et de l’optimisme dans ces conditions ? Pourtant, lorsqu’on y regarde de plus près - je veux le dire parce que j’ai aussi une expérience de vie à l’étranger - nos pays occidentaux disposent de la plus importante des richesses qui soit, celle de la capacité de leurs citoyens à créer et à innover. C’est notre voie de salut. Cette capacité n’est pas tombée du ciel. Elle n’est pas le fruit d’un miracle. Elle est le fruit de l’histoire, et elle va de pair avec la liberté et l’esprit critique. C’est pourquoi l’éducation des jeunes générations doit bénéficier, à mon humble avis, de la plus grande de nos attentions.

    Pour redonner confiance à nos peuples et leur donner la force de déplacer de nouveau des montagnes, il faut travailler à mettre en lumière nos avantages compétitifs, mais il faut également que les managers soient justes.

    Juste, cela signifie que la répartition de la richesse doit associer le plus étroitement possible tous ceux qui participent à sa création : que ce soit en investissant leurs capitaux ou en investissant leur force de travail. Juste, cela signifie aussi – exemple concret – que les recrutements et les promotions au sein des entreprises ne doivent obéir qu’à une seule règle : celle de la compétence réelle, la seule qui confère la légitimité au sein d’un groupe. Pour vous donner un exemple concret, puisque je fais partie du Haut Conseil à l’Intégration, je souhaiterais dire que je considère pour ma part que la Charte de la diversité au sein des entreprises est contraire au sentiment de justice des Français et porte en elle les germes de la discorde. Les règles doivent être les mêmes pour tous pour assurer une cohésion.

    Enfin, pour terminer, je souhaiterais vous inviter, pour approfondir le sujet, à relire, à la lumière de ce qui se produit aujourd’hui dans nos démocraties, les travaux d’Alexis de Tocqueville, et en particulier sa “démocratie en Amérique II”. Vous serez étonnés d’y découvrir les clés de compréhension de notre époque, et aussi le chemin de la raison et de l’efficacité.

    Je suis convaincue pour ma part que la réponse à nos problèmes est en nous et nulle part ailleurs. Je crois le succès possible, mais une chose est sûre également à mes yeux, rien ne se fera sans les peuples occidentaux, et encore moins contre eux ; donc, au travail !

    Je vous remercie de votre attention. »

    Catégories : Politique
  • Université d'été du MEDEF

    J’ai participé, hier 1er septembre, à une plénière de l’université d’été du Medef : « le pacte social au programme du B20 ».

    Intervenants :

    • Laszlo Andor, commissaire européen chargé de l’Emploi, des Affaires sociales et de l’Inclusion
    • Xavier Bertrand, ministre du Travail, de l’Emploi et de la Santé
    • Sharan Burrow, secrétaire générale de la CSI
    • Daniel Funes de Rioja, vice-président exécutif de l’OIE
    • Anne Hidalgo, première adjointe au Maire de Paris
    • Jean-Pierre Letartre, président de Ernst & Young France, Luxembourg, Maghreb
    • Futhi Mtoba, présidente de la BUSA, Business Unity South Africa (patronat sud-africain)
    • Martine Pourradier, gérante de Sibils
    • Bernadette Ségol, secrétaire générale de la Confédération Européenne des Syndicats
    • Malika Sorel-Sutter, membre du Haut Conseil à l’Intégration, auteur d’Immigration-Intégration : le langage de vérité
    • Bernard Spitz, président de la Fédération Française des Sociétés d’Assurances

    Animateur : Emmanuel Lechypre, rédacteur et responsable du Centre de prévision, L’Expansion

    Vous pouvez écouter ci-dessous mon intervention, qui démarre à environ 1 heure.


    Plénière du jeudi 1er Septembre 15h30 - 17h30 par MEDEFtv

    Catégories : Politique
  • Alexis de Tocqueville, le visionnaire

    Alexis de Tocqueville n’a que 26 ans lorsqu’il part aux États-Unis étudier la société américaine. Quatre ans plus tard, en 1835, il publie le premier tome de De la démocratie en Amérique ; puis, cinq ans plus tard, le tome II dans lequel il prédit avec une stupéfiante justesse les maux qui peu à peu gangrèneront les démocraties occidentales. En voici un extrait :

    « Je pense donc que l’espèce d’oppression dont les peuples démocratiques sont menacés ne ressemblera à rien de ce qui l’a précédée dans le monde ; nos contemporains ne sauraient en trouver l’image dans leurs souvenirs. Je cherche en vain moi-même une expression qui reproduise exactement l’idée que je m’en forme et la renferme ; les anciens mots de despotisme et de tyrannie ne conviennent point. La chose est nouvelle, il faut donc tâcher de la définir, puisque je ne peux la nommer.

    Je veux imaginer sous quels traits nouveaux le despotisme pourrait se produire dans le monde : je vois une foule innombrable d’hommes semblables et égaux qui tournent sans repos sur eux-mêmes pour se procurer de petits et vulgaires plaisirs, dont ils emplissent leur âme. Chacun d’eux, retiré à l’écart, est comme étranger à la destinée de tous les autres : ses enfants et ses amis particuliers forment pour lui toute l’espèce humaine ; quant au demeurant de ses concitoyens, il est à côté d’eux, mais il ne les voit pas ; il les touche et ne les sent point ; il n’existe qu’en lui-même et pour lui seul, et, s’il lui reste encore une famille, on peut dire du moins qu’il n’a plus de patrie.

    Au-dessus de cela s’élève un pouvoir immense et tutélaire, qui se charge seul d’assurer leur jouissance et de veiller sur leur sort. Il est absolu, détaillé, régulier, prévoyant et doux. Il ressemblerait à la puissance paternelle si, comme elle, il avait pour objet de préparer les hommes à l’âge viril ; mais il ne cherche, au contraire, qu’à les fixer irrévocablement dans l’enfance ; il aime que les citoyens se réjouissent, pourvu qu’ils ne songent qu’à se réjouir. Il travaille volontiers à leur bonheur ; mais il veut en être l’unique agent et le seul arbitre ; il pourvoit à leur sécurité, prévoit et assure leurs besoins, facilite leurs plaisirs, conduit leurs principales affaires, dirige leur industrie, règle leurs successions, divise leurs héritages ; que ne peut-il leur ôter entièrement le trouble de penser et la peine de vivre ?

    C’est ainsi que tous les jours il rend moins utile et plus rare l’emploi du libre arbitre ; qu’il renferme l’action de la volonté dans un plus petit espace, et dérobe peu à peu chaque citoyen jusqu’à l’usage de lui-même. L’égalité a préparé les hommes à toutes ces choses : elle les a disposés à les souffrir et souvent même à les regarder comme un bienfait.

    Après avoir pris ainsi tour à tour dans ses puissantes mains chaque individu, et l’avoir pétri à sa guise, le souverain étend ses bras sur la société tout entière ; il en couvre la surface d’un réseau de petites règles compliquées, minutieuses et uniformes, à travers lesquelles les esprits les plus originaux et les âmes les plus vigoureuses ne sauraient se faire jour pour dépasser la foule ; il ne brise pas les volontés, mais il les amollit, les plie et les dirige ; il force rarement d’agir, mais il s’oppose sans cesse à ce qu’on agisse ; il ne détruit point, il empêche de naître ; il ne tyrannise point, il gêne, il comprime, il énerve, il éteint, il hébète, et il réduit enfin chaque nation à n’être plus qu’un troupeau d’animaux timides et industrieux dont le gouvernement est le berger.

    J’ai toujours cru que cette sorte de servitude, réglée, douce et paisible, dont je viens de faire le tableau, pourrait se combiner mieux qu’on ne l’imagine avec quelques-unes des formes extérieures de la liberté, et qu’il ne lui serait pas impossible de s’établir à l’ombre même de la souveraineté du peuple.

    Nos contemporains sont incessamment travaillés par deux passions ennemies : ils sentent le besoin d’être conduits et l’envie de rester libres. Ne pouvant détruire ni l’un ni l’autre de ces instincts contraires, ils s’efforcent de les satisfaire à la fois tous les deux. Ils imaginent un pouvoir unique, tutélaire, tout-puissant, mais élu par les citoyens. Ils combinent la centralisation et la souveraineté du peuple. Cela leur donne quelque relâche. Ils se consolent d’être en tutelle, en songeant qu’ils ont eux-mêmes choisi leur tuteur. Chaque individu souffre qu’on l’attache, parce qu’il voit que ce n’est pas un homme, ni une classe, mais le peuple lui-même, qui tient le bout de la chaîne.

    Dans ce système, les citoyens sortent un moment de la dépendance pour indiquer leur maître, et y rentrent. »

    Catégories : Politique