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Politique - Page 17

  • Alexis de Tocqueville, le visionnaire

    Alexis de Tocqueville n’a que 26 ans lorsqu’il part aux États-Unis étudier la société américaine. Quatre ans plus tard, en 1835, il publie le premier tome de De la démocratie en Amérique ; puis, cinq ans plus tard, le tome II dans lequel il prédit avec une stupéfiante justesse les maux qui peu à peu gangrèneront les démocraties occidentales. En voici un extrait :

    « Je pense donc que l’espèce d’oppression dont les peuples démocratiques sont menacés ne ressemblera à rien de ce qui l’a précédée dans le monde ; nos contemporains ne sauraient en trouver l’image dans leurs souvenirs. Je cherche en vain moi-même une expression qui reproduise exactement l’idée que je m’en forme et la renferme ; les anciens mots de despotisme et de tyrannie ne conviennent point. La chose est nouvelle, il faut donc tâcher de la définir, puisque je ne peux la nommer.

    Je veux imaginer sous quels traits nouveaux le despotisme pourrait se produire dans le monde : je vois une foule innombrable d’hommes semblables et égaux qui tournent sans repos sur eux-mêmes pour se procurer de petits et vulgaires plaisirs, dont ils emplissent leur âme. Chacun d’eux, retiré à l’écart, est comme étranger à la destinée de tous les autres : ses enfants et ses amis particuliers forment pour lui toute l’espèce humaine ; quant au demeurant de ses concitoyens, il est à côté d’eux, mais il ne les voit pas ; il les touche et ne les sent point ; il n’existe qu’en lui-même et pour lui seul, et, s’il lui reste encore une famille, on peut dire du moins qu’il n’a plus de patrie.

    Au-dessus de cela s’élève un pouvoir immense et tutélaire, qui se charge seul d’assurer leur jouissance et de veiller sur leur sort. Il est absolu, détaillé, régulier, prévoyant et doux. Il ressemblerait à la puissance paternelle si, comme elle, il avait pour objet de préparer les hommes à l’âge viril ; mais il ne cherche, au contraire, qu’à les fixer irrévocablement dans l’enfance ; il aime que les citoyens se réjouissent, pourvu qu’ils ne songent qu’à se réjouir. Il travaille volontiers à leur bonheur ; mais il veut en être l’unique agent et le seul arbitre ; il pourvoit à leur sécurité, prévoit et assure leurs besoins, facilite leurs plaisirs, conduit leurs principales affaires, dirige leur industrie, règle leurs successions, divise leurs héritages ; que ne peut-il leur ôter entièrement le trouble de penser et la peine de vivre ?

    C’est ainsi que tous les jours il rend moins utile et plus rare l’emploi du libre arbitre ; qu’il renferme l’action de la volonté dans un plus petit espace, et dérobe peu à peu chaque citoyen jusqu’à l’usage de lui-même. L’égalité a préparé les hommes à toutes ces choses : elle les a disposés à les souffrir et souvent même à les regarder comme un bienfait.

    Après avoir pris ainsi tour à tour dans ses puissantes mains chaque individu, et l’avoir pétri à sa guise, le souverain étend ses bras sur la société tout entière ; il en couvre la surface d’un réseau de petites règles compliquées, minutieuses et uniformes, à travers lesquelles les esprits les plus originaux et les âmes les plus vigoureuses ne sauraient se faire jour pour dépasser la foule ; il ne brise pas les volontés, mais il les amollit, les plie et les dirige ; il force rarement d’agir, mais il s’oppose sans cesse à ce qu’on agisse ; il ne détruit point, il empêche de naître ; il ne tyrannise point, il gêne, il comprime, il énerve, il éteint, il hébète, et il réduit enfin chaque nation à n’être plus qu’un troupeau d’animaux timides et industrieux dont le gouvernement est le berger.

    J’ai toujours cru que cette sorte de servitude, réglée, douce et paisible, dont je viens de faire le tableau, pourrait se combiner mieux qu’on ne l’imagine avec quelques-unes des formes extérieures de la liberté, et qu’il ne lui serait pas impossible de s’établir à l’ombre même de la souveraineté du peuple.

    Nos contemporains sont incessamment travaillés par deux passions ennemies : ils sentent le besoin d’être conduits et l’envie de rester libres. Ne pouvant détruire ni l’un ni l’autre de ces instincts contraires, ils s’efforcent de les satisfaire à la fois tous les deux. Ils imaginent un pouvoir unique, tutélaire, tout-puissant, mais élu par les citoyens. Ils combinent la centralisation et la souveraineté du peuple. Cela leur donne quelque relâche. Ils se consolent d’être en tutelle, en songeant qu’ils ont eux-mêmes choisi leur tuteur. Chaque individu souffre qu’on l’attache, parce qu’il voit que ce n’est pas un homme, ni une classe, mais le peuple lui-même, qui tient le bout de la chaîne.

    Dans ce système, les citoyens sortent un moment de la dépendance pour indiquer leur maître, et y rentrent. »

    Catégories : Politique
  • La tragédie norvégienne

    Mardi dernier (avant le drame donc), j’ai eu une très longue discussion avec un journaliste norvégien qui souhaiterait voir mon dernier livre traduit en norvégien, car il trouve que ce que j’ai écrit vaut aussi pour la situation de la Norvège.

    Je souhaiterais vous faire connaître cet article intitulé La Norvège victime de son consensus. Il a été publié en 2009 par le Directeur de recherche André Grjebine, qui est un très fin connaisseur de la société norvégienne : « […] Comme de nombreux ouvrages et films scandinaves le suggèrent, le revers d’une recherche systématique du consensus se trouve dans la crainte d’une marginalisation éprouvée par celui tenté d’exprimer des opinions contraires à ce que la majorité considère comme “moralement acceptable”. Dès lors que le politiquement correct empêche les partis traditionnels d’aborder clairement des questions qui inquiètent l’opinion – telle l’immigration ou les insuffisances de l’État-providence malgré les revenus pétroliers –, ils laissent le champ libre à des mouvements extérieurs au système politique traditionnel […] L’homogénéité ethnique et culturelle qui a caractérisé historiquement la Norvège et qui est, dans une large mesure, à l’origine d’une société fondée sur la cohésion sociale, paraît aujourd’hui remise en question. C’est donc un changement fondamental. La question a pourtant été largement occultée, sous prétexte que les capacités d’intégration de la société norvégienne joueraient en faveur des immigrés comme jadis en faveur de catégories sociales menacées d’exclusion, ce qui reste à vérifier. En réalité, si l’on en croit l’éditorialiste politique d’un des principaux quotidiens d’Oslo, ses compatriotes avaient peur de leurs sentiments profonds en la matière, et il s’agissait pour les élites de la politique et de la presse d’“empêcher le génie de l’intolérance de sortir de sa boîte. Dans la même optique, toute critique du multiculturalisme tend à être assimilée à du racisme. Ce relativisme culturel a d’autant plus imprégné les esprits qu’il se concilie aisément avec la foi des Norvégiens dans leur modèle de société et la fierté qu’il leur inspire […] »

    La question qui se pose à présent est de savoir comment la société norvégienne va réagir à la tragédie qui vient de se dérouler. Va-t-elle accepter de regarder la réalité en face ou va-t-elle, bien au contraire, saisir le prétexte de ce drame effroyable pour s’enfoncer encore un peu plus la tête dans le sable ? Il est évident que cet événement aura également des répercussions sur le « débat » en France. Oui, mais lesquelles ? Cette question ne cesse de me hanter depuis deux jours. Étouffer toute possibilité de débat, refuser que le sujet de l’immigration-identité ne soit traité, équivaut à bloquer la soupape de la cocotte-minute. C’est pourtant une évidence, un jour le couvercle sera soulevé, mais nul ne sait dire aujourd’hui comment il le sera. Les retombées dépendront alors de la pression qui aura subsisté à l’intérieur de la cocotte.

    J’ai deux entretiens à paraître dans des revues à la rentrée. Dans l’un d’eux, j’évoque un certain nombre de points qui pourraient donner le sentiment que l'entretien a eu lieu après le drame norvégien. Pourtant, il n’en est rien, car il a eu lieu en juin dernier.

    Catégories : Identité, Politique
  • L’inacceptable ingérence américaine

    Extrait du Langage de vérité 

    « Wikileaks a publié un câble diplomatique intitulé “Minority Engagement Strategy” qui émane de Charles Hammerman Rivkin, l’ambassadeur des États-Unis d’Amérique en France, nommé par le président Barack Obama le 1er juin 2009 rendant compte de ses activités :

    […] l’ambassade de Paris a créé une stratégie d’engagement pour les minorités qui englobe, entre autres groupes, les populations musulmanes françaises et répond aux objectifs du REFTEL A […] Nous focaliserons notre discours sur le problème des discriminations. Lorsque nous nous exprimerons en public sur la communauté des démocraties, nous mettrons en avant, parmi les qualités de la démocratie, le droit d’être différent, la protection des droits des minorités, la valeur de l’égalité des chances, et l’importance d’une représentation politique fidèle […]

    De plus, nous continuerons et renforcerons notre travail avec les musées français et les enseignants pour réformer le programme d’histoire enseigné dans les écoles françaises, pour qu’ils prennent en compte le rôle et les perspectives des minorités dans l’histoire de France […]

    Lorsque nous enverrons des dirigeants français aux États-Unis, nous inclurons, aussi souvent que possible, une partie de leur voyage qui se focalisera sur l’égalité des chances. […]

    Lancer une campagne de sensibilisation agressive vers les jeunes : nous continuerons nos efforts de sensibilisation des jeunes pour communiquer sur nos valeurs partagées avec les jeunes Français de tous milieux socio-culturels. […]

    En pesant fortement sur les médias, nous voulons gagner la confiance et améliorer notre compréhension des jeunes de différentes origines. […]

    Pour atteindre ces objectifs, nous nous baserons sur les programmes extensifs de diplomatie publique déjà en place, et développerons des moyens supplémentaires pour influencer la jeunesse française, utilisant de nouveaux médias, des partenariats d’entreprises, compétitions nationales, événements ciblés de sensibilisation, et spécialement avec des invités américains […]

    En s’appuyant sur notre travail avec les deux sites Web de premier plan axés vers les jeunes musulmans de langue française – oumma.fr et saphirnews.com –, nous soutiendrons, formerons et nous investirons dans des médias et des militants politiques qui partagent nos valeurs […]

    De plus, nous suivrons attentivement les mesures abstraites de succès : un sens d’intégration, par exemple, parmi les jeunes minorités françaises, et un espoir grandissant qu’eux aussi peuvent représenter leur pays chez eux et à l’étranger, et même un jour arriver au sommet de la vie publique française en tant que président de la République […]” »

    Voici ce que le Figaro publie aujourd’hui : « Chassez la statistique ethnique, elle revient au galop. Dix élus de banlieue d’origine maghrébine viennent de rentrer des États-Unis convaincus qu’il faut relancer le débat sur ce mode de recensement des populations encore proscrit en France. Ils annoncent qu’ils s’y emploieront dès septembre, alors que toutes les tentatives, plus ou moins soutenues par les autorités, se sont heurtées jusqu’à présent à un obstacle légal, constitutionnel et culturel […] Conviés huit jours à Washington par l’ambassade des États-Unis à Paris, tous sont revenus conquis par le système américain […] »

    Les statistiques ethniques sont dangereuses pour notre pays. J’avais développé ce point lors de mon audition par la commission Veil sur le Préambule de la Constitution. Nous ne possédons pas la même histoire que le peuple américain. Barack Obama lui-même avait rendu responsable de bien des maux la fracture raciale inscrite dans le marbre du fait de cette catégorisation de la population.

    Le peuple américain tolérerait-il une telle ingérence dans sa politique intérieure ? Non, et c’est bien normal, compréhensible et respectable. Pourquoi acceptons-nous cette ingérence ? Notez le caractère incroyablement insolent de l’entreprise : on agit de manière décomplexée, au vu et au su de tous. Jamais le Général de Gaulle ne l’aurait toléré ! Quand notre gouvernement ou notre Président de la République signifieront-ils aux Américains qu’ils doivent cesser leur ingérence dans la politique intérieure française ? Quand nos parlementaires prendront-ils position et agiront-ils pour que notre pays cesse de constituer une zone d’intervention pour une puissance étrangère, fût-elle “amie” ?

    Catégories : Insertion - intégration, Politique
  • Convention UMP sur l'immigration

    Ce matin j’ai pris la parole lors de la convention UMP sur l’immigration. Comme je ne disposais que de quelques petites minutes, j’ai choisi de mettre l’accent sur la distinction qu’il convient de faire entre l’insertion dans la société française et l’intégration à la communauté nationale française. J’ai lancé le défi suivant à la majorité actuelle : il vous reste 9 mois, et c’est largement suffisant pour que vous accomplissiez la refonte d’un code de la nationalité devenu totalement obsolète !

    Catégories : Immigration, Politique