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Politique - Page 29

  • L'insoutenable légèreté…

    Voici ce que je vous écrivais récemment : « Voilà bien les gouvernants de la France d’aujourd’hui : trop souvent, ils parlent et décident d’abord, et ce n’est qu’ensuite qu’ils réfléchissent aux conséquences de leurs paroles et de leurs actes. »

    Une nouvelle illustration nous en est donnée avec la « Proposition de loi tendant à assurer une mixité sociale dans les collèges situés en zone d’éducation prioritaire ou dans le réseau “ambition réussite” », texte de M. Alain DUFAUT, déposé au Sénat le 1er septembre 2009 :

    « La suppression progressive de la carte scolaire engagée en mai 2007 par le ministre de l’Éducation nationale, conformément à la demande du Président de la République, avait pour but d’améliorer la mixité sociale des établissements les plus demandés, principalement ceux des quartiers favorisés, tout en mettant un terme à l’hypocrisie des systèmes dérogatoires.

    Le choc en retour de cette libéralisation des règles s’est très rapidement manifesté à travers la fuite des meilleurs élèves des établissements des quartiers défavorisés. Les élus de terrain constatent ainsi que le remède s’est parfois avéré pire que le mal, aggravant la ségrégation au détriment des collèges situés en zone d’éducation prioritaire et, en particulier, ceux qui sont classés en réseau “ambition réussite”. Cette évolution perverse va dans le sens diamétralement opposé à notre volonté républicaine de mixité sociale. »

    J’aborde la question de la sectorisation dans Le puzzle de l’intégration, dans lequel j’attirais déjà l’attention sur les effets pervers que ne manquerait pas de produire la libéralisation de la carte scolaire. Vous pourrez en retrouver quelques éléments dans cet article, et dans celui-là.

    Moralité : il est urgent que les Français apprennent à se choisir des représentants qui réfléchissent avant d’agir. Pour maximiser les chances de choix selon ce critère, sans oublier celui de la défense de l’idéal français, il faudra que les citoyens jettent aux oubliettes la méthode du « choix partisan ».

    Puisque c’est le destin de la France qui se joue désormais, remémorons-nous les sages paroles d’un véritable homme d’État, qui a su braver l’adversité pour notre pays :

    « La France, c’est tout à la fois, c’est tous les Français.

    C’est pas la gauche, la France ! C’est pas la droite, la France !

    Naturellement, les Français, comme de tout temps, ressentent en eux des courants. […]

    Prétendre faire la France avec une fraction, c’est une erreur grave, et prétendre représenter la France au nom d’une fraction, cela c’est une erreur nationale impardonnable. »

    Catégories : Éducation - instruction, Politique
  • Hortefeux-Sabeg, même combat !

    Merci à tous pour vos encouragements. Mon objectif est, entre autres, de participer à réintroduire le bon sens et la raison comme fils conducteurs des décisions politiques ; le sujet de l’intégration étant évidemment éminemment politique.

    Pour répondre à quelques-unes de vos questions :

    Ne craignez rien, je ne risque ni de me noyer, ni de me laisser bâillonner. Cette nomination va me permettre de pousser certaines portes avec beaucoup moins de difficulté. Ma situation n’est pas toujours simple, même si elle l’est beaucoup plus que celle des Français de souche européenne, qui eux peuvent difficilement s’exprimer sur le sujet lorsqu’ils ne vont pas dans le sens de la pensée unique. Lorsque vous êtes issu de l’immigration extra-européenne, on attend encore plus de vous que vous maniiez le fouet contre la France et les Français. Triste époque que la nôtre, où les Français paient de leur poche pour engraisser tous ceux qui participent à creuser leurs tombes.

    Au sujet d’Abdelwahab Meddeb, je m’apprêtais à vous en parler au moment même où j’ai reçu communication de la liste des membres du HCI. Je souhaitais vous le citer pour opposer sa prise de positions à celle de Yazid Sabeg, au sujet de la burqa.

    Abdelwahab Meddeb : « Je trouve absolument inacceptable sa présence en France. La burqa, c’est la disparition de l’identité. Par où la reconnaissance de l’autre se réalise-t-elle sinon par le face-à-face ? Par les traits physiques. »

    Je vous recommande la lecture de son article. Je partage certaines des analyses qu’il y développe, mais certainement pas celle où il évoque un prétendu « intégrisme laïciste ».

    Yazid Sabeg : « La confusion qui est installée dans les esprits va encore différer et perturber le vrai débat sur les vrais enjeux qui sont d’abord économiques et sociaux. […] Sur les pratiques vestimentaires, le Président de la République s’est exprimé de manière très claire à Caen, début juin, lors de la venue du président Obama. La liberté individuelle est la règle dans la limite du respect de l’ordre public. […] Va-t-on interdire de marcher en babouches dans la rue ou de pratiquer le monokini sur la plage ? »

    Comme je l’ai développé dans Le puzzle de l’intégration, la dimension économique constitue la plus petite pièce du puzzle. L’essentiel réside ailleurs.

    Dans sa déclaration, Yazid Sabeg tire profit de la prise de position du Président de la République en faveur du discours de Barack Obama au Caire à propos du voile. Voilà bien les gouvernants de la France d’aujourd’hui : trop souvent, ils parlent et décident d’abord, et ce n’est qu’ensuite qu’ils réfléchissent aux conséquences de leurs paroles et de leurs actes. Mais surtout, que cela n’empêche pas le Président de la République de réparer ses erreurs et de rejoindre ceux qui ont déjà compris l’urgence de la réaffirmation des principes républicains de Liberté, d’Égalité, de Fraternité et de Laïcité pour le maintien de la cohésion nationale.

    Dans la déclaration de Yazid Sabeg, la comparaison burqa/monokini est extrêmement intéressante et bien loin d’être anodine. Elle lève le voile sur l’étape suivante : ceux qui invoquent aujourd’hui le principe républicain de Liberté pour imposer le voile de l’asservissement à « leurs » femmes pourraient en venir un jour, s’ils ne rencontrent pas d’opposition ferme et résolue de la part de l’État, à imposer leurs règles à toutes les autres, dans les communes où ils auront réussi à prendre le contrôle politique par des élections tout à fait démocratiques.

    Il y a dix ans, la burqa, c’était l’Afghanistan. Aujourd’hui, c’est en France que l’on en débat. Oui, débattons, encore et encore, dans le pays des droits de l’Homme, de savoir s’il est acceptable ou non que des êtres soient dépossédés de leur propre corps, et aussi du choix de leur destin. La commission parlementaire sur la burqa parle d’« évaluer » et de « prendre la mesure » de l’étendue du phénomène. Cette approche renferme à mes yeux quelque chose de monstrueux. Demain, nous pourrions, en France, accepter d’abandonner des victimes à leur triste sort, si un groupe d’élus estimait que leur nombre n’était pas « significatif », le « significatif » restant à définir. Quelle est donc cette approche nouvelle ? Et où est la dimension prospective qui devrait guider en permanence la réflexion des élus ? Observons à quelle vitesse le voile s’est propagé dans nos rues, pour comprendre que demain, ce sera le tour de la burqa. Surtout, ne déduisez pas de ma critique que je ne soutiens pas cette commission parlementaire. Non seulement je la soutiens, mais je tiens aussi à saluer le courage et l’esprit de responsabilité des élus qui ont réussi à mettre ce sujet sur la table, dont le député communiste André Gérin. Simplement, j’ai noté un recul depuis la création de la commission, et il ne faudrait pas qu’elle accouche d’un consensus mou.

    Au sujet des propos tenus par Brice Hortefeux lors du campus des jeunes de l’UMP : ils procèdent exactement de la même approche qu’un Yazid Sabeg et bien d’autres, qui clament haut et fort que le Parlement est « trop blanc ». L’approche communautariste, à savoir la considération des êtres humains sur la base de leur origine ethnique ou raciale, n’est pas humaniste. Je la considère pour ma part comme une approche raciste. Je renvoie donc dos à dos ces deux camarades de jeu d’un gouvernement qui gagnerait à prendre un peu de hauteur afin d’élever la France.

    Catégories : Politique
  • Et si l’Histoire donnait raison à Marcel Gauchet ?

    Je souhaite partager avec vous l’entretien que l’historien et philosophe Marcel Gauchet a accordé à des journalistes suisses. J’éprouve une très grande admiration pour Marcel Gauchet, à mes yeux l’un de nos plus grands intellectuels. Notre pays, dans la phase tourmentée qu’il traverse, aurait grand besoin d’être irrigué par la pensée d’hommes de son étoffe.

    Marcel Gauchet : « […] Dix siècles d’une inventivité extraordinaire ne s’effacent pas en quelques années. L’Europe a d’énormes atouts. Elle est le continent le plus ouvert sur le monde, le moins ethnocentrique, le mieux adapté, en fait, aux conditions de la mondialisation. Les conditions d’un rebond existent. Il ne manque que la volonté de s’en saisir. […] »

    Je vous encourage à lire l’intégralité de son entretien, qui peut nourrir notre détermination à défendre encore et toujours les idéaux qui nous rassemblent ici.

    Catégories : Politique
  • Ma colère…

    J'écris, j'écris mais ne publie pas. Je ne publie pas, car j'ai peur de vous exprimer la colère qui souvent, ces derniers temps, a monté en moi. J’ai trop mal à la France ! J’aimerais que ce soit simplement un cauchemar, un cauchemar qui remonterait du fond de mon ancienne vie ; celle où j'étais prisonnière de savoirs-être dans lesquels je ne me reconnaissais pas. Ce doit être un cauchemar, je vais finir par me réveiller. Il n’est pas possible que la classe politique française ait pu laisser la France des libertés de mai 68 glisser vers l’obscurantisme !

    J’ai frotté mes yeux, et j’ai réalisé que j’étais éveillée et que je me trouvais bien en France ; enfin, dans ce que nos dirigeants politiques avaient fait de la France. J’ai réalisé que le cauchemar était devenu réalité, et que M. Besson était bien ministre en 2009 et que, aussi invraisemblable que cela puisse paraître, c’était au nom de la liberté qu’il ne fallait pas, selon lui, interdire le port de la burqa. La burqa, ce symbole de l’asservissement d’une partie de l’humanité. Aïe, revoilà donc mai 68 avec son « il est interdit d’interdire ». Besson, soixante-huitard primaire ? Imaginerions-nous qu’une personnalité politique de notre pays puisse déclarer : « Au nom de la liberté, il est interdit d’interdire l’esclavage », ou encore : « Si l’esclave consent à être esclave, alors il faut respecter sa volonté, c’est une question de respect de la liberté individuelle » ? J’ai simplement envie de paraphraser Coluche : Interdisons la connerie, et la France ira beaucoup mieux !

    Voici un extrait de mon audition par le HCI, le 3 mars 2009 :

    « Le respect de la laïcité perd chaque jour du terrain dans notre société. Ce sont les femmes qui en subissent les conséquences et qui voient ainsi, jour après jour, rogner le peu de liberté qu’elles avaient. Ceux qui ne connaissent rien aux pressions et au harcèlement que subissent les femmes au sein de certaines sociétés pensent que les signes religieux qu’elles arborent sont les conséquences d’une liberté de choix. Lorsque l’on a vécu dans ces sociétés, on comprend, au gré de la pression du groupe, que ces choix ne sont jamais libres, mais contraints.
    C’est à l’État, encore une fois, et c’est au HCI de faire prendre conscience que pour permettre l’insertion, il faut imposer le respect de cette valeur essentielle de laïcité, et que l’intégration n’aboutira jamais pour ceux qui ne respectent pas la laïcité, car jamais les Français de souche ne reconnaîtront une femme arborant un signe d’appartenance religieuse qui leur renvoie l’image de la société afghane comme concitoyenne, et à ce titre porteuse ou représentante de l’idéal français. Car être Français, c’est aussi cela : être porteur de l’image de la France vis-à-vis des autres communautés nationales. Il faut cesser d’occulter la réalité de ce qu’être Français signifie pour un Français. Le peuple français a droit au respect de son image et de son identité, de même que tout peuple au monde a droit au respect de son identité et de son image. Pourquoi vouloir nier un droit aussi fondamental et aussi élémentaire au peuple français ?
    »

    Alors oui, j’ai été choquée par une partie du discours que Barack Obama a prononcé au Caire. Pourquoi cette ingérence dans nos affaires intérieures, de la part d’un pays qui a déjà démontré sa forte capacité de nuisance sur la scène internationale avec la création de nouveaux foyers de terrorisme (Afghanistan, Irak) ?

    J’ai été choquée aussi par le manque d’esprit stratège de Barack Obama, qui l’a conduit à s’adresser au « monde musulman » quand tous ces peuples sont différents, et qu’entre eux existent fractures ou profondes divisions. Quel intérêt pour la paix dans le monde, dans les circonstances d'insécurité que nous connaissons, y a-t-il à vouloir donner conscience à ces peuples que, partageant la même religion, ils formeraient de ce fait un seul et même corps ? Ce qui n’est pas le cas, bien entendu ! Notons au passage que B. Obama divise le monde selon les mêmes lignes qu’un G. Bush ! D’où vient cette obsession des Américains à vouloir pousser les peuples à majorité religieuse musulmane à s'agglomérer, à se regrouper sous un même idéal ?

    J’ai été choquée plus encore quand Nicolas Sarkozy, en sa qualité de représentant des Français, a approuvé ce discours de Barack Obama — y compris sur la question du voile, a-t-il tenu à préciser. Mais voilà qu’hier, au Congrès de Versailles, il a dit le contraire et a même parlé de délaisser son concept de négation de la laïcité qu’il appelle « laïcité positive ». Lequel des deux Nicolas Sarkozy faut-il croire ?

    Face au Congrès de Versailles, Nicolas Sarkozy a promis qu’il n’évoquerait plus la « discrimination positive », mais dans le même discours il a dit ce qui suit :

    « Qui ne voit que notre modèle d’intégration ne fonctionne plus ?
    Au lieu de produire de l’égalité, il produit de l’inégalité.
    Au lieu de produire de la cohésion, il produit du ressentiment. Mais je veux dire que pour atteindre l’égalité, il faut savoir donner plus à ceux qui ont moins, il faut savoir compenser les handicaps de ceux auxquels la vie a donné d’emblée moins de chances de réussir qu’à tous les autres. Il ne faut pas le faire sur des critères ethniques.
    »

    Ces paroles portent en elles des contradictions, mais je veux pouvoir y croire. Soyons adultes : jugeons sur les actes, et non sur les paroles ! Une première occasion de vérifier si Nicolas Sarkozy s’est métamorphosé et a enfin compris la nécessité de respecter les valeurs qui sculptent l’identité du peuple français sera d’analyser la composition de son gouvernement, qui sera annoncée demain.

    Si Nicolas Sarkozy se sépare du commissaire à la diversité Yazid Sabeg ; si Nicolas Sarkozy renonce à faire entrer le directeur de Sciences-Po Richard Descoings dans l’équipe chargée de mettre en oeuvre la politique de la France, ces deux hommes étant parmi les plus acharnés défenseurs de la discrimination positive et de la lecture communautariste de la France, alors oui, nous pourrons dire que Nicolas Sarkozy a peut-être commencé à comprendre les véritables défis qui se posent à notre pays sur cette question de l’identité et du maintien de la cohésion nationale. Si Nicolas Sarkozy a bien rompu avec le Nicolas Sarkozy habité de convictions non-républicaines (au sens de la République française, et non américaine), nous pourrons alors tous nous réjouir de ce divorce. Dans le cas contraire, le discours d’hier au Congrès ne serait qu’un rideau de fumée ; non seulement Nicolas Sarkozy n’aurait toujours pas compris qu’il est en train de mettre en place, sans le vouloir bien sûr, les outils ou les armes qui conduiront à la disparition de l’identité française, mais en plus il avancerait masqué ! Dans ce cas, que pourrions-nous faire afin qu’il entende raison, afin qu’il s’assagisse ?

    Catégories : Politique