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Insertion - intégration - Page 10

  • Une réalité que les Français ignorent…

    La cause est entendue, la France est cette horrible bonne femme responsable et coupable du malheur des populations de l’immigration. À en croire tout ce que l’on donne à lire et à entendre aux Français, ces populations sont arrivées pauvres dans notre pays, et y sont devenues misérables.

    Dans Cahiers français (La Documentation Française, sept.-oct. 2009), Benoît Normand nous livre une information très précieuse : « L’enquête nationale sur le logement, réalisée en 2006 par l’INSEE, fait apparaître que les conditions de logement des immigrés, en comparaison des autres populations, sont satisfaisantes pour ce qui concerne le confort, mais non pour ce qui concerne le peuplement du logement, du fait de la plus grande taille des ménages […] Le taux d’immigrés propriétaires de leur logement est passé de 34% en 1992 à 40% en 2002, les personnes nées françaises étant 56% à être propriétaires à cette dernière date […] » 40% de propriétaires, c’est une réalité que les Français ignorent et que les nombreux médias prompts à fustiger la France se gardent bien de crier sur les toits.

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    Différents journaux ont fait état de la volonté du Président de la République de placer la Halde sous tutelle. La chose semble difficile car, comme vous le savez, la France n’est plus un pays libre. Même ses plus hauts dirigeants sont en effet placés sous la puissance de feu de la pensée unique. Courage, M. le Président, ce n’est pas une mise sous tutelle de la Halde dont la paix civile dans notre société a besoin, mais bien de sa dissolution. S’il faut y aller graduellement et en passer par la tutelle pour des raisons de stratégie, alors allons-y !

    Nous pouvons d’ores et déjà parier sur le fait que l’immigration-intégration-identité sera de nouveau LE sujet de la prochaine présidentielle. J’avais déjà écrit que tant qu’il n’aurait pas été traité et même réglé, ce sujet se réinviterait à chaque élection majeure. C’est bien naturel, car c’est de lui que dépend l’avenir du peuple français.

    Catégories : Immigration, Insertion - intégration
  • La marque de cécité selon Max Gallo

    Je vous recommande d’écouter cette intervention de Max Gallo, dans l’émission l’Esprit public sur France Culture. Dans la première partie de cette émission, il a été question des conclusions du débat sur l’Identité nationale. Max Gallo y a également évoqué la naissance de l’idée de nation française, qu’il situe dans le Haut Moyen-Âge.

    Max Gallo : « Je ne suis pas du tout d’accord pour que l’on prenne comme ça, à la légère, ce débat ou qu’on le résume à des manipulations, à la volonté de substituer un débat factice à de vrais problèmes. Je crois au contraire, que la nation française, comme les nations européennes, qui sont des réalités, mais on peut considérer que ce sont des formations politiques obsolètes “la nation”. Il y a ceux qui pensent, et c’est très répandu dans nos élites, à savoir que parler de nation aujourd’hui, en ce début du XXIe siècle à l’heure de la mondialisation, il vaut mieux dire ce que disent les manifestants souvent qui défendent les immigrés et les sans-papiers “no borders”, “pas de frontières”. Je pense que c’est une illusion mais ça existe. Mais cela dit, si on continue à penser que la nation existe et je crois qu’elle existe, qu’elle a des racines lointaines remontant au Haut Moyen-Âge, ne pas voir que les nations européennes, vieilles nations, la France étant une des plus vieilles, ont une crise d’identité c’est vraiment masquer la réalité […] Ne pas voir que ce traumatisme des évènements historiques a sa répercussion dans nos comportements de citoyens français et dire que tout ça est secondaire, qu’il faut supprimer les ministères, que poser la question de l’identité nationale ou de la nation est une question vraiment dépassée et relevant du XIXe siècle, c’est évidemment un enfantillage pour ne pas dire une marque de cécité… »

    Dans ces évènements historiques, Max Gallo inclut la première guerre, la seconde guerre, l'effondrement de l'empire colonial mais également la remise en cause de la nation par la construction européenne et par la mondialisation.

    Voici à présent ce qu’écrivait Alain-Gérard Slama, dans un article du Figaro daté du 9 novembre 2005 intitulé « impasse de la République » : « Mais le doute s’est installé au sommet du pouvoir, dans les milieux intellectuels, chez les enseignants, au sein de l’opinion. La profession de foi républicaine s’est accompagnée de mauvaise conscience. Plus l’échec des politiques d’intégration s’est profilé à l’horizon, plus le discours dominant est devenu ambigu, hésitant. C’était pain bénit pour les experts en sciences sociales, qui se sont imposés à la faveur de cette confusion, au point d’orienter des choix politiques de plus en plus indifférents aux leçons de l’histoire. Les tenants les plus fermes du principe d’égalité devant le droit, qui avait été la clé d’or du consensus national, se sont laissés ébranler par les arguments favorables aux discriminations positives. Les universalistes les plus ardents se sont demandés si les revendications identitaires et communautaires n’étaient pas le point de passage obligé des nouveaux processus d’intégration. Les maîtres se sont partagés sur la position à adopter devant des voiles islamiques, qu’ils ont d’abord interprétés comme des manifestations du malaise de l’adolescence. C’est ainsi que les piliers de l’idée républicaine, la loi, la laïcité et l’école se sont lentement fissurés… »

    Catégories : Identité, Insertion - intégration
  • Gadgets et recettes de cuisine…

    Mon livre est bien trop compliqué pour une société devenue avide de gadgets et de recettes de cuisine vite prêtes, vite consommées. Traiter la réalité du sujet de l’intégration en évoquant tout le travail à accomplir au sein des familles, à l’école, dans le monde politique, dans la société, tout en prenant en considération une grande variété de facteurs, tels que l’impact du maintien d’un lien étroit avec le pays d’origine ; ce qui a changé par rapport aux précédentes vagues d’immigration ; les conséquences des flux migratoires continus ; les ressorts psychologiques et philosophiques ; la dynamique des groupes… tout cela se révèle en effet bien trop compliqué, quand d’autres promettent le paradis par quelques coups de baguette magique. Le pire dans tout cela, c’est que beaucoup de Français croient au surnaturel. C’est ainsi que grâce à Rama Yade, tous les Africains s’intègreront et se sentiront Français un jour prochain, et que Rachida Dati conduira tous les Maghrébins à devenir véritablement Français et donc à transmettre les idéaux français à leur descendance…

    Mon approche est bien trop compliquée. Pour qu’elle soit prise en compte, il faudra vraisemblablement que les Français touchent d’abord le fond du fond : qu’eux-mêmes ou des membres de leurs familles soient victimes des dégâts collatéraux de la discrimination positive, que défend Rama Yade, l’une des personnalités préférées des Français (quand on aime, on ne compte pas le nombre de flagellations…) ; qu’il y ait encore bien d’autres émeutes de banlieues malgré les torrents de milliards déversés ; que les enseignants se mettent à refuser d’enseigner, la peur au ventre, dans des classes où ils se sentent en insécurité ; que bien d’autres matches de football se concluent par des attaques sur les Champs-Élysées, sous les yeux effrayés de touristes venus des quatre coins du monde admirer les beautés léguées par l’histoire de la France ; que les Français ressentent une overdose de religion envahissant tous leurs espaces de vie…

    Lorsque les Français auront touché le fond, je suis sûre qu’ils se souviendront alors que leurs ancêtres s’étaient battus pour faire entrer leur société dans la modernité politique, et que cela correspondait au respect d’un certain nombre d’exigences. Ils se détourneront alors des « solutions » gadgets-recettes de cuisine et accepteront d’appréhender les problèmes dans leur globalité. Bref, ils accepteront de quitter le monde de l’enfance pour entrer dans l’âge adulte.

    Catégories : Insertion - intégration
  • La dissonance identitaire

    Aux États-Unis, la tragédie provoquée par un officier qui vient d’assassiner treize de ses collègues montre à quel point il est dangereux de placer des être humains en des positions de conflits intérieurs qui peuvent se révéler d’une très grande intensité. Les conflits identitaires sont de ceux-là.

    Nidal Malik Hassan, 39 ans, psychiatre, donc d’un niveau d’études supérieur (pas de problèmes sociaux à l’horizon), ne supportait pas l’idée de devoir rejoindre les troupes américaines déployées en Irak. Était-ce une raison pour en arriver au meurtre ? Barack Obama a décrit un « horrible déchaînement de violence ». Nidal Malik Hassan était d’ascendance palestinienne, mais il était né aux États-Unis et y avait grandi. Bien qu’ayant toujours vécu aux États-Unis, il aurait, d’après les premiers éléments de l’enquête, assassiné ses collègues soldats Américains en jetant à la ronde des « Allah est le plus grand ».

    Ce drame, c’est certain, va poser à l’armée américaine ainsi qu’aux Américains la question de l’intégration de musulmans dans l’armée US. Voilà comment l’acte d’une seule personne fera naître la suspicion et la méfiance envers tous les musulmans pratiquants, comme c’est le cas de Nidal Malik Hassan.

    Quelle éducation cet homme a-t-il bien pu recevoir de la part de ses parents pour en arriver là ? Car oui, comme le dit un célèbre psychologue, « tout se joue avant 6 ans », et je peux vous confirmer que, dans le sujet qui nous concerne, presque tout se jouera avant 6 ans. Le comportement des enfants, devenus adultes, dépendra éminemment de ce qu’ils auront ingéré au cours de leur toute petite enfance. Le défi que doit relever la France est donc d’envergure, et c’est de surcroît montre en main qu’il lui faudra réussir à le relever. D’où l’importance de ne rien brader des valeurs et des principes à transmettre. Seul un passage par ce que j’appelle « le moule républicain » peut en effet minimiser les risques de déviance par rapport au comportement attendu par la société française. Il me semble que la clé se situe au niveau de la hiérarchie entre deux mondes : les lois qui régissent notre société sont-elles placées, par le pratiquant, au-dessus ou en dessous de sa religion ?

    En janvier dernier, l’armée française avait fini par reconnaître que plusieurs soldats de confession musulmane avaient refusé de se soumettre aux ordres et de rejoindre les troupes françaises en Afghanistan.

    Pardonnez-moi de citer de nouveau des extraits du Puzzle de l’intégration mais, sur ce point aussi, j’avais déjà dit beaucoup de choses : « Seules 30% des recrues d’origine maghrébine rejoindraient l’armée par vocation[1] ! En période de fort chômage, il est vrai que beaucoup de ces jeunes non diplômés s’y orientent pour trouver un emploi, sans aucunement peser les réels enjeux d’une appartenance à la Défense Nationale. Qu’adviendra-t-il si l’évolution des relations internationales à laquelle nous assistons depuis plusieurs années nous conduit à une situation de conflit ? Nul doute que servir sous le drapeau français représentera pour certains détenteurs de la nationalité française, une lourde épreuve. […] Il est imprudent d’imaginer que l’idée de « pluri-appartenance culturelle » ou « pluri-nationalité » saura résister dans de telles situations de tension. Cette idée de pluri-appartenance à des sociétés profondément dissemblables, est une chimère et ne correspond à aucune réalité. Elle cache, dans la majorité des cas, des difficultés intellectuelles et affectives à se sentir partie intégrante de la communauté nationale du peuple d’accueil.
    […]
    Quelle position adopteront ceux qui se trouvent être administrativement Français, mais moralement et affectivement étrangers ? Comment gèreront-ils cette situation ? Comment ceux qui possèdent une identité brouillée réagiront-ils ? Utiliser l’armée comme moyen d’intégration des jeunes des quartiers sensibles, qui rencontrent souvent ce problème de l’identité, est une voie des plus hasardeuses.
    »

    La professionnalisation des armées a fait disparaître le service militaire et, de ce fait, fermé le robinet en moyens humains issus de la société civile. Pour faire face à ses besoins, l’armée s’est donc tournée vers les banlieues. Elle y a même été plus qu’« encouragée » par nos hommes politiques. L’armée s’est vu attribuer une mission sociale. On me dira que cela a toujours été ; oui, mais cette mission sociale ne doit jamais prendre le pas sur ce qui est la raison d’être d’une armée. L’armée n’est pas un métier comme les autres.

    Au débat sur l’identité nationale, je voudrais verser cette phrase du discours d’Ernest Renan sur la nation : « Une nation est donc une grande solidarité, constituée par le sentiment des sacrifices qu’on a faits et de ceux qu’on est disposé à faire encore. »

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    [1] Élodie Bernard, « L’armée mobilise la banlieue », l’Express du 2 mai 2005

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