Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Identité - Page 3

  • Que les femmes en Occident s'y préparent : le statut de la femme est inférieur à celui d'un homme

    La perception du corps féminin est un élément fondamental de l’identité culturelle. C'est ce que Madame Ursula von der Leyen vient d'apprendre à ses dépens.

    Dans un message publié mercredi soir, Charles Michel a regretté « le traitement différencié voire diminué » de la présidente de la Commission, reléguée lors d'une réunion avec Erdogan. Pour Marc Pierini, ancien ambassadeur de l'UE en Turquie : « C'est un gage de plus donné aux religieux conservateurs turcs », affirme-t-il.

    Voici ce que j'écrivais dans Marianne au sujet du projet de loi “séparatisme”, celui qui a pour ambition de conforter les principes de la République : « Ce projet de loi laisse de côté deux points majeurs qui participent à sculpter les contours du séparatisme. Le premier a trait à la hiérarchie entre la loi des hommes et les commandements religieux dans la gestion des affaires de la cité. (...) Le deuxième point, c’est la perception du corps de la femme dont découle, en bonne part, son statut. »

    Et les élites européennes – femmes et hommes – persistent dans leurs programmes irresponsables de flux migratoires intenses en provenance de pays qui ont les commandements religieux comme principes organisateurs de la cité ! Le cynisme sans borne de ces élites les a amenées à imposer à leurs peuples l'idée selon laquelle seuls les corps se déplacent, et non l'identité. Pour la définition de l'identité, prière de se reporter à mes ouvrages.

    Ce sont nous les femmes, toutes sans exceptions, donc y compris les occidentales, qui en paierons le prix, et cela a déjà commencé. L'actualité abonde d’exemples qui viennent le souligner. Mais qui s'en soucie ? Nobody. Pas même les femmes décideurs qui sont des hommes comme les autres : c'est leur intérêt personnel qui prime, comme j'ai pu le constater lors de mon voyage à l'intérieur du Système.

    Catégories : Éducation - instruction, Identité
  • L'islamo-droitisme

    Dans le billet précédent, j'écrivais que l'on aurait tort de s'en tenir au seul islamo-gauchisme. En effet, si seule la gauche avait laissé faire, notre société n'en serait pas là. Bien sûr, certains ont été plus actifs que d'autres, mais il n'en demeure pas moins que le refus d'agir et pire encore, le consentement à une multitude de concessions et accommodements a été le fait de beaucoup de monde sur l'échiquier politique.

    Illustrations ci-après avec des informations parues récemment dans la presse. Pour d'autres éléments, se plonger ou de se replonger dans mes ouvrages où les exemples foisonnent.

    Journal du Dimanche du 22 février 2021 :

    ---> « À Trappes, le retour au réel après la polémique autour de la menace islamiste qui planerait sur la ville (...) Depuis, les deux camps s'invectivent, s'accusant mutuellement de clientélisme communautariste. Les partisans d'Ali Rabeh exhument un vieux tract de la campagne législative de 2012 de Jean-Michel Fourgous (LR), alors député des Yvelines, où l'on peut lire : "Mise en place d'un abattoir mobile pour les fêtes de l'Aïd dont l'organisation risque d'être annulée en cas de victoire de la gauche."

    “Ce n'était rien d'autre qu'une réponse au tract de Benoît Hamon qui proposait un abattoir fixe", réplique Fourgous, maire de la commune voisine d'Élancourt. Mais les pro-Rabeh dégainent aussi un courrier daté de 2019 du même Fourgous à l'Union des musulmans de Trappes sur le même sujet, mentionnant “l'intervention en […] faveur” d'Othman Nasrou.” »

    D'où les questions qui se posent : qui est Othmane Nasrou, et pourquoi l'élu de droite J.M Fergous fait-il état, auprès de l'Union des Musulmans de Trappes, d'Othmane Nasrou comme constituant un atout ? Et quelle est cette organisation ?

    Les extraits ci-dessous d'articles de presse apportent quelques éléments de réponses :

    Paris Match du 18 février 2021 :

    « Après les accusations d’un enseignant, la ville de Trappes (Yvelines) est devenue, depuis une semaine, le symbole du séparatisme.  (...) Des déclarations médiatiques très mal accueillies par Ali Rabeh. Le premier magistrat, étiqueté Génération.s (le parti de Benoît Hamon) (...) Ali Rabeh se rend aussi au lycée du professeur et distribue aux élèves un tract blâmant les prises de position de l’enseignant. Un geste de “pompier pyromane”, selon Othman Nasrou, principal opposant d’Ali Rabeh à Trappes.

    Pour le conseiller régional de droite, proche de Valérie Pécresse, la communication du maire s’expliquerait par la récente annulation de son élection par la justice et l’éventualité d’un nouveau vote : "Il est en campagne permanente. Il cherche à se refaire une santé en montrant qu’il défend les habitants, alors qu’il les prend en otage." Une thèse évidemment récusée par l’intéressé. »

    ---> Pour se rafraîchir la mémoire, voici un extrait de l'article intitulé “Trappes, le piège radical”, publié le 12 février 2004 dans le journal Libération, qui démontre que la situation était connue, dès cette époque là. Il y est question, entre autres, de l'Union des Musulmans de Trappes.

    « Frédéric Brunnquell a enquêté durant sept mois à Trappes, ce “ghetto pauvre” de la grande banlieue ouest de Paris, où l'UMT (l'Union des Musulmans de Trappes) tire profit du vide politique pour étendre son influence, prônant un islam dur, revendicatif et intransigeant. »

    ---> Ali Rabeh et Othmane Nasrou sont tous deux d'origine marocaine, tout comme la ministre déléguée à la ville  qui est, pareillement, élue de Trappes. Voici ce qu'elle déclarait, le 16 février 2021, dans le Talk du Figaro : “Tous les deux ont raison”. Elle parle ici du maire de Trappes Ali Rabeh et du professeur de philosophie Didier Lemaire. Elle poursuit avec des propos où il est question de stigmatisation... Nadia Hai :  “Il y a des phénomènes de séparatisme. Il y a des intégristes à Trappes, évidemment que oui. Mais résumer cette ville à cela, c'est tomber dans des travers qui peuvent être dangereux, graves et surtout stigmatisants pour nos habitants”.

    Qu'ont fait au juste, depuis tant d'années, les politiques de souche pour empêcher que la situation ne se tende puis dégénère ? Nombre d'entre eux n'ont eu de cesse d'oeuvrer à communautariser la société française, pour finir par courir après le vote des "communautés" qu'ils ont eux-mêmes installées. Et ce n'est pas faute de leur avoir expliqué pourquoi leurs actions et décisions ne rendraient service à personne, ni aux Français de souche, ni à ceux issus de l'immigration, sans compter que cela finirait par mettre la France en danger... Nous y sommes. Je le redis : tant que les politiques de souche, sur l'ensemble de l'échiquier politique, ne reconnaîtront pas l'extrême gravité de leurs erreurs et ne feront pas amende honorable, il n'y aura pas possibilité de redressement.

    Contrairement à moi, tous ces politiques portent des prénoms issus du calendrier chrétien et, selon la thèse simpliste d'Éric Zemmour, ils seraient donc bien plus Français que je ne le suis, en dépit de mon engagement constant, plein et entier au service de la France. L'approche binaire d'Éric Zemmour, au lieu de servir la France, la dessert et ce, dans un moment de l'Histoire où la France a plus que jamais besoin de l'engagement de tous ses enfants (*) à ses côtés.

    ---> Autre information très intéressante publiée par l'Express : Les méthodes du préfet des Yvelines Jean-Jacques Brot ne font pas l'unanimité :

    « Abdelaziz Al Jahouari (imam, président de l'association des musulmans de Mantes-Sud) est persuadé d'avoir été marginalisé par la préfecture à la suite d'un désaccord qu'il l'a opposé à Pierre Bédier, le président LR du conseil départemental, à l'occasion de l'entre-deux tours des élections législatives de 2017. Sur ce sujet, les récits s'opposent. Selon l'imam, l'élu lui aurait suggéré d'appeler à voter pour le candidat LR au second tour, ce que l'ex-ministre conteste. Une chose est en revanche certaine : Jean-Jacques Brot et Pierre Bédier sont proches. Tous deux collaborateurs historiques de Jacques Chirac - l'actuel préfet a même été son conseiller aux affaires corréziennes à l'Elysée - ils entretiennent les meilleures relations depuis l'arrivée du nouveau préfet dans le département. »

    __________________________________

    (*) Qu'est-ce qu'être Français ?

    Lorsque Marc Bloch proclame « la France, la patrie dont je ne saurais déraciner mon cœur… j’ai bu aux sources de sa culture. J’ai fait mien son passé… », et mieux encore : « je me suis efforcé, à mon tour, de la défendre de mon mieux », il définit ce qu’être Français signifie, et trace assurément les lignes du véritable séparatisme, lequel transcende l’ethnie et la race.

    Catégories : Identité
  • "Ces deux angles morts majeurs de la loi sur le séparatisme"

    logo_marianne.png

    Malika Sorel-Sutter, prix « Honneur et Patrie » de la Société des membres de la Légion d’Honneur pour « Décomposition française » (Fayard) et ancien membre du Haut Conseil à l’Intégration, analyse les faiblesses du projet de loi sur le « séparatisme ».

    Le projet de loi confortant le respect des principes de la République comporte quelques mesures intéressantes, notamment celles qui ont pour objet un meilleur contrôle des associations. En vérité, la question à l’aune de laquelle doit être jugé le projet de loi confortant les principes de la République est de savoir si son application aurait pu éviter « les tensions observées dans la société française et susceptibles de menacer l’unité de la Nation », selon les termes de l’avis rendu par le Conseil d’État.

    DES ANGLES MORTS

    Or ce projet de loi laisse de côté deux points majeurs qui participent à sculpter les contours du séparatisme. Le premier a trait à la hiérarchie entre la loi des hommes et les commandements religieux dans la gestion des affaires de la cité. C’est là que réside la véritable scission entre les sociétés laïques et celles qui ne le sont pas, et c’est pourquoi le président égyptien Al-Sissi, lors de sa venue en France, a déclaré que « les valeurs religieuses doivent avoir la suprématie sur les valeurs humaines. » L’Égypte, parce qu’elle abrite l’institution Al-Azhar qui rappelle ce qui doit être, occupe un rang particulier aux yeux de la rue musulmane. En France, 57 % des jeunes musulmans pensent que la charia est plus importante que la République (Ifop, nov. 2020). Pourtant, dans ce projet de loi, aucune mention du rôle que les parents doivent jouer. Or nous savons à quel point la période de la toute petite enfance, au travers des liens précoces, joue un rôle déterminant dans le processus d’apprentissage des normes et connaissances.

    Le deuxième point, c’est la perception du corps de la femme dont découle, en bonne part, son statut. Comme l’avait identifié Emmanuel Todd dans Le destin des immigrés, « le statut de la femme, bas ou élevé, est essentiel car il définit en lui-même un aspect de l’existence sur lequel les peuples ne sont guère prêts à transiger ». Nous sommes là au cœur de la problématique de l’identité. Comme le précise le chef de l’État aux Mureaux, où il expose sa stratégie qui « tourne autour de cinq piliers principaux » – allusion manifeste aux cinq piliers de l’Islam –, une série de « dérives se sont produites » de la part d’« agents qui exercent des services délégués par la commune, par le département, par l'État ; et donc qui portent ces signes dans le cadre de leurs missions. » Le projet de loi s’ouvre sur l’extension de l’obligation de neutralité à toute entité chargée de l’exécution d’un service public. L’accompagnement des sorties scolaires par les parents n’étant pas mentionné, il est légitime d’en déduire que ces sorties sortent désormais du cadre du service public de l’Éducation nationale. Il convient donc de les retirer de la scolarité.

    "Dans ce projet de loi, pas un traître mot sur l’immigration, hormis une mention relative aux polygames"

    Dans son discours aux Mureaux, le Président a parlé de la « concentration de populations souvent en fonction de leurs origines, de leurs milieux sociaux. » Aussi, le projet de loi comporte des « dispositions relatives à la mixité sociale dans les logements » pour retirer aux maires certaines prérogatives au profit du gouvernement, habilité à intervenir par ordonnances. C’est le durcissement de la loi SRU de décembre 2000. Comment une telle situation, devenue insoluble, a-t-elle bien pu advenir alors même que les conséquences des flux migratoires sont parfaitement connues depuis 40 ans ? En témoignent les propos de 1981 de Georges Marchais, secrétaire général du Parti communiste. Il évoquait « les charges d’aide sociale nécessaires qui deviennent insupportables pour les budgets des communes », et des « familles aux traditions, aux langues, aux façons de vivre différentes », rendant « difficiles leurs relations avec les Français. » Sa proposition ? « Stopper l’immigration officielle et clandestine. » Or, dans ce projet de loi, pas un traître mot sur l’immigration, hormis une mention relative aux polygames.

    ABANDON DE L'ASSIMILATION

    Reprenant à son compte l’antienne selon laquelle la provenance des fonds qui financent les cultes constitue l’alpha et l’omega, le Président expose son stratagème : renforcer le contrôle des associations à activités cultuelles ayant fait le choix du régime prévu par la loi 1901, afin de les faire « basculer vers le régime prévu par la loi de 1905, à la fois plus avantageuse fiscalement et davantage contrôlée sur les plans des financements venant de l'étranger ». Lorsque les financements seront devenus entièrement locaux, et même en partie publics grâce à d’avantageuses exemptions fiscales, les Français constateront que le problème demeure entier. Le vœu du Président trouve sa traduction dans le titre II du projet de loi. Les dits avantages sont nombreux : pas de droits de mutation sur les donations et legs, exonération de la taxe foncière pour les édifices de culte, forte réduction d’impôt sur les dons des particuliers, possibilité pour l’État et les communes de garantir des emprunts et d’octroyer des baux emphytéotiques au loyer symbolique. À noter qu’un certain nombre de ces libéralités ont été introduites par la loi du 23 juillet 1987 sur le mécénat. Peut-on, en toute honnêteté, persister à parler de « neutralité de l’État » ?

    "Le Président n’en serait pas à parler « séparatisme », si l’État avait respecté le Code civil qui posait l’assimilation comme prérequis à toute attribution de la citoyenneté"

    Comment en est-on arrivé là ? Au fil du temps, les principes fondamentaux de la République sont devenus des variables d’ajustement, l’évolution de la démographie électorale dictant aux politiques leurs actions et décisions. Le Président n’en serait pas à parler « séparatisme » ni, avant lui, François Hollande de « partition », si l’État – hauts fonctionnaires et élites politiques nationales indubitablement associés dans cette affaire – avait respecté le Code civil qui posait l’assimilation comme prérequis à toute attribution de la citoyenneté. Ce projet de loi laissant soigneusement de côté cette clé de voûte de la nation prépare, sans l’ombre d’un doute, une loi stérile.

    En s’amputant de sa capacité à agir dans le respect du seul intérêt général, qui plus est lorsqu’il s’agit de cohésion nationale, les élites se sont dépossédées de l’indispensable légitimité sans laquelle gouverner en démocratie devient impossible. Ernest Renan, dont j’ai souvent cité le brillant discours sur la nation, aura oublié un élément de taille. Pour que le culte des ancêtres soit « de tous le plus légitime », il y faut des conditions : quel « passé héroïque », et quelle « gloire » ?

    Lorsque Marc Bloch proclame « la France, la patrie dont je ne saurais déraciner mon cœur… j’ai bu aux sources de sa culture. J’ai fait mien son passé… », et mieux encore : « je me suis efforcé, à mon tour, de la défendre de mon mieux », il définit ce qu’être Français signifie, et trace assurément les lignes du véritable séparatisme, lequel transcende l’ethnie et la race. Dans ce portrait esquissé par Marc Bloch, on serait bien en peine de reconnaître les traits de ceux qui, à l’instar de certaines élites, font le procès de la France, accablent son passé, exigent qu’elle fasse repentance et nourrissent ainsi contre elle, jour après jour, le ressentiment d'une part des enfants de l’immigration.

    Catégories : Éducation - instruction, Identité, Immigration, Insertion - intégration, Politique, Revue de presse
  • Malika Sorel : « Il faut refonder l'Observatoire de la laïcité »

    Le contenu de mon entretien, ci-dessous, a été publié en janvier 2016 dans FigaroVox. Il n'a pas pris une ride. Et pour cause ! Contrairement à beaucoup qui ergotent et radotent dans les médias et participent le plus souvent à “embrouiller” les Français, je ne parle ni n'écris à la légère.

    ________________________________

    FIGAROVOX/INTERVIEW - Manuel Valls a fustigé lundi soir l'appel que le président de l'Observatoire de la laïcité a lancé avec des proches des Frères Musulmans. Mais, pour Malika Sorel, ce n'est pas suffisant : Jean-Louis Bianco doit démissionner.

    Par Alexandre Devecchio
    Publié le 19 janvier 2016 à 18:50, mis à jour le 20 janvier 2016 à 10:55

    Malika Sorel est un ancien membre du Haut Conseil à l'Intégration. Elle est l'auteur de l'essai Décomposition française, comment en est-on arrivé là ?

    Invité des Amis du Crif, lundi soir, le premier ministre a fustigé la tribune que le président de l'Observatoire de la laïcité, Jean-Louis Bianco, a signée le 15 novembre dernier. Intitulé «Nous sommes unis» et publié dans Libération, l'appel réunissait, comme l'a révélée Isabelle Kersimon, Samy Debah et Yasser Louati, directeur et porte-parole du très controversé Collectif contre l'islamophobie en France (CCIF), et Nabil Ennasri, proche du courant des sulfureux Frères musulmans. Que cela vous inspire-t-il ?

    Un petit rappel s'impose pour vos lecteurs. C'est le 5 avril 2013 que le Président de la République François Hollande a nommé Jean-Louis Bianco à la tête de l'Observatoire de la laïcité. L'Observatoire a été placé sous la responsabilité du Premier ministre. À l'époque, c'était Jean-Marc Ayrault, mais ce dernier n'a pas été partie prenante du processus d'installation de l'Observatoire et de désignation de ses membres, puisque toute cette opération a été directement pilotée par l'Élysée. Très vite, cet observatoire a adopté des positions dont un certain nombre vont à l'encontre de la défense du principe de laïcité, ce qui est un comble puisqu'il a pour mission d'«assister le gouvernement dans son action visant au respect du principe de laïcité en France.» Son positionnement n'a eu de cesse d'être dénoncé, y compris par des personnalités qui en sont membres et qui en observent donc le fonctionnement depuis l'intérieur. C'est le cas du député Jean Glavany, de la sénatrice Françoise Laborde et du président du Comité Laïcité République Patrick Kessel, qui avaient exposé au grand jour le fondement de leur désaccord avec les prises de position de cet observatoire. C'est ainsi que le 15 janvier 2015, ils publiaient un communiqué dans lequel ils exprimaient - à propos de l'Observatoire de la laïcité - que «sur le fond, au-delà de ces propositions pour l'essentiel angéliques et pusillanimes, cosmétiques dans le meilleur des cas, certaines sont clairement anti-laïques et évidemment inacceptables pour la République […]» Que le Premier ministre Manuel Valls prenne enfin aujourd'hui la mesure de ce qui se produit est une bonne chose, mais il y aura mis bien trop de temps à mon goût. J'attends à présent de voir s'il va trouver le courage de dépasser le stade des paroles pour prendre enfin les décisions qui s'imposent. Il suffit qu'une quelconque demande d'ordre religieux, ou perçue comme telle, pointe le bout de son nez, pour que le pouvoir politique fasse aussitôt le choix de bafouer la laïcité.

    L'Observatoire de la laïcité a été installé en 2013 par François Hollande. Il remplace le Haut Conseil à l'Intégration (HCI) dissous en 2012 …

    Avec le recul, il apparaît clairement que la création de cet observatoire avait pour objectif de faire disparaître la mission laïcité du Haut Conseil à l'Intégration, dont les rapports gênaient très fortement le pouvoir socialiste. Ce dernier avait d'ailleurs refusé de donner le feu vert à la publication à la Documentation française - ce qui est la coutume - de notre dernier rapport qui tirait la sonnette d'alarme sur les dysfonctionnements et problèmes observés dans l'enseignement supérieur, et décrivait ce qu'il fallait d'urgence mettre en œuvre pour tenter d'endiguer le phénomène. Quant au collège du HCI, il n'a pas été dissous en 2012, mais François Hollande a préféré le choix tactique de le laisser s'éteindre en ne renouvelant pas son décret qui arrivait à échéance en septembre 2013. Pour comprendre l'envers du décor, il faut se remémorer ici le rapport publié par le think-tank Terra Nova en prévision de la présidentielle de 2012 à propos de la «nouvelle identité sociologique de la gauche, la France de demain». Le mérite de ce rapport a été de rendre public ce qui est d'ordinaire tu, ou pire, travesti: «La population des Français issus de l'immigration est en expansion démographique et en mutation identitaire (...) ce sont entre 500 000 et 750 000 nouveaux électeurs, naturalisés français entre 2007 et 2012, qui pourront participer au prochain scrutin présidentiel […]. Au-delà des non-religieux, ce sont aussi tous les non-catholiques, notamment les individus d'“autres religions”, composés à 80 % de musulmans, qui sont plutôt enclins à voter à gauche.» Comme je le développe dans un chapitre de mon livre intitulé «une arithmétique implacable», le pouvoir de gauche, et pas seulement lui, pense qu'il faut nécessairement prendre la laïcité comme variable d'ajustement pour ne pas s'aliéner le vote d'une part non négligeable de l'immigration. Il suffit qu'une quelconque demande d'ordre religieux, ou perçue comme telle, pointe le bout de son nez, pour que le pouvoir politique fasse aussitôt le choix de bafouer la laïcité.

    À l'époque, Jean-Louis Bianco avait déclaré que la France n'avait pas de problème avec sa laïcité …

    Comme je l'avais alors dit dans vos colonnes, en effet la France - donc son peuple - n'a pas de problème avec la laïcité, qui est plébiscitée, mais c'est une partie conséquente de ses élites qui a de sérieux problèmes avec le respect de la laïcité. Il n'y a pas mieux que le réel - et il est désormais tragique - pour mettre en lumière, aux yeux de l'opinion publique, ceux qui ont vu juste, ceux qui se sont trompés et ceux qui ont sciemment refusé de regarder la réalité en face. Mais le plus grave problème n'est désormais même plus là. Il est dans le fait que ceux qui ont dit faux persistent à rester sur la même voie alors qu'ils devraient tout faire pour participer à protéger notre société. Cela passe par reconnaître les erreurs qui ont été commises et par un changement de trajectoire.

    Manuel Valls: «L'Observatoire de la laïcité - qui est placé sous ma responsabilité - ne peut pas être quelque chose qui dénature la réalité de cette laïcité. Il doit être clair sur les appels que l'on signe: on ne peut pas signer des appels, y compris pour condamner le terrorisme, avec des organisations que je considère comme participant d'un climat (nauséabond), ça n'est pas possible». Dans ces conditions, le Premier ministre doit-il demander la démission de Bianco? Non seulement Manuel Valls doit imposer la démission de Jean-Louis Bianco et de son cabinet, mais il doit également renouveler l'Observatoire de la laïcité afin qu'il soit exclusivement composé de personnalités reconnues comme respectueuses de la laïcité républicaine.

    Les paroles de Manuel Valls ne sont pas suffisantes. Des décisions s'imposent. S'il ne les prend pas, il accréditera lui-même la thèse selon laquelle ses prises de parole peuvent relever de pures opérations de communication. Comment dès lors le prendre au sérieux? Des enquêtes ont mis en évidence à quel point la parole politique s'était au fil du temps démonétisée. Ce discrédit fait peser de lourdes menaces sur notre démocratie. Non seulement Manuel Valls doit imposer la démission de Jean-Louis Bianco et de son cabinet, mais il doit également renouveler l'Observatoire de la laïcité afin qu'il soit exclusivement composé de personnalités reconnues comme respectueuses de la laïcité républicaine - donc non adjectivée, et sincèrement attachées au refus du relativisme culturel qui constitue le véritable cheval de Troie de la répudiation de la laïcité.

    Dans votre question, il y a un autre volet extrêmement important qui concerne l'approche sur laquelle s'est fondé l'appel qui a été signé et que vise Manuel Valls. Cette approche a été recommandée par des intellectuels après l'attentat contre Charlie Hebdo et a aussitôt essaimé. En un mot, elle a consisté à dire à l'opinion publique que, nos adversaires visant notre désunion, il fallait éviter de tomber dans le piège qu'ils tendaient à nos sociétés, et pour cela, prôner systématiquement l'unité. Je récuse cette approche qui a eu pour conséquence de venir alourdir encore la chape de plomb qui pesait déjà fortement sur la liberté de pensée et de jugement. Tandis que les Français cherchaient à comprendre comment nous avions pu en arriver là, leurs élites, pour beaucoup, leur répondaient «unité nationale». Ceux qui respectent la France et sa république ne craignent pas l'exercice de l'esprit critique. Les citoyens ont l'obligation morale de ne pas se résoudre à l'union sans condition qui leur a été imposée.

    De manière générale, ces dernières années, les gouvernements successifs se sont-ils montrés laxistes en matière de laïcité? Ont-ils privilégié sans le dire les accommodements raisonnables?

    Ce que j'ai pu noter, c'est que sur ce sujet, au sein d'un même gouvernement, les membres peuvent fortement différer. Le clivage passe entre ceux qui sont fidèles à la France et au respect de ses principes républicains, et ceux qui n'éprouvent guère de scrupules à ne pas respecter eux-même la laïcité ou à la laisser bafouer. La situation dans laquelle nous nous trouvons est extrêmement préoccupante. Ce n'est pas faute d'avoir tenté d'alerter sur ce qu'il convenait de faire et ce qu'il ne fallait pas faire.

    Pour commencer, il faudrait cesser de recourir au terme d'“accommodements raisonnables” qui a été emprunté aux Québécois, car au vu de leurs conséquences sur la concorde civile, nous devrions les qualifier d'“accommodements déraisonnables”. Le fait d'avoir cherché à s'arranger avec des principes qui ne faisaient que traduire, dans la vie quotidienne, l'identité du peuple français a été doublement néfaste. Néfaste pour le peuple français qui s'est senti, à juste titre, trahi dans ce qu'il a de plus précieux et intime - son identité. Néfaste pour les nouveaux entrants et pour la part de l'immigration qui rencontrait des difficultés à s'intégrer culturellement, car cela a envoyé le signal que, tôt ou tard, tout pouvait être accommodé. Dans ces conditions, il était prévisible que les difficultés d'intégration culturelle iraient croissant. Pourquoi s'astreindre en effet à des adaptations culturelles, parfois difficiles et douloureuses, si les politiques sont enclins à renoncer à faire respecter des dimensions importantes de la culture de la terre d'accueil ? Il existe une hiérarchie des responsabilités qu'il convient de ne pas perdre de vue. Il ne faut pas oublier non plus le rôle joué par les discours accusateurs envers la France, qui serait responsable de tous les malheurs. Semer les graines du ressentiment dans le cœur des enfants de l'immigration, chercher sans cesse à les dresser contre la France et les Français, se révèle sans surprise préjudiciable au maintien de la concorde civile. Aujourd'hui, plus que jamais, le devoir de vérité sur la réalité des défis et des enjeux communs s'impose.

    Catégories : Identité, Insertion - intégration, Politique