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Politique - Page 9

  • Le regard de Jacques Marseille

    En 2006, l’historien Jacques Marseille publiait Du bon usage de la guerre civile en France, dans lequel il évoquait plusieurs guerres civiles qui ont émaillé l’histoire de France. Il y critiquait par ailleurs la société française qui cherche selon lui « à être charmée plus qu’à être convaincue ».

    En voici un extrait :

    « (…) À cet égard, l’allocution prononcée par Jacques Chirac le 8 janvier 1996, le jour même de la mort de François Mitterrand, aurait solennellement sonné le glas des guerres civiles et annoncé l’avènement d’une société pacifiée dans un pays humaniste. Un “modèle” que le monde nous envierait et qu’il faudrait protéger contre toutes les tentatives de “rupture”.

    La fidélité à la France rurale, une jeunesse de droite, une conversion au socialisme qu’il a appris tardivement à parler, la passion de sa vie, la longévité politique, cinquante années de carrière et deux septennats, la culture classique, autant de “vertus” qui, magnifiées par Jacques Chirac, opposent la France de l’alternance à celle du mouvement. La récente “panthéonisation” de François Mitterrand par l’“opinion” qui, dans un sondage CSA pour Libération du 21 décembre 2005, le consacre président le plus populaire de la Ve République est bien le reflet d’une société qui aime les choses de la vie et cherche à être charmée plus qu’à être convaincue. “Slalomer sans heurts, se répéter au besoin ; ne fermer aucune porte, trois petits points, que sais-je encore ; louvoyer, survoler, suggérer ; thèmes et variations, volutes, esquives. Ne rien asséner, ne rien assumer. Et que toute formule en page 1 puisse être balancée en page 2 par une autre de sens inverse.” Cet autre “compliment” à François Mitterrand écrit le 12 janvier 1986 par Régis Debray, qui fut à la fois son “ami” et son conseiller, en dit long sur la différence entre ceux qui forcent le destin et ceux qui ne pensent qu’à forger le leur. Le principal mérite de François Mitterrand, comme celui de Jacques Chirac qui l’admire tant, est bien d’avoir su créer et maintenir les conditions de l’alternance, non seulement dans la vie politique mais aussi dans les propos. (…) »

    La société française cherche-t-elle a être charmée plus qu’à être convaincue ? Dimanche, les Français choisiront-ils d’élire un François Mitterrand ? Réponse dans 48 heures.

    Catégories : Politique
  • La politique de la terre brûlée

    Qui peut croire qu’une personnalité aussi au fait de la vie politique française que Marine Le Pen puisse ignorer que le vote blanc auquel elle appelle implicitement ceux qui ont voté pour elle est en réalité un vote en faveur du Parti Socialiste ?

    « Sur la place de l’Opéra, on veut avant tout savoir ce que Marine Le Pen va dire sur le vote du 6 mai. Ce n’est pas que l’assistance, plutôt militante, n’ait pas fait son choix qui oscille entre l’abstention et “un vote tactique” pour François Hollande. (…) »

    Voilà qui chagrinera ceux qui ont voté pour Marine Le Pen dans l’espoir que l’identité française échappe à l’échafaud qu’une partie des « élites blanches » tente de lui dresser pour la faire passer de vie à trépas, mais c’est un fait indéniable : depuis trente ans, Le Front National a une concordance d’intérêts avec la gauche. Cela s’est vérifié dans les triangulaires, mais aussi et surtout dans les sorties outrancières de Jean-Marie Le Pen, qui ont immédiatement provoqué des levées de boucliers rendant de fait impossible le traitement du dossier immigration-intégration, pour le plus grand bonheur de la gauche. Cette question a déjà été abordée sur ce blog, et elle se lit aisément au travers des conseils en stratégie électorale prodigués par Terra Nova. Pour les sceptiques, voici l’analyse de Lorrain de Sainte-Affrique, qui a longtemps accompagné Jean-Marie Le Pen : « C’est comme un sortilège, il y a toujours de bonnes fées socialistes sur la route des Le Pen, hier François Mitterrand et Bernard Tapie pour Jean-Marie, aujourd’hui François Hollande et Jean-Luc Mélenchon pour Marine. »

    Les Français auront été privés d’élection présidentielle, cette dernière ayant été transformée en référendum « anti-Sarko ». Le slogan « Sarko dégage » a fleuri ici et là, tentant de surfer sur la vague des « révolutions » arabes avec un clin d’œil plus qu’appuyé à une part non négligeable des populations de l’immigration.

    Dans cette élection, la question décisive qui se pose à l’insu des Français, c’est celle de la disparition de la citoyenneté nationale au profit d’une citoyenneté-résidence par l’octroi du droit de vote aux immigrés. La dissociation de l’identité et des papiers d’identité n’était qu’un premier round. Ce qui se joue à présent en filigrane, c’est la disparition à terme de l’identité française, qui se retrouvera submergée par les flots. Le candidat socialiste l’a dit et redit, ce sera l’une des premières mesures qu’il mettra en œuvre : « Il y aura une réforme sur le droit de vote des étrangers en 2013, avant les élections de 2014, puisqu’il y a des élections locales qui sont prévues en 2014 ». Dans ces conditions, le vote blanc de Marine Le Pen n’est rien d’autre qu’un acte de collaboration à l’œuvre de destruction de la citoyenneté française.

    Toujours selon Sainte-Affrique, « Marine Le Pen est victime d’une bouffée d’orgueil ». C’est ce qui l’amène manifestement à placer son destin personnel au-dessus de celui de la France. Elle le scénarise de manière pathétique en remplaçant le Bleu-Blanc-Rouge par le Bleu Marine. Emportée par l’orgueil, elle ne semble plus en capacité de réaliser qu’elle se met à trahir non seulement ses électeurs mais aussi, bien plus grave, la France. Elle se révèle semblable à tant d’hommes et de femmes politiques, qui ont alimenté le divorce des citoyens avec leurs élites.

    La tactique de Marine Le Pen, c’est de contribuer au triomphe de la gauche en espérant dans la foulée une implosion de la droite, qu’elle espère ensuite pouvoir dominer. Son projet personnel mérite-t-il de placer la citoyenneté française dans la gueule du loup ? Voilà une bien étrange conception du patriotisme. Il n’y a qu’un nom pour qualifier la politique qu'elle a choisi d’adopter : c’est la politique de la terre brûlée.

    Son pari personnel est par ailleurs ubuesque. Il suffit en effet d’analyser les résultats des votes dans la ville de Paris où la gauche domine, pour comprendre qu'en dehors des partis qui peuvent s’appuyer sur des bastions pré-établis, seuls les alliés du Parti Socialiste peuvent espérer échapper à l’étouffement : « Selon les résultats définitifs à l’issue du premier tour, François Hollande a obtenu 34,83 % devant Nicolas Sarkozy à 32,19 %. Derrière le président-candidat, Jean-Luc Mélenchon obtient la 3e place avec 11,09 % devant François Bayrou à 9,34 %, Marine Le Pen à 6,20 % (…) »

    La gauche au pouvoir facilitera l’implantation, sur tous les territoires, de populations qui votent en masse pour elle et pour ses alliés. À ce sujet, la droite s’est laissé prendre au piège de la loi SRU qui, peu à peu, repeint toute la France en rose. L’intitulé de cette loi est pourtant éloquent quant au projet qu’elle porte : Loi relative à la solidarité et au renouvellement urbains.

    Le pari insensé de Marine Le Pen ressemble à s'y méprendre à celui de La Grenouille qui se veut faire aussi grosse que le Bœuf de Jean de la Fontaine :


    Une Grenouille vit un Bœuf
    Qui lui sembla de belle taille.
    Elle qui n’était pas grosse en tout comme un œuf,
    Envieuse s’étend, et s’enfle, et se travaille
    Pour égaler l’animal en grosseur,
    Disant : “Regardez bien, ma sœur ;
    Est-ce assez ? dites-moi ; n’y suis-je point encore ?
    - Nenni. - M’y voici donc ? - Point du tout. - M’y voilà ?
    Vous n’en approchez point.” La chétive pécore
    S’enfla si bien qu’elle creva.
    Le monde est plein de gens qui ne sont pas plus sages :
    Tout bourgeois veut bâtir comme les grands seigneurs,
    Tout petit prince a des ambassadeurs,
    Tout marquis veut avoir des pages.

    Ni le destin personnel de François Hollande, ni celui de Nicolas Sarkozy, ni celui de Marine Le Pen ne devraient importer aux citoyens. Seul le sort de la France, donc celui des Français, devrait compter.

    Dans un contexte où les lignes sont brouillées et les concepts fondamentaux vidés de leur sens, il convient de gagner du temps, celui de la réinformation des citoyens, seul moyen de permettre une prise de conscience quant aux véritables enjeux. Qui eût cru en effet que la France, terre des Lumières, verrait un jour son joyau, l’humanisme, brandi comme un étendard pour venir affaiblir les défenses immunitaires de ses héritiers ?

    Catégories : Politique
  • Les valeurs de François Bayrou et celles de la République

    François Bayrou a beaucoup parlé de valeurs. La plupart des hommes et femmes politiques évoquent cette notion sans que l’on sache si leurs valeurs sont en accord avec celles du socle républicain.

    Regardez cet entretien de François Bayrou avec le Bondy Blog, diffusé par La Chaîne Parlementaire. À 40’, il évoque son ministère de l’Égalité et à 42’, une femme voilée lui pose la question suivante : « Vous pensez que je peux travailler dans la fonction publique ? » Dans cette même vidéo, François Bayrou, qui a été ministre de l’Éducation nationale, aborde également la question des mères voilées qui souhaitent accompagner les sorties scolaires, lesquelles, par définition, font partie du temps scolaire.

    Dans Banlieue de la République, Gilles Kepel évoque la campagne pour les élections municipales de 2008 à Clichy-sous-Bois (93). On apprend que « le maire sortant avait dénoncé le comportement de la liste conduite par Mohammed Dine – Modem – qui mélange, sans vergogne, à travers une campagne de terrain, la politique et une appartenance religieuse (…) dont le programme prévoit “d’interdire l’alcool sur le territoire”… et de “fermer la mairie le vendredi” (…) ». Tancé par l’hebdomadaire Marianne (dirigé à l’époque par un candidat MoDem, comme le précise Gilles Kepel), le maire PS Claude Dilain persiste et signe : « J’ai en en effet dénoncé ces comportements et je précise que je suis en capacité d’en apporter la preuve devant une autorité judiciaire si une procédure est engagée. »

    Vous pourrez également retrouver sur la Toile des informations relatives au ralliement du judoka Djamel Bouras à François Bayrou. Voici un petit rafraîchissement de mémoire.

    « La question à trancher, au fond, c’est de savoir ce qui est le plus important : les valeurs ou le programme », analyse Robert Rochefort, vice-président du MoDem, qui penche pour les valeurs.

    Alors, lorsque François Bayrou parle des valeurs, de quelles valeurs parle-t-il au juste ? Ses valeurs se confondent-elles avec celles du socle républicain ? Se confondent-elles avec celles d'une majorité de ses électeurs ? Pas si sûr.

    Catégories : Politique
  • « La gauche contre le réel » d’Élisabeth Lévy

    Extrait de la quatrième de couverture : « Mais de tous leurs crimes, le plus grave est de s’obstiner à nommer les choses, même quand elles sont déplaisantes. Ils ne considèrent pas les délinquants comme des victimes et pensent que l’immigration n’est pas seulement une chance pour la France, en particulier pour les derniers arrivés dont elle freine l’intégration, sans parler de l’assimilation. Pour les prêchi-prêcheurs de la “gauche divine” dont parlait Baudrillard, ce refus de repeindre la réalité en rose vaut brevet de crypto-lepénisme : si le peuple pense mal et ne vote pas mieux, c’est parce qu’il a été influencé par ces mauvais coucheurs. Alors les professeurs de vertu dressent la liste des suspects et déclenchent la machine à simplifier, à caricaturer, à dénoncer. Cette alliance de la malveillance et de la niaiserie peut décourager. Ou, au contraire, donner envie de descendre encore dans l’arène pour mener le seul combat qui vaille : celui des idées. »

    Et un extrait de La gauche contre le réel : « La liberté, voilà l’ennemi ! Si Voltaire visitait le siècle commençant, il serait estomaqué d’entendre ses héritiers en première ligne réclamer sans relâche que leurs adversaires soient réduits au silence (…) Quelque chose d’autre, dans le climat qui s’est installé dans le débat public, doit nous requérir. Quelque chose qui commence à ressembler à de la peur. En tout cas à de la prudence. C’est vrai mais on ne peut pas le dire. Cette phrase revient fréquemment (…) Que se passe-t-il ? Qu’arrive-t-il ? Que nous arrive-t-il ? (…) Dix ans plus tard, les donneurs de leçons sont toujours là, imperturbables, à peine vieillis. Autour d’eux, le monde est agité de convulsions, mais leurs certitudes sont intactes. Puisque le réel leur déplait, le réel sera frappé d’illégalité (…) Relégués dans des no man’s land qui ne sont ni la ville ni la campagne, en même temps que leurs usines disparaissaient du paysage, ils sont appelés, selon le locuteur, “souchiens”, “beaufs”, “petits blancs” ou “jambon beurre”. Autrefois ils étaient le peuple de gauche. Mais que dire à des électeurs qui, selon une note célèbre de Terra Nova, l’impayable think tank anciennement strauss-kahnien, défendent “le passé et le présent contre le changement” et, plus grave encore, pensent que “la France est de moins en moins la France” ? Rester invisibles, c’est encore ce qu’ils peuvent faire de plus utile. Cette France qui perd ne saurait prétendre incarner la France et encore moins le peuple (…) De proche en proche, l’immigration, le rapport à l’étranger, la notion d’étranger elle-même, en somme tout ce qui se rapporte à la différence et à l’identité, sont interdits de discussion, a fortiori de critique (…) »

    Je vous encourage vivement à lire ce livre, et aussi à écouter l’émission de France Culture dans laquelle Élisabeth Lévy a été très récemment invitée. Le terme « invitée » me semble étrange, tant il est en décalage avec la réalité : le tribunal inquisitoire qui s’y est exprimé m’a donné envie de vomir. Ils lui sont tombés dessus à plusieurs pour tenter d’étouffer sa voix en la ridiculisant, en la caricaturant. Heureusement qu’il y avait Brice Couturier, qui tente toujours d’élever le débat.

    La France ne va pas crever du fait d’une immigration qui n’aura fait que saisir les opportunités qui lui étaient offertes. Non, elle crèvera du feu roulant d’une partie de ses « élites blanches » qui se sont liguées contre elle depuis trente ans, tentant de réduire au silence tous ceux qui tentaient d’exercer la moindre liberté de pensée et de jugement. Le verbe, relayé sans fin par les médiacrates, a remplacé les armes. C’est pour cela aussi que les Français ont trop tardé à saisir la réalité du drame qui se déroulait pourtant sous leurs yeux. Seul le recul permettra aux historiens de mettre au jour l’intégralité des motivations de ces ligueurs.

    Catégories : Immigration, Insertion - intégration, Politique