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Politique - Page 5

  • Les médias et la formation de l'opinion publique

    Sur le site du Figaro, on peut lire :  "Interpellation à Montpellier après l'agression au couteau du metteur en scène Alain Françon. (...) Un homme a été arrêté jeudi dans l'enquête menée après l'agression à Montpellier du metteur en scène Alain Françon, a-t-on appris vendredi de source proche du dossier. Aucun autre détail sur cette arrestation, révélée par Midi Libre, n'a été donné dans l'immédiat. " Alain Françon avait été poignardé le 17 mars.

    Le Figaro écrit bien qu'aucun détail n'a été révélé sur l'homme qui a été arrêté. Or lorsqu'on lit le Midi libre, il en va tout autrement puisque l'origine de l'agresseur y figure en toutes lettres.

    Midi libre : "Ce jeudi matin, deux semaines après l’agression qui avait failli coûter la vie au dramaturge Alain Françon, 75 ans, les enquêteurs ont interpellé à son domicile un Algérien d’une trentaine d’années, connu pour de très nombreux faits de délinquance et de violence. "

    Le fait que nombre de médias taisent, depuis fort longtemps, l'origine des agresseurs peut-il être imputé au seul hasard ? Il se trouve que, dès 1987, cette autocensure faisait l'objet d'une recommandation spécifique aux États membres, de la part du comité européen sur les migrations. Dans un rapport dont je cite des passages dans mon ouvrage "Décomposition française", on peut lire : « chaque fois que les médias rendent compte d’un acte criminel impliquant un immigré, ils doivent se demander si, pour le public, il est important de connaître l’origine ethnique de l’auteur pour bien comprendre les faits. » Dans les faits, cela signifie qu’il convient de taire tout élément qui pourrait permettre à l’opinion publique d’identifier l’origine du délinquant. Dans ce rapport, il est précisé que « les médias ont eux aussi un rôle important à jouer à cet égard (...) Une attitude de retenue des médias sur ces sujets devrait faire partie d’un code de bonne conduite qu’ils s’imposeraient volontairement ».

    Dans ces recommandations du Comité des ministres aux États membres sur les relations intercommunautaires, tous les domaines de la vie sont passées en revue. Voici, ci-après, des extraits de Décomposition française où je traite de ce sujet. Cela vous permettra de mieux décrypter nombre d'évènements et de situations qui se produisent et qui ne sont nullement imputables à une pseudo-importation de ce qui se produit aux États-Unis, comme la doxa vous le rabâche à longueur de journée. Ce qui advient est en effet imputable à des décisions prises, ici, en Europe.

    Tous les passages en italique sont tirés du rapport européen dont je donne les références dans mon ouvrage. À leur lecture, vous comprendrez que la vraie question, la seule qui vaille, celle qui se pose et doit être posée est la suivante: pour quelles raisons les élites politiques, médiatiques, intellectuelles, culturelles et du monde de l'enseignement ont-elle accepté si promptement de marcher au pas ?

    Extraits de Décomposition française : comment en est-on arrivé là ?

    En ce qui concerne le volet de « l’Éducation pour une société pluriethnique », le rapport européen précise que « des handicaps importants viennent du système scolaire lui-même : enseignants incapables de s’adapter à des situations pluriculturelles, manuels et programmes véhiculant des préjugés et des messages ethnocentriques ». La solution proposée est d’« encourager des immigrés et des membres des groupes ethniques à entrer dans l’enseignement. Ils serviraient ainsi de modèles aux élèves immigrés ; en outre, ils connaissent mieux que les enseignants autochtones les problèmes des jeunes de ces communautés ainsi que les moyens de les résoudre. Il est très important aussi de faire une plus large place aux relations intercommunautaires dans la formation initiale et continue de tous les enseignants ».

    Au sujet des programmes scolaires : « Il faut tenir compte, dans les politiques d’éducation, du fait que les sociétés européennes vont vers une pluriethnicité croissante. Ce phénomène doit se refléter : non seulement dans la composition ethnique des classes, mais également dans le contenu des programmes. Bref, l’éducation doit devenir plus interculturelle. » Pour y parvenir, plusieurs voies sont suggérées : « s’attacher davantage à l’histoire, à la géographie et à la culture des pays dont sont originaires les immigrés » ; mener « une éducation antiraciste, visant à faire prendre conscience aux élèves des préjugés et croyances racistes qui sont en eux » ; ou encore considérer que « l’éducation interculturelle a pour première mission de donner le sens de la relativité de toutes les cultures ».

    Dès l’époque, des problèmes de convivance sont connus : « Des problèmes pouvant surgir lorsque les pratiques ou les sensibilités religieuses des immigrés sont étrangères ou contraires aux traditions de la société du pays d’accueil, il importe que les gouvernements fassent tout leur possible pour promouvoir le dialogue avec et entre les représentants des différentes religions. » Il est demandé aux États membres de faire preuve d’« une souplesse accrue dans l’application de la législation ou de la coutume des pays européens ».

    En matière de délinquance : « Il arrive d’ailleurs d’ores et déjà que les quartiers défavorisés des villes européennes, où vivent beaucoup d’immigrés, soient le théâtre de violences qui mettent aux prises soit la majorité autochtone et des groupes d’immigrés, soit les immigrés et la police, qui représente l’autorité de la société majoritaire(...) Les flambées de violence, qui peuvent dégénérer en véritables émeutes, restent heureusement rares, mais il est certain que le climat de tension est largement répandu et qu’il faut agir avec détermination pour chercher à réduire les risques que cette situation comporte pour l’avenir. »

    Le rapport observe que, « dans tous les États membres cependant, la délinquance est généralement plus répandue chez ceux qui sont insuffisamment intégrés dans la société [le terme “intégration” désigne ici l’insertion économique]. Or, tel est relativement plus souvent le cas chez les communautés d’immigrés et les groupes ethniques que dans l’ensemble de la population ; rien de surprenant donc que dans ces groupes la délinquance dépasse la moyenne. C’est vrai en particulier pour les jeunes gens issus de certains groupes ethniques ou communautés d’immigrés, mais seulement en ce qui concerne des formes spécifiques de délinquance (délits mineurs, vols, etc.) ». Des mesures préventives sont préconisées, qui consistent à « améliorer les moyens éducatifs et à favoriser l’égalité des chances ».

    Le comportement de la police est abordé, car, « en tant que représentante de l’autorité dans la vie quotidienne, elle polarise souvent l’hostilité des immigrés contre la société en général ; aussi est-il important que ses membres fassent un effort particulier pour s’adapter aux réalités d’une société pluriethnique […]. La démarche la plus efficace peut consister à souligner que la sensibilité à la diversité ethnique et culturelle de la société et le respect de toutes les cultures sont des éléments essentiels du professionnalisme de la police et que, dans le monde d’aujourd’hui, le bon policier est celui qui fait preuve d’ouverture d’esprit, de tolérance et d’une bonne aptitude aux relations interpersonnelles et interculturelles ».

    Dans le rapport, la discrimination positive est rebaptisée « action positive » et elle a un objectif : « favoriser le recrutement d’agents de police issus des communautés d’immigrés et des groupes ethniques. La composition de la police devrait, en effet, refléter la diversité ethnique de la société que ce corps a pour mission de servir. Comme dans les autres secteurs de l’emploi, privé ou public, des programmes d’action positive s’imposent ici ».

    Le système judiciaire est lui aussi concerné : « Un nombre disproportionné de jeunes issus de l’immigration sont souvent en contact avec le système et il est donc très important qu’ils soient traités de manière équitable et non discriminatoire […]. En ce qui concerne le choix des peines, tous les agents du système de justice pénale et de prise en charge devraient veiller à ce qu’il soit tenu compte des spécificités ethniques et culturelle. » 

     

    Catégories : Politique
  • Islamo-gauchisme : beaucoup de bruit pour ne rien changer

    On aurait tort de s'en tenir au seul islamo-gauchisme. En effet, si seule la gauche avait laissé faire, notre société n'en serait pas là. Bien sûr, certains ont été plus actifs que d'autres, mais il n'en demeure pas moins que le refus d'agir et pire encore, le consentement à une multitude de concessions et accommodements a été le fait de beaucoup de monde sur l'échiquier politique. Dresser l'inventaire des conséquences de ces actions délétères demeure un passage obligé pour espérer pouvoir sauver notre société. Sans cet inventaire, il n'y a guère de chance pour que se produise la salutaire prise de conscience prélude au sursaut, puis au redressement national. Je crains que malheureusement, cet inventaire n'ait jamais lieu. En effet, trop d'intérêts sont en jeu. Aussi, les polémiques continueront et, une nouvelle fois, la France sera la principale victime de beaucoup de bruit pour ne surtout rien changer. Business as usual.

    Aujourd'hui, le monde politico-médiatique s'excite et s'agite dans tous les sens. Le but ? Donner le sentiment au peuple déboussolé que l'ampleur du phénomène, et surtout sa gravité, n'ont été découverts qu'à cette heure. Le cynisme à l'état pur.

    Le 21 avril 2014, dans un entretien au Figaro, j'évoquais les graves dysfonctionnements dans les universités. Je rappelais également que le rapport du Haut Conseil à l'Intégration dans lequel je siégeais avait, dès 2013, alerté sur les dérives communautaires qui se produisaient. Quel avait été le destin de ce rapport ? L'État avait refusé de le publier.

    Que s'est-il passé à l'époque de cet entretien, c'est-à-dire quand il était encore temps d'agir avec efficacité ? À part enterrer le rapport du HCI, rien. Aucune action politique digne de ce nom n'est venue conforter le respect des principes républicains. Pire, la plupart des décisions politiques n'ont eu de cesse d'alimenter le communautarisme, de le renforcer. Force est de constater que cela continue.

    Extrait de mon ouvrage Décomposition française :

    “Au HCI, nous étions informés d’un grand nombre de dérives qui se produisaient dans nos universités. Le pouvoir politique et la hiérarchie universitaire ont toujours été informés de tout. (…)”

    “Pour Christian Mestre, doyen de la faculté de droit de Strasbourg, « il y a trop de gens complaisants dans ce milieu, qui n’ont pas envie de faire des vagues ». Les problèmes qui se posent sur le terrain ne sont pas récents. Ils se sont aggravés au fil du temps, répandus à travers le territoire, par la faute des gouvernants, qui ont refusé de les traiter. Lors de nos travaux, au HCI, nous avons été stupéfaits de constater que ces problèmes pouvaient se poser partout, jusqu’au sein des classes préparatoires aux grandes écoles, ce qui tord le cou à la théorie de ceux qui osent encore dire à l’opinion publique que tout ne serait que conséquence de méconnaissance ou encore d’ignorance. De jeunes hommes refusent de passer l’oral avec un professeur femme, ou l’étude de la pensée de philosophes tels que Voltaire ou Thomas d’Aquin y est contestée.

    En 2004, la Conférence des présidents d’université avait déjà été saisie d’un si grand nombre de problèmes qu’elle avait dû élaborer un « guide laïcité et enseignement supérieur » pour aider le personnel à faire face sur le terrain (…)

    Tous les ministres de l’Enseignement supérieur qui se sont succédé depuis plus de dix ans étaient informés ou auraient dû l’être. Il suffit de retrouver leur appréciation sur ce sujet pour connaître ceux qui, avec leurs relais courtisans au sein de la structure, ont préféré adopter la stratégie du « pas de vagues » qu’évoque Christian Mestre. Ce sont nos autruches. C’est bien parce que les problèmes n’ont pas été traités au niveau politique qu’ils n’ont eu de cesse de s’amplifier sur le terrain. Dès 2004, la loi sur les signes religieux aurait dû être étendue à l’enseignement supérieur. Le climat sur les campus aurait été autre.”

    Catégories : Éducation - instruction, Politique
  • Énième plan banlieue, Égalité des chances : France info, l'instant politique

    Vendredi 5 février, j'étais l'invitée de France info pour porter la contradiction à la ministre déléguée à la ville, Nadia Hai, élue de Trappes. Il s'agissait d'évoquer le énième "plan banlieues" présenté la semaine précédente par le Premier ministre Jean Castex. Un nouveau plan Borloo, comme l'a d'emblée évoqué le journaliste Gilles Borstein. Encore des milliards et des milliards déversés et qui ne résoudront en rien la crise majeure dans laquelle la société française s'enfonce, désormais à grande vitesse.

    Je m'exprime à partir de 36'12, mais je vous conseille d'écouter toute l'émission car elle est fort instructive, y compris lorsqu'il est question du voilement des petites filles et des femmes. Ce n'est pas un hasard si j'ai écrit que la question du statut de la femme est la plus importante qui soit. C'est elle qui sépare les cultures.

    Propos introductif de Gilles Borstein : "Bonsoir Malika Sorel. Merci d'avoir patienté. Vous êtes essayiste, ancien membre du Haut Conseil à l'Intégration et vous êtes l'auteur d'un livre assez remarqué, Décomposition française chez Fayard, qui a reçu un prix de la Société des Membres de la Légion d'Honneur. Vous avez écouté la ministre présenter son plan mais vous, vous avez le sentiment que le problème des quartiers n'est pas, comme toujours, un problème d'argent. La ministre est en face de vous, expliquez-lui pourquoi".

    Malika Sorel-Sutter : "C'est un plan qui ne donnera strictement rien comme tous les plans ruineux qui se sont succédé. On nage en pleine hypocrisie parce qu'on ne veut pas dire les choses. On parle de mixité sociale. En réalité, ce n'est pas du tout ça. La problématique, c'est la problématique de la mixité culturelle et donc, de l'intégration culturelle".

    Et le plus important, c'est ce qui suit. Lorsqu'à la toute fin du débat, je dis à la ministre déléguée Nadia Hai qu'en Algérie, nous étions 40 par classe et que cela ne posait pas de problème alors qu'en France, le gouvernement en arrive à 12 élèves par classe, elle ne trouve rien d'autre à répondre que : "Oui, mais, Madame,  l'Algérie n'est pas multiculturelle comme la France" et je lui ai répondu : "justement, les Français refuse le multiculturel."

    Nous sommes donc bien - et je l'ai toujours dit et écrit-, confrontés à une problématique de mixité culturelle et non de "mixité sociale" !

    Revoir l'émission

    Pour Information, extrait de mon article publié chez Atlantico : "Quel crédit accorder au Premier ministre quand il annonce vouloir lutter contre les effets dévastateurs du trafic de drogue, ou au ministre de l'Intérieur lorsqu’il évoque l'existence d'une crise de l'autorité et la nécessité de « stopper l’ensauvagement d’une partie de la société » quand on sait que, dans le même temps, la députée de Trappes, nommée au ministère de la ville, a dû démissionner de son mandat électif pour une raison à peine croyable révélée par le Figaro : son suppléant a été mis en examen fin 2019 dans une enquête portant sur un trafic de stupéfiants entre le Maroc et la France. Preuve que le caractère surréaliste de la situation n’a pas échappé au parti présidentiel, le chef de file des députés LREM, Gilles Le Gendre, a expliqué que cette démission permettait d’“éviter une situation qui aurait pu être embarrassante”, le dit suppléant devant dès lors siéger à l’Assemblée nationale. Qu’une telle situation ait pu se produire sans susciter la moindre réaction de la part des partis politiques d’opposition en dit long sur ce communautarisme allègrement cultivé par les élites alors même qu’elles lui imputent, à raison, la responsabilité de la partition selon le mot de François Hollande, ou du séparatisme selon la formule d’Emmanuel Macron. Des termes différents pour désigner une même réalité, celle d’une décomposition française en marche ou d’une libanisation de la France comme je l’évoquais lors de mon audition par la commission Veil de révision du préambule de la Constitution."

    Catégories : Politique, Revue de presse
  • "Ces deux angles morts majeurs de la loi sur le séparatisme"

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    Malika Sorel-Sutter, prix « Honneur et Patrie » de la Société des membres de la Légion d’Honneur pour « Décomposition française » (Fayard) et ancien membre du Haut Conseil à l’Intégration, analyse les faiblesses du projet de loi sur le « séparatisme ».

    Le projet de loi confortant le respect des principes de la République comporte quelques mesures intéressantes, notamment celles qui ont pour objet un meilleur contrôle des associations. En vérité, la question à l’aune de laquelle doit être jugé le projet de loi confortant les principes de la République est de savoir si son application aurait pu éviter « les tensions observées dans la société française et susceptibles de menacer l’unité de la Nation », selon les termes de l’avis rendu par le Conseil d’État.

    DES ANGLES MORTS

    Or ce projet de loi laisse de côté deux points majeurs qui participent à sculpter les contours du séparatisme. Le premier a trait à la hiérarchie entre la loi des hommes et les commandements religieux dans la gestion des affaires de la cité. C’est là que réside la véritable scission entre les sociétés laïques et celles qui ne le sont pas, et c’est pourquoi le président égyptien Al-Sissi, lors de sa venue en France, a déclaré que « les valeurs religieuses doivent avoir la suprématie sur les valeurs humaines. » L’Égypte, parce qu’elle abrite l’institution Al-Azhar qui rappelle ce qui doit être, occupe un rang particulier aux yeux de la rue musulmane. En France, 57 % des jeunes musulmans pensent que la charia est plus importante que la République (Ifop, nov. 2020). Pourtant, dans ce projet de loi, aucune mention du rôle que les parents doivent jouer. Or nous savons à quel point la période de la toute petite enfance, au travers des liens précoces, joue un rôle déterminant dans le processus d’apprentissage des normes et connaissances.

    Le deuxième point, c’est la perception du corps de la femme dont découle, en bonne part, son statut. Comme l’avait identifié Emmanuel Todd dans Le destin des immigrés, « le statut de la femme, bas ou élevé, est essentiel car il définit en lui-même un aspect de l’existence sur lequel les peuples ne sont guère prêts à transiger ». Nous sommes là au cœur de la problématique de l’identité. Comme le précise le chef de l’État aux Mureaux, où il expose sa stratégie qui « tourne autour de cinq piliers principaux » – allusion manifeste aux cinq piliers de l’Islam –, une série de « dérives se sont produites » de la part d’« agents qui exercent des services délégués par la commune, par le département, par l'État ; et donc qui portent ces signes dans le cadre de leurs missions. » Le projet de loi s’ouvre sur l’extension de l’obligation de neutralité à toute entité chargée de l’exécution d’un service public. L’accompagnement des sorties scolaires par les parents n’étant pas mentionné, il est légitime d’en déduire que ces sorties sortent désormais du cadre du service public de l’Éducation nationale. Il convient donc de les retirer de la scolarité.

    "Dans ce projet de loi, pas un traître mot sur l’immigration, hormis une mention relative aux polygames"

    Dans son discours aux Mureaux, le Président a parlé de la « concentration de populations souvent en fonction de leurs origines, de leurs milieux sociaux. » Aussi, le projet de loi comporte des « dispositions relatives à la mixité sociale dans les logements » pour retirer aux maires certaines prérogatives au profit du gouvernement, habilité à intervenir par ordonnances. C’est le durcissement de la loi SRU de décembre 2000. Comment une telle situation, devenue insoluble, a-t-elle bien pu advenir alors même que les conséquences des flux migratoires sont parfaitement connues depuis 40 ans ? En témoignent les propos de 1981 de Georges Marchais, secrétaire général du Parti communiste. Il évoquait « les charges d’aide sociale nécessaires qui deviennent insupportables pour les budgets des communes », et des « familles aux traditions, aux langues, aux façons de vivre différentes », rendant « difficiles leurs relations avec les Français. » Sa proposition ? « Stopper l’immigration officielle et clandestine. » Or, dans ce projet de loi, pas un traître mot sur l’immigration, hormis une mention relative aux polygames.

    ABANDON DE L'ASSIMILATION

    Reprenant à son compte l’antienne selon laquelle la provenance des fonds qui financent les cultes constitue l’alpha et l’omega, le Président expose son stratagème : renforcer le contrôle des associations à activités cultuelles ayant fait le choix du régime prévu par la loi 1901, afin de les faire « basculer vers le régime prévu par la loi de 1905, à la fois plus avantageuse fiscalement et davantage contrôlée sur les plans des financements venant de l'étranger ». Lorsque les financements seront devenus entièrement locaux, et même en partie publics grâce à d’avantageuses exemptions fiscales, les Français constateront que le problème demeure entier. Le vœu du Président trouve sa traduction dans le titre II du projet de loi. Les dits avantages sont nombreux : pas de droits de mutation sur les donations et legs, exonération de la taxe foncière pour les édifices de culte, forte réduction d’impôt sur les dons des particuliers, possibilité pour l’État et les communes de garantir des emprunts et d’octroyer des baux emphytéotiques au loyer symbolique. À noter qu’un certain nombre de ces libéralités ont été introduites par la loi du 23 juillet 1987 sur le mécénat. Peut-on, en toute honnêteté, persister à parler de « neutralité de l’État » ?

    "Le Président n’en serait pas à parler « séparatisme », si l’État avait respecté le Code civil qui posait l’assimilation comme prérequis à toute attribution de la citoyenneté"

    Comment en est-on arrivé là ? Au fil du temps, les principes fondamentaux de la République sont devenus des variables d’ajustement, l’évolution de la démographie électorale dictant aux politiques leurs actions et décisions. Le Président n’en serait pas à parler « séparatisme » ni, avant lui, François Hollande de « partition », si l’État – hauts fonctionnaires et élites politiques nationales indubitablement associés dans cette affaire – avait respecté le Code civil qui posait l’assimilation comme prérequis à toute attribution de la citoyenneté. Ce projet de loi laissant soigneusement de côté cette clé de voûte de la nation prépare, sans l’ombre d’un doute, une loi stérile.

    En s’amputant de sa capacité à agir dans le respect du seul intérêt général, qui plus est lorsqu’il s’agit de cohésion nationale, les élites se sont dépossédées de l’indispensable légitimité sans laquelle gouverner en démocratie devient impossible. Ernest Renan, dont j’ai souvent cité le brillant discours sur la nation, aura oublié un élément de taille. Pour que le culte des ancêtres soit « de tous le plus légitime », il y faut des conditions : quel « passé héroïque », et quelle « gloire » ?

    Lorsque Marc Bloch proclame « la France, la patrie dont je ne saurais déraciner mon cœur… j’ai bu aux sources de sa culture. J’ai fait mien son passé… », et mieux encore : « je me suis efforcé, à mon tour, de la défendre de mon mieux », il définit ce qu’être Français signifie, et trace assurément les lignes du véritable séparatisme, lequel transcende l’ethnie et la race. Dans ce portrait esquissé par Marc Bloch, on serait bien en peine de reconnaître les traits de ceux qui, à l’instar de certaines élites, font le procès de la France, accablent son passé, exigent qu’elle fasse repentance et nourrissent ainsi contre elle, jour après jour, le ressentiment d'une part des enfants de l’immigration.

    Catégories : Éducation - instruction, Identité, Immigration, Insertion - intégration, Politique, Revue de presse